Caroline Romain

Si un lieu est une portion d’espace déterminé, alors, au contraire, il devrait exister des portions d’espaces indéterminés. On les appellerait alors, d’une manière logique, des non-lieux. Ils n’auraient pas de matérialité propre, ni de forme particulière. Ils seraient des masses mouvantes qui apparaissent, disparaissent, reculent et se fondent dans le décor.
Ils seraient invisibles, cachés, délaissés, traversés. Jamais vraiment habités. Ils seraient en bord de, en marge de. Ou bien ils seraient fabriqués. Inventés. Ils seraient aussi vivants, en attente de passage. Ils auraient en eux le désir de garder des traces, des êtres, des sensations, des émotions. Ces non-lieux rendraient alors complexe notre vision du paysage. Comment, où et quand se situerait le passage qui permettrait de basculer des lieux aux non-lieux? (…)