Anaïs Tison

 

Appréhender le sensible, lui faire face et tenter d’en accueillir les ressorts. Par quelles mécaniques notre affect est depuis l’originedes temps touché par ce que nos scientifiques tentent aujourd’hui d’agencer, de rationaliser, sans cesse et sans fin.
Comment l’erreur produit de l’inattendu, non pas à mettre au rebut, mais à considérer comme possible processus créatif en soi, indépendant. La poésie ne se situe-t-elle pas justement dans cet écart entre maitrise, rigueur de l’approche scientifique et l’inexprimable de l’empirisme ? L’humain, dans sa recherche de la technique n’a été qu’un spectateur médusé devant des forces auxquelles il ne peut que se soumettre, lui qui tente de tout maîtriser.
Comment tenter de réapprendre à observer, être touché dans son fort intérieur sans chercher à comprendre, retrouver ce vertige qu’offre l’observation du développement de toute vie biologique, chimique, géologique etc… Le travail artistique permet l’incursion de cette poésie, dans des processus volontairement non maîtrisés, où le développement de la forme n’est pas contrainte,mais accompagnée. Ici, les erreurs n’en sont pas, les distinctions abolies. Au-delà de l’enfermement, de la mise sous cloche stérile, c’est l’isolement de ces micro-processus qui dénote chez Anaïs Tison, d’une lente attente d’émerveillements, d’étonnements.
Au fond, c’est la recherche de l’aspect transcendantal du sublime qui est ici en jeu.

Antoine Barrot