Le diamant touche une plage

Spectacle du groupe de recherche Robinson, 2015

Ce programme de Recherche commence en 2013-2014 avec Robinson (Vendredi) et continue en 2014-2015 avec Vendredi (Robinson). Il s’articule autour du roman Robin­son Crusoé de Daniel Defoe, publié en 1719.
Il s’agit de travailler autour des aspects métaphoriques, mythologiques, fictionnels et conceptuels du roman. Nous avions pour objectif d’essayer de décrypter la figure de Robinson, puis de comprendre les relations qu’entretiennent Robinson et Vendredi, d’en imaginer de nouvelles, tout en les déplaçant. Qu’est-ce qui dans ce rapport ambi­gu à l’autre fait encore sens aujourd’hui, qui plus est au sein d’une recherche collective, dans une école d’art?

Plusieurs questions sont posées, comme l’articulation entre ce héros et sa figure contemporaine, l’analogie possible de Robinson comme chercheur. Comment évoquer les conditions de la rencontre avec cet autre qu’est Vendredi, matière sauvage d’un sa­voir lointain s’infiltrant peu à peu dans Robinson.

Cette deuxième étape où Robinson rencontre Vendredi, est l’objet de cette séance au­jourd’hui, qui donne lieu à un « spectacle de la recherche ». Tout au long de cette année, nous avons rencontré ces deux personnages autour d’une table alors qu’ils s’étaient déjà rencontrés au XVIIème siècle sur une plage de la «Des­pair Island», l’Ile du Désespoir.
Ce fut pour nous la découverte de nouvelles promesses temporelles et géographiques. La table de recherche devint alors notre Ile du Désespoir autour de laquelle gravitèrent les propositions qui tentaient de restituer les figures de Vendredi et Robinson aujourd’hui.

Une aventure qui se déroule autour d’une table.
Cette table est devenue notre île mais aussi notre radeau car tout a toujours tourné autour d’elle (de lui) : discuter, échanger, écrire mais aussi manger et boire.

Cette année, Vendredi a mangé Robinson. Il est celui qui apporta la chair de l’ailleurs, il fut le lointain qui perturba le présent. Robinson effrayé par la peur d’être mangé, téta­nisé par la figure de l’autre, le rejeta tout en s’immobilisant.
Cette année, Vendredi a cannibalisé Robinson.
Destructurée par d’incessants allers et retours, visuels, épistolaires, réels, notre re­cherche s’est construite page par page, mail par mail, jour après jour. A la fois par ses singularités et comme volonté collective, elle est attaquée de tout côté par un Vendredi sauvage, combattant et refusant la forme comme fixation du présent. Nous avons pu voir, à certains instants, émerger et remonter à la surface une épave.

La recherche fut alors pensée comme cette épave émergeant des flots du temps passé, visible par instant, perturbant le présent, le scindant en plusieurs temps, introduisant en lui une essentielle hétérogénéité. Voilà comment c’est arrivé…

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