——–Fabriques

Les Fabriques, véritables espaces de production et d’apprentissage mutuels, sont au cœur de l’organisation pédagogique de l’ÉSACM. Fondées sur un principe de construction partagées, elles réunissent tout au long de l’année universitaire des groupes d’étudiant·es de la 1re à la 5e année, des enseignant·es et des intervenant·es invité·es.

Au nombre de cinq, les Fabriques sont fédérées par un groupe d’enseignant·es initiant un territoire de questions identifiées et formulées collégialement qui, durant l’année, évolue et se nourrit des réflexions partagées, des rencontres, des expériences et des travaux des étudiant·es. Favorisant l’interdisciplinarité, les glissements entre les médiums, les approches théoriques et pratiques, et les situations de co-enseignement, les Fabriques offrent des cadres de travail multiples qui optimisent les conditions d’émergence progressive du projet personnel des étudiant·es.

À la rentrée, chaque étudiant·e émet trois vœux de Fabrique qu’il·elle souhaite rejoindre pour

l’année. La répartition dans les Fabriques est établie par le responsable des études en concertation avec les enseignant·es coordinateur·rices d’année, en prenant en compte autant que possible le 1er choix de l’étudiant·e tout en veillant à composer des groupes mêlant les années de façon proportionnée. 

Les groupes des Fabriques se réunissent un mardi sur trois. Ce rythme est ponctué par deux sessions de cinq jours en octobre et février puis une de trois jours en mai afin de permettre des temps de travail plus intenses et continus.

Cécile MONTEIRO-BRAZ, Anthony POIRAUDEAU, Clara PULEIO, Vincent WEBER

Objectifs
Au moyen des contenus et gestes mis en jeu dans la Fabrique, permettre aux étudiant·es de fréquenter et d’interroger nos voisinages animaux. Tâcher de se saisir de ce qu’on fabrique déjà sinon (de ce que l’on) pourrait développer en présence des animaux, de leurs déplacements, de leurs communautés, de leurs territoires. Chercher des contacts, des dialogues ; peut-être des métamorphoses. S’ouvrir à d’autres manières d’être et de faire en leur compagnie, quelle qu’elle soit.  Frayer une voie. Accélérer ou ralentir. S’arrêter. Observer. Se cacher ou apparaître. S’envoler parfois quitte à plonger ensuite.

Contenu
« Un bœuf, un renard, un lynx, une chatte, une couleuvre, une sauterelle, une huppe : ici, il le faut bien, la liste s’ouvre, la liste nécessairement éperdue des noms et des formes du monde animal ou plutôt des mondes animaux […].

Voler,

        nager,

                marcher,

                        sauter ou sautiller,

                                courir,

                                        fouailler,

                                                ruminer,

                                                        boire,

                                                                ramper,

                                                                        crier,

                                                                                feuler :

                                                                                        les verbes qui sont en propre ceux du règne animal désignent des mouvements ou des actions : à travers eux, on peut déjà voir les formes, un phrasé infini de formes, naître et se déployer. »

Jean-Christophe Bailly, Le parti-pris des animaux, Paris, Christian Bourgois, 2013

Que fabrique-t-on en compagnie des animaux et à leur voisinage ?

Les animaux n’ont pas seulement et très abondamment été représentés dans la peinture, la littérature, le cinéma, le dessin et l’ensemble des arts. Ils ne peuplent pas seulement notre imaginaire, comme autant de figures d’altérité ou de symboles dans lesquels les humains se reconnaissent. Ils existent d’abord dans une présence réelle, dans des vies qui leurs sont propres, et ils habitent d’une infinie variété de manières des territoires que les humains ont généralement façonnés et aménagés pour eux-mêmes sans grande considération pour les besoins et les usages de leurs autres occupants.

Comment cette présence d’animaux, plus ou moins à portée de regard, peut-elle intervenir dans la fabrication de formes esthétiques ? Il s’agira déjà d’observer : d’observer la présence de représentations animales dans l’art, le cinéma, la littérature, d’observer aussi les objets qui portent ces représentations. Il s’agira également d’observer les animaux eux-mêmes, proches ou plus lointains, de porter un regard et une écoute attentifs aux façons dont ils bougent, apparaissent et se cachent, aux façons dont ils se déplacent, bruissent et habitent des territoires, aux façons dont ils regardent et font société. Et ce faisant d’élargir notre regard, et peut-être de tirer de la découverte de ces manières d’être animales, de possibles autres façons de faire, d’autres gestes artistiques possibles.

Méthode
Alternance de temps de travail collectifs et individuels.

Évaluation
Assiduité, participation et engagement dans la vie de la fabrique (1A>5A).

Curiosité et initiative ; compréhension des enjeux de la fabrique ; richesse des expérimentations et qualité des réalisations (1A).

Capacité à ouvrir et articuler les enjeux de la fabrique à sa recherche personnelle tant théorique que plastique ; pertinence des propositions et qualité des réalisations (2A>3A).

Regard critique étayé en lien avec les enjeux de la fabrique et articulation au projet personnel ; qualité des réalisations (4A>5A).

 

Bibliographie / Filmographie / Références

AILLAUD, Gilles, L’Encyclopédie de tous les animaux y compris les minéraux, Tome II et IV en particulier, Paris, Atelier Bordas, 1988-2000
AILLAUD, Gilles, Le tout venant, Collection Paquebot, Paris, Atelier Bordas, 1998

BAILLY, Jean-Christophe, L’oiseau Nyiro, Genève, La Dogana, 1991

BAILLY, Jean-Christophe, Le Versant animal, Paris, Bayard, 2007

BAILLY, Jean-Christophe, Le Parti pris des animaux, Paris, Christian Bourgois, 2013
BARATAY, Éric Le point de vue animal : une autre version de l’histoire, Paris, Seuil, 2012
BERGER, John, Pourquoi regarder les animaux ? (2009), Genève, Héros-Limite, coll. Feuilles d’herbe, 2011
DESPRET, Vinciane, Que diraient les animaux si… ont leur posait les bonnes questions ? Paris, La Découverte/Les Empêcheurs de penser en rond, 2012
FARALDO, Claude, Themroc, France, 1973, 110 minutes

FISCHLI et WEISS, le rat et l’ours : La moindre résistance (1980-81) 30min et Le droit chemin (1982-83) 55min
GERNER Jochen, Oiseaux, Paris, B42, 2021

HARAWAY Donna, Manifeste des espèces compagnes (2003), Paris, Climats département des éd. Flammarion, 2018
MACÉ, Marielle, Une pluie d’oiseaux, Paris, José Corti, coll. Biophilia, 2022
MARTIN, Nastassja, Croire aux fauves, Paris, Verticales, 2019
MELLIER, Fanette, Le Papillon imprimeur, Strasbourg, éditions du Livre, 2016
MOUAWAD, Wajdi, Anima, Arles, Actes Sud, 2012
RIVERS, Ben, Now, at last, Royaume-Uni, Brésil, 39 min, 2018
SIMON, Anne, Une bête entre les lignes : essai de zoopoétique, Marseille, Wildproject, 2021
SPIEGELMAN, Art, Maus, L’intégrale, Paris, Flammarion, 2019
VON UEXKÜLL, Jakob, Milieu animal et milieu humain, Paris, Rivages, 2010