Crys Aslanian

Elle / Ælle

Vit et travail entre Paris et Clermont-Ferrand.

Je suis plasticienne sonore et artiste-doctorante spécialisée dans la création radiophonique en direct. Avec Aurélia Nardini, j’ai co-fondé en 2017 rΔΔdio cΔΔrgo, ensemble nous avons porté des projets comme l’Eau Argenté (Longueurs d’Ondes 2020) ou Chanson de Toile avec La Pulpe (Biennale Chroniques en 2022). Avec la Coopérative de Recherche, j’ai travaillé en 2021 avec Carin Klonovski, Léticia Chanlieau et Marion Balac pour accompagner le projet de création Rôle-Vampire de l’artiste Arnaud Dezoteux. Porté par la professeur d’enseignement artistique Clémence Angez, Rôle-Vampire s’intéressait à la porosité entre jeu de rôle grandeur nature et réalisation de film, entre jouer à un jeu et jouer la comédie.

I – CΔRE OBSCUR

Mon axe principal de recherche est une série de gestes regroupés sous le titre de Care Obscur. Dans la continuité de mon travail de thèse, Care Obscur, s’intéresse à la réappropriation et à la profanation de processus de création dans le but de manifester et surtout de rendre “jouables” des zones sensibles et parfois douloureuses que l’on trouvent en chacun·e de nous, mais aussi entre chacun·e de nous: la vulnérabilité, l’incertitude, l’impuissance. Care Obscur est une recherche qui prend à coeur l’idée que lorsque l’on ne parvient pas à renverser les pouvoirs qui nous oppressent, nous pouvons toujours en renverser les effets que ces pouvoirs ont sur nous-même. Loin de s’imaginer comme une série de pratiques thérapeutiques, cette recherche est avant tout une recherche autour de la joie qui cherche aussi où se trouve le libidinal et le ludique derrière chaque intention créative. Care Obscur place ainsi la notion de production et de réalisation au second plan, c’est-à-dire que ce qui est produit n’a souvent pas d’autre adresse que le collectif ou la personne elle-même au moment où elle est en train de le produire. Le résultat opère ainsi plus comme un produit dérivé d’un processus que comme une oeuvre à part entière.

Comment les processus créatifs permettent d’augmenter la communication que nous créons en nous-même mais aussi celle qui procède à l’intérieur d’un collectif?

Par quel processus parvenons-nous à nommer, c’est-à-dire à faire-prise avec ce qui entrave nos émancipations collectives et/ou individuelles ?

Quelles esthétiques résultent de ces processus? Comment analyser et théoriser à la suite de ces expériences ?

Entre les pratiques rituelles des sorcières éco-féministes comme Starhawk, les approches de recherches situées et collectives théorisées par Donna Haraway, ou les modes de composition de Pauline Oliveros, Care Obscur explore la création radiophonique, les ateliers d’écriture, la performance poétique, les jeux de rôle mais aussi des approches liées au textiles et aux danses érotiques.

Je souhaite pour cette année prendre le temps de finaliser, remixer et archiver ses différents travaux et expérimentation qui ont pris place entre 2021 et 2023 en direction d’une conférence.

 

1) (( ))

Je participe au groupe de recherche (( )) avec Enrico Floriddia et Sarah Netter où nous formulons des invitations à des pratiques collectives. Dans ce cadre, ma recherche se focalise sur la capacité d’un collectif à “tracer le cercle”, dans le sens que lui donne Isabelle Stengers, c’est-à-dire de créer un espace temporairement clos afin d’y récupérer du pouvoir sur lui-même et sur celleux qui y participe à travers une série de workshop:

(( )) #1 : Les Mots, l’Amour, les Sorts, le plateau-radio comme pratique de faire-monde avec la professeur d’enseignement artistique Nelly Arnaud

(( )) #2 : Faire Collectif – Récits et Pratiques, c’est une fois qu’on s’est débarrassées du chef que les choses sérieuses commencent, avec l’autrice de jeu de rôle Melville Tilh-Pluñvenn et Anna-Célestine Barthelemy du collectif Chez Mamie

(( )) #3 : Écriture Collective et Style Personnel selon Ursula LeGuin, avec la poétesse-chercheuse Héloïse Brezillon A.K.A. Gingko sur une invitation d’Anthony Poiraudeau

(( )) #4 : Broken Vixen Club, Danse exotique, textile et JDR avec les artistes-plasticiennes Sabrina Calvo et Diane Réa en partenariat avec le Lieux-Dits.

 

2) Les playlist dont vous êtes læ protagonistes.

Les playlists dont vous êtes læ protagonistes, est un projet de recherche menée à l’ESACM, qui interroge les possibilités de narration partagée et d’immersion à l’écoute radiophonique. Les playslists dont vous êtes læ protagoniste sont des narrations guidées par la voix d’une narratrice qui raconte une histoire à travers une série de morceaux de musique. Entre MJ de jeu de rôle et DJ de radio, le creux de sa voix et ses interventions régulières servent de boussole comme de carte dans ces histoires à co-créer par l’écoute. Les playlists invitent les auditeur·ices à vivre l’histoire à la première personne ainsi qu’à imaginer activement une partie de l’aventure et du monde dans lequel elle se produit. Ce projet est réalisé en partenariat avec Radio Tikka et sous le tutorat de l’autrice de SFFF luvan.

SnakeDance & CatWalk, playlist d’un cabaret dont vous êtes læ protagoniste

Engine Rédemption, playlist d’une amnésie dont vous êtes læ protagoniste

– Love is to die, playlist d’un clair-obscur dont vous êtes læ protagoniste (en cours d’écriture)

 

3) Trans~Pirations

Les Trans~Pirations sont une série de poèmes en cours d’écriture, réalisé dans le cadre du cabaret littéraire Mange Tes Mots. Les Trans~Pirations parlent de transidentité, de traumas d’enfance, de vie d’adultes et d’euphorie de genre.
Comment les traumas et les euphories affectent nos constructions?
Comment par le geste scénique et par la tendresse de l’écoute, la scène devient-elle n’ont plus un espace de catharcis mais un espace d’attachement dans lequel la poétesse émet autant qu’elle inclut, faisant du public un complice qu’il est autant nécessaire d’exciter que de laisser résonner émotionnellement à travers elle:

– Souviens-Moi l’Été Dernier, ou comment les Princes deviennent Maléfique à l’Aurore

– Blair Bitch Project, vie et mort d’une masculinité sur l’air d’Everytime de Britney Spears

– DΣ$ΔRM, romance Twilight-Transbienne OKLM

– Boulgour~Alligator~Appendicite~Porte d’Or, stand up trauma-poétique sur les violences médicales faites aux enfants

– As Icepeak, knife play et transplaning pour lame-monarque

– BitchCraft, déclaration d’amour et d’humus

 

II – MIX

Depuis 2021, je collabore régulièrement avec la poétesse-doctorante en création littéraire Héloïse Brezillon sous différentes formes d’ateliers d’écriture, performances sonores ou création radiophonique.

Pour ma sortie de la Coopérative de Recherche, nous souhaitons travailler ensemble sur le projet MIX, qui est une performance tech-poétique dans la continuité de nos expérimentations radiophoniques. L’histoire de MIX suit un personnage retraversant chaque époque de sa vie sous substance à l’aide d’une machine à remonter le temps absurde, inspirée du pianocktail de Boris Vian à la sauce techno-queer. Chaque souvenir a une texture, un goût, une essence, un degré : la machine distille un alcool à partir des souvenirs. En buvant une gorgée du liquide distillé par la machine, le personnage se transporte dans ses fièvres nocturnes passées, à la recherche d’une réponse pour se réparer.

Le texte s’articule autour du motif esthétique du temps et conçoit la nuit comme un espace de survie atemporel dans lequel se joue toute une société de la violence, un lieu immortel pour ne pas mourir. Lorsqu’une personne subit un traumatisme très violent, l’amygdale, la partie du cerveau responsable de la gestion de la peur, sécrète une dose si forte d’adrénaline qu’elle en devient toxique, risquant de provoquer crise d’épilepsie, infarctus ou arrêt cérébral. Pour prévenir cette possible mort, le cerveau envoie un cocktail d’endorphine très puissant qui déconnecte l’amygdale du circuit limbique, le circuit responsable d’intégrer les événements vécus à la mémoire. Une mémoire de « secours » se met en place, une mémoire sensorielle et anhistorique. Il est ensuite fréquent que les personnes atteintes de PTSD (syndrome de stress post-traumatique) se tournent vers les substances addictives et la fête comme moyen de revivre encore et encore le shot d’endorphine qui les a empêchées de mourir. Ce sont ces mécanismes qu’exploreront le livre, sans tomber dans une diabolisation du milieu de la nuit puisque la fête est aussi un lieu de prendre soin de nos vécus traumatiques.

– MIX est un dispositif science-fictionnel à la croisée entre récit imaginaire, recueil de poésie et performance.

– MIX explore la fête, les substances et l’addiction comme stratégies d’adaptation au vécu traumatique.

– MIX est une machine à remonter le fil de ses nuits pour, peut-être, y trouver des réponses à la violence.

– MIX est de l’auto-science-fiction.