Louise Thomas

Il y a ce qui disparaît, il y a le passé, et il y a un récit.
Aussi je me remémore.
Il y a ce bar dont je mime le souvenir, partiel, en perpétuel changement, allant vers sa disparition.
Seule image physique de ce lieu: un mémo, dessin étrange sur un papier qui commence à être retaillé.
Il y a ce tampon en caoutchouc dont je cherche à comprendre l’effacement du motif, sa raison d’être.
J’observe et je constate ensuite:
À chaque date marquante son défilé, avec drapeaux, pompiers et trompettes, 
mais de quoi doit-on se souvenir? 
Je marche, puis au fil de ma promenade je ramasse des objets par terre qui constitueront ma collection.
Ce sont des fragments de vies entourés d’un vide qui ne demande qu’à être comblé.
Je veux garder en tête, toujours au plus près de moi, chaque fragment ramassé.
Alors je dessine, du croquis d’observation au trait de mémoire.
Mais que faire lorsque la patine d’un bronze s’estompe ?
Doit-on garder le moule ou la sculpture, l’usine ou bien la tuile?