L’intercalaire

Dans le cadre des « espaces des paysages », le programme L’Intercalaire a exploré la notion de « latence ». Une période de latence est un délai entre une action et le déclenchement d’une réaction, un laps de temps diffus qui s’intercale entre deux moments. Il n’est pas réellement quantifiable, ni définissable, il peut exister en éveil, en sommeil, dans des moments de détente ou d’ennui, de lecture, de promenades… Cependant, sa finalité est la concrétisation de quelque chose, que ça soit un geste, une pensée ou une mise en forme. Cette notion a été expérimentée à travers deux déplacements, deux destinations différentes amenées à dialoguer l’une avec l’autre : le cadre sauvage des Îles d’Aran et la Grande Motte, hors-saison.

Le groupe de recherche L’intercalaire s’est formé en juin 2014 à l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole. À partir d’octobre 2014 il fait appel à des antennes, des chercheurs associés, pour nourrir l’objet de sa recherche : la latence. Le groupe est aujourd’hui constitué de quatorze personnes.
C’est suite à la lecture de Vermilion Sands de J-G Ballard que la latence est devenue l’objet de notre recherche. Dans ce recueil de nouvelles, Ballard définit une période de dix années de dépression mondiale, d’ennui léthargique et de chaleur estivale : l’intercalaire. Cette période, présente d’une manière ou d’une autre dans chaque nouvelle, renvoie à une notion de laps de temps diffus, où poètes, musiciens, architectes, sculpteurs de nuages, peuplent une station balnéaire imaginaire et se posent la question de la transmission à travers des corps et des gestes différents dans un temps immobile.
Pour aborder cette notion immatérielle et travailler dans, sur et avec cet interstice, nous avons effectué deux voyages sur deux sites distincts. Aux îles d’Aran à l’automne 2014 et à La Grande Motte en février 2015, avec en écho la mélancolie d’arrière-saison de Vermilion Sands.
Ces deux espaces en opposition, une île plane et sauvage, un espace architectural et balnéaire, nous sont apparus comme deux espaces vacants, en attente. Nous y sommes partis sans outils de captation. Pensés ainsi comme des moments de latence, ces voyages ont constitué une mémoire commune du paysage qui, depuis, imprègne à long terme un ensemble de formes discrètes. Ces formes, pensées collectivement, sont tour à tour des manières de convoquer cette expérience à travers l’écrit ou la parole, à travers des captations sonores ou des images à peine perceptibles. Chaque forme, dans sa mise en oeuvre, contient sa propre latence.
Chaque forme contient son propre mode de diffusion. L’objet de notre recherche et ses formes sont devenus inhérents l’un de l’autre et génèrent sans cesse des bifurcations issues d’un dialogue collectif.

L’équipe :  Alexandre Paulus, Antoine Barrot, Armance Rougiron, Brigitte Belin, Fabrice Gallis, Julien Sallé, Lina Jabbour, Lucia Sagradini-Neuman, Marion Robin, Marjolaine Turpin, Philippe Eydieu, Samira Ahmadi-Ghotbi, Tiphaine Calmettes, Vincent Blesbois

L’armoire – Puzzle n°1

Pour mettre en jeu un éloge du temps ralenti, le programme de recherche L’intercalaire a réalisé un puzzle présenté lors de l’évènement «Do disturb» qui s’est tenu au Palais de Tokyo en avril 2016. Prenant comme base la durée de l’événement de «Do disturb» : 30 heures, nous avons fait de cette durée le temps de révélation d’une image.

Cette image contient l’ensemble des récoltes, souvenirs, livres, dvd, articles et toutes les archives constituées depuis le début du projet. Ce puzzle est une énigme à résoudre collectivement. À travers cette proposition L’intercalaire a invité à reconstituer, partiellement, cette cartographie d’une mémoire commune. Le puzzle est à échelle 1/1 de notre armoire de recherche. La boîte et son support font eux aussi écho à cette même armoire. Cet exemplaire unique est sans modèle, les membres du groupe étant les seuls à même de donner des indices sur la révélation de cette image.