Le groupe de recherche Léviathan invite Alia Benabdellah :
La musique techno est née dans la communauté noire de Détroit aux États-Unis, au début des années 1980, d’une fusion entre le funk et les musiques électroniques européennes. Cette conférence s’intéresse à la ville de Détroit, à la communauté noire américaine de la plus grande ville noire des États-Unis et à ce style de musique électronique qui a rapidement obtenu une audience mondiale au point d’influencer de nombreuses musiques populaires contemporaines. Pourtant dans l’imaginaire collectif, la techno est peu associée à la communauté noire américaine. Parce qu’elle n’utilise que peu de codes classiquement à l’œuvre dans les musiques noires américaines et que la maîtrise des technologies est généralement perçue comme l’affaire de la communauté blanche occidentale, la techno semble être dans l’imaginaire collectif une musique plus blanche que noire. Est-ce pour cela que les amateurs situent son origine à Berlin plutôt qu’à Détroit ? Que signifie, au fond, cette méprise ? Nous reviendrons donc à Détroit, aux sources de la techno, pour comprendre ces contradictions, montrer la manière dont la techno est attachée à la ville et voir comment matière musicale et matière urbaine interagissent dans cette ville, marquée par le déclin économique et la ségrégation raciale sans que sa force créative ne semble céder.
Alia Benabdellah est titulaire d’un master de communication culturelle, et spécialiste de l’étude des musiques noires américaines. Doctorante en géographie humaine à l’université Bordeaux Montaigne sous la direction d’Yves Raibaud, elle travaille sur les racines noires de la techno de Détroit. Elle est intervenue dans plusieurs conférences aux États-Unis, au Canada et en France, et s’est rendue à de nombreuses reprises à Détroit où elle a entrepris un long travail de terrain, notamment grâce à une bourse Fulbright. Alia a contribué à plusieurs publications scientifiques et médiatiques comme le catalogue de la Biennale du Design de St Étienne, et celui de l’exposition Night Fever au musée Vitra. Entre matières sonores et matières urbaines, Alia nous invite dans un voyage musical où nous rendons visite aux racines de la musique techno.