Partant de l’intérêt renouvelé pour l’art contemporain d’Afrique, depuis Clermont-Ferrand en lien avec Cotonou et Ouagadougou, Figures de transition est composé par Jacques Malgorn (artiste, chercheur associé à la Coopérative), J. Emil Sennewald (critique et philosophe enseignant à l’ÉSACM), Camille Varenne (artiste et chercheuse associée à la Coopérative) et Enrico Floriddia (artiste et chercheur à la coopérative), en collaboration étroite avec Farah Clémentine Dramani Issifou (film curator, chercheuse et critique indépendante) et Dao Sada (scénographe et curateur).
En nous situant à la confluence des pratiques des artistes dont le désir est de devenir auteur·e de leur propre image, nous considérons que la « contemporanéité » de l’art produit immobilisme, impasses et reproduit les asymétries sociétales et politiques par lesquelles elle a été instaurée. Notre recherche par l’art se concrétise par l’édition séquentielle Epokä : une édition collaborative et évolutive dans laquelle, d’un cahier à l’autre et suite à des rencontres et échanges, chaque contribution peut être reprise, commentée, élargie ou transformée. Ainsi, c’est l’objet, ses formes et ses conséquences qui induit les recherches et non pas l’inverse : nous ne produisons pas d’actes de recherche, mais nous mettons en action nos interrogations. Sous le titre « Être exposé – s’exposer », Epokä questionne les conditions sous lesquelles l’exposition fait exister l’art, en particulier dans l’espace afro-européen.
En étant sensible à la mise en jeu opérée par l’exposition et aux enjeux de traductions, transformations et transitions, nous interrogeons les démarches de pacification et de réconciliation des expositions qui tentent de camoufler un impérialisme postcolonial. À l’inverse de la condescendance, Epokä propose de déconstruire les politiques de lissage, de renoncer à la conception d’un point de vue neutre, situé nulle part, pour au contraire identifier les terrains hybrides où l’être ensemble se réinvente par un point de départ résolument subjectif et singulier. Visant un art en devenir, nous cherchons un terrain partagé – celui du vécu, du vivant, de l’action – par des rencontres, discussions, critiques.