Lost Horses

Édition DVD, 2012

Printemps 2012. Quatre étudiants et trois enseignants de l’École Supérieure d’Art de Clermont-Métropole partent pour Marfa, dans l’ouest du Texas. Sur les traces de Donald Judd. Motivé à la fois par la présence à Marfa d’artistes en résidence, par l’existence des fondations Judd et Chinati, ce premier séjour dans cette région est aussi — surtout ? — animé du désir de partager l’expérience du désert.

C’est une équipe de recherche qui se retrouve là, sillonnant la région des heures et des jours durant, dans une voiture devenue laboratoire mobile, d’El Paso à Big Bend State Park, de Fort Davis à Candelaria, de Pinto Canyon Ranch à White Sands, Nouveau Mexique. Chacun est là pour poursuivre et nourrir son propre travail ; pour tenter de concrétiser un projet. Chacun mesure aussi combien la rudesse du pays, la puissance des paysages, sont à même de le tenir en échec — mais cette sorte d’échec qui vaut plus qu’une réussite, car les choses s’en trouvent profondément déplacées, rétablies dans leurs rapports d’échelle et de force. Ces projets constituent l’amorce d’un projet collectif qui s’impose bientôt : un film.

Pas un film documentaire, ni même un récit de voyage : plutôt une forme de recherche — une forme en recherche. Un film tourné dans une région vue et vécue dans le long travelling avant de la route et de la marche. Un film qui restitue moins le déroulé objectif des événements qu’il ne s’offre comme un partage d’intensités. Un film sur, dans, des paysages déjà cinématographiques. Un film nourri de cette ambivalence entre le sentiment de « déjà vu », l’imaginaire collectif que le cinéma, justement, a contribué à façonner, et l’expérience vécue, le choc du retour sur soi qu’impose le désert. Sur les traces de Donald Judd, c’est peut-être d’abord à la recherche d’eux-mêmes qu’ils sont partis.

Cédric Loire