Fermeture administrative

L’école sera fermée du lundi 29 juillet au vendredi 16 août 2024 inclus. Reprise le lundi 19 août, de 9h à 17h30.

Portrait ancienne étudiante / Marina Guyot

Marina Guyot est plasticienne et créatrice textile et de bijoux. Elle a obtenu son DSNEP en 2014 à l’ÉSACM, après un passage à l’école des beaux arts de Nîmes. Lauréate du programme Bains d’Huile, elle occupe un des 3 ateliers-logements mis à disposition de la Ville de Clermont, depuis 2022.

Le scolopendre, 2024

Quel a été ton parcours à l’école ?

J’ai fait mes deux premières années de Beaux-Arts à Nîmes, puis je suis arrivée à l’ÉSACM en troisième année. J’ai commencé à développer assez tôt des questionnements autour de l’aménagement de l’espace, de l’urbanisme. Ça a commencé par des photos de lotissements, dans le village de mes parents, reporter des parcelles, puis j’ai commencé à dessiner, de façon de plus en plus abstraite, pour aboutir à des quadrillages, qui ne me quittent plus depuis, et résonnent avec mon travail de tissage. Je me suis intéressée à la répétition du geste, aux cycles perpétuels, au préfabriqué, au monde du bâtiment.

Après le diplôme j’ai intégré la Coopérative de recherche pendant un an, à partir de septembre 2014 et les Ateliers du Brézet en avril 2015. J’ai pu travailler là-bas pendant plusieurs sessions de 3 mois, soit dans un atelier seule soit partagé avec Zohreh Zavareh ou Claire Goncalves (nous étions dans la même promo aux Beaux-Arts). Ensuite nous avons cherché un autre atelier avec Claire et nous nous sommes installées rue de l’Abbé Girard (début 2016) dans l’ancien espace d’exposition d’Artistes en résidence, avec une 3ème personne qui a changé au cours du temps (Louma Morelière, Samira Ahmadi Ghotbi, Clara Puleio). Cet atelier disposait d’un tout petit espace de travail de 15m carré avec un espace de stockage. C’était assez peu cher car géré par l’Ophis, mais pas du tout entretenu (pas d’eau chaude, pas de chauffage fixe et une porte qui laisse passer l’eau en cas d’orage). Mais il était situé en centre-ville et ça m’a permis de faire les premiers essais d’ouverture d’atelier lorsque j’ai commencé à fabriquer des bijoux. On y a aussi organisé quelques expositions.

Tu postules au programme d’ateliers logements des ateliers Bains d’Huile en 2022, et fais partie des 3 artistes sélectionné·es pour 3 ans.

J’ai postulé à ce programme pour bénéficier d’un atelier un peu plus grand. On était 3 à se partager l’espace rue de l’Abbé Girard à ce moment-là, et je commençais à être limitée dans ma pratique pour cette raison. J’avais le projet de travailler le tissage. Arrivée ici (au 18 rue de l’Oratoire), j’ai pu installer deux métiers à tisser, dont un qui permet de faire de grands formats, que j’ai simplement trouvé sur Leboncoin. Il a fallu apprendre, trouver comment le remonter, faire tous les réglages, et se lancer.

Comment as-tu amorcé cette pratique textile ?

J’ai découvert LAINAMAC, à Felletin, un centre de formation près d’Aubusson qui revalorise la filière laine dans le Massif Central. Chaque année LAINAMAC organise Les journées de la laine. J’ai rejoint une de leurs formations en tissage en 2021.  Ça durait un mois. Au bout d’une semaine j’avais déjà largement les bases, mais au départ c’est une pratique assez paralysante de par le nombre de réalisations possibles ne serait-ce qu’avec deux couleurs de fil. Je passe beaucoup de temps à faire des tests. Par exemple ces derniers temps j’ai fait des planches de motifs. Je passe d’abord par le dessin, au crayon à papier. Je visualise mieux en noir et banc. Et puis ensuite je fais des échantillons. Quand tu croises des fils, ça donne des effets de couleurs qui peuvent être soit très beaux soit complètement éteins, et c’est difficile à anticiper. J’utilise un logiciel qui s’appel Bronze, pour tester les associations de couleurs et motifs une fois mêlés, et aiguiller mes tests.

Tu as aussi monté une marque de bijoux qui s’appelle Tatami, tu peux m’en parler ?

J’ai commencé à créer des bijoux en 2019.  Au début, ce n’était pas très probant. Je me rendais compte qu’il fallait composer avec des contraintes techniques particulières puisqu’on est sur un objet porté à même la peau. Il ne fallait pas que ce soit irritant, pas que ça se prenne dans un pull. Je ne travaille désormais que le laiton, dont je teste encore différentes épaisseurs. Finalement, je revenais à mon travail de dessin, autour de la ligne et la surface.

Pour l’instant je fabrique tout à froid, donc le matériel est assez limité : pinces, limes, un dremel pour les découpes et perçages, un marteau et une petite enclume pour le martelage. Il n’y a pas de soudure, ce qui m’oblige à trouver des astuces pour que les parties tiennent entres elles. J’aime bien les moments de recherches pour des pièces un peu compliquées où il faut trouver le meilleur moyen d’assemblage et faire en sorte que l’objet soit portable (question de poids, d’équilibre, de toucher, etc.)

Je viens d’acheter une mini fonderie, à l’origine pour un moulage pour une expo qui court en ce moment, mais il se peut qu’à l’avenir elle me serve aussi pour réaliser des pièces de bijoux avec les chutes de laiton.

Tatami, autant avec les bijoux et le tissage, me permet aussi de générer un revenu annexe. Je produis des pièces en prévision des marchés de créateurs auxquels je participe, l’été, et dans le cadre de marchés de Noël aussi.

Beaucoup de gens me conseillent de vendre mes pièces par instagram ou internet. Mais d’abord je n’ai pas instagram. Et je préfère travailler avec une échéance, en prenant de l’avance et prévoyant du stock, plutôt qu’en flux tendu pour vendre à tout moment.

J’ai toujours eu plusieurs jobs. J’ai fait de l’intérim pendant un temps. En arrivant à Bains d’huile, j’ai cherché à avoir une activité qui assure un fixe tous les mois, donc je travaille dans un lycée 2 nuits par semaine, ce qui me laisse du temps pour travailler le reste.

Qu’as tu développé grâce à cet atelier cette dernière année et demi ?

J’ai postulé à Bains d’huile pour mon projet de tissage. Là je suis à mi-parcours et je trouve que je n’ai pas assez travaillé le textile. Mais finalement j’ai développé plusieurs projets en collaborations, j’ai travaillé avec différentes personnes. Par exemple récemment j’ai travaillé à une série de kimonos avec Julie Kieffer, qui est plasticienne. J’ai réalisé des pièces tissées qu’elle est venue assembler. On a aussi travaillé ensemble sur un projet de bijoux en résine d’après un moule qu’elle avait réalisé pour une pièce en bronze, un pantalon de motocross.

J’ai aussi travaillé avec l’illustratrice et céramiste Cécile Gambini, qui m’a proposé des éléments en porcelaine que j’ai bricolé pour faire des bijoux. Elle les expose et les met en vente dans son atelier boutique (2 rue Blaise Pascal).

Et puis dans les projets plus « plastiques », j’ai des pièces exposées en ce moment chez le plasticien Hervé Bréhier, dans le cadre de l’exposition « Burnt » de Home Alone, jusqu’au 30 juin 2024. Elle a lieu à Bonnabaud (Saint-Pierre-le-Chastel). L’espace en question est une ancienne pièce d’habitation où l’on voit les traces d’une cheminée (suie, etc) qui a été le point de départ pour la construction de l’exposition.

Avec cette expo on est plus sur des formes qui puissent créer un lien entre elles, et générer un propos. Les bijoux et le tissage sont des objets du quotidien on va dire. Parfois je passe même plus de temps sur ces objets-là. J’ai surtout toujours aimé faire des choses manuelles, bricoler.

Tu fais aussi partie du duo Mezzanine.

Mezzanine c’est un duo qu’on porte avec David Blasco. À la base on avait un projet d’édition, sur lequel on travaille encore.

Dernièrement on a été sélectionnés par la programmation des Arts en Balade pour réaliser un projet éphémère qu’on a appelé « Ici prochainement », au 122 rue de la République, sur le mur extérieur d’une parcelle qui est en cours de destruction. Un projet pour lequel on a eu tout à faire en un mois.

À la rentrée on interviendra dans un collège de Nevers, en partenariat avec le Parc Saint-Léger, Centre d’art de Pougues, sur un projet d’affiches entre espace et architecture.

marinaguyot.wixsite.com

care-obscur, un évènement dans le cadre du DSRA de Crys Aslanian

care-obscur
Table ronde, lectures et DJ set

Invitéx:
Héloïse Brézillon,  autrice~chercheure
Sabrina Calvo, plasticienne et autrice
Robyn Chien, plasticienne et réalisatrice
Menace Lavande, herbaliste et activiste

Co-animé par Hippo Camp

 

Artiste-Théorichien·ne en recherche-création spécialisée dans les écritures collectives et le concept de SF chez Donna Haraway, Crys Aslanian est chercheuse à la coopérative de recherche de l’ÉSACM de 2020 à 2023. Elle présentera son DSRA (Diplôme Supérieur de Recherche en Art) par un évènement intitulé care-obscur, le 28 juin 2024.

care~obscur, s’intéresse à la réappropriation et au reclaim des processus de création collective dans le but de manifester, et surtout de rendre “accessible”, des zones sensibles que l’on trouvent en chacun·e de nous, mais aussi entre chacun·e de nous: la vulnérabilité, l’incertitude, l’impuissance. Durant les quatre années à la Coopérative de l’ESACM, cette recherche s’est incarnée dans une approche pédagogique en dialogue avec les étudiant·es par des workshops de création radiophonique, d’écriture poétique, et de jeu de rôle. Depuis 2022 cette recherche s’intéresse aux nightclubs et au monde de la nuit comme possibilité d’une SF de l’intime et du soi en abordant les questions de danses érotiques, de textile et de consentement en mélangeant en collaboration avec des artistes comme Sabrina Calvo, Diane Réa et Robyn Chien.

Dans le cadre du DSRA, care~obscur prendra la forme d’une discussion en deux temps. Tout d’abord une restitution à l’oral de BitchCraft, GN euphorique et non-verbal pour nightclub, un jeu de rôle grandeur-nature qui aura pris place la veille dans le club du Lieu-Dit. Les invités partageront leur expérience en tant que participant·es, co-autrices (Sabrina Calvo et Robyn Chien) mais aussi en tant que témoins extérieur·es de l’expérience (Menace Lavande et Héloïse Brézillon). Accompagnée d’une bande son, d’images réelles ou générées par IA, la discussion assemblera faits réels, fictions et interprétations pour transmettre au public, non pas l’expérience vécue, mais l’imaginaire collectif produit par le jeu et le workshop.

Dans un deuxième temps, la table-ronde deviendra un plateau de jeu pour Brainforest, jeu de ficelle déviant pour une écologie des chien•nes brisæs. Inspiré des concepts de SF et de Jeu de Ficelles (String Figure) chez Donna Haraway, les invitéx seront projetéx dans une discussion qui hybride pratique de world-building avec poésie et théorie. Cette expérience a pour but de faire émerger un monde possible, une utopie, dans laquelle les questions d’inclusion, de sensualités et de déviance se résolvent par et à travers une oralité collective et poético-théorique.

Brainforest sera suivi d’un moment de discussion pour poser des questions et d’un DJ-set dans le club du Lieu-Dit.

→ Vendredi 28 juin de 18h00 à 22h00

→ Au Lieu-Dit (10 rue Fontgiève, 63000 Clermont-Ferrand)

 

Portrait ancien étudiant / Clément Murin

Clément Murin a été diplômé du DNSEP à l’ÉSACM en 2012.
Pendant sa formation il développe une pratique du volume, tout en poursuivant en parallèle une pratique de l’illustration. Aujourd’hui il vit et travaille depuis Clermont-Ferrand sur divers projets liés à la calligraphie, la typographie, l’illustration, la scénographie et les arts imprimés, avec des partenaires comme Vuitton, Saint Laurent, Hermès, RadioFrance, Institut Français de la mode, Netflix, Le slip Français ou encore Saint Laurent et Dior.

– Sur votre site vous êtes identifié comme un « créatif », pouvez-vous nous donner une idée du faisceau de vos activités ?

Mes pratiques sont en effet assez variées, c’est une volonté que j’ai toujours eu pour ne pas m’ennuyer et ne jamais faire les même choses.
Mes projets actuels sont principalement en direction artistique / graphisme / calligraphie & illustration, mais j’ai navigué dans différents autres domaines comme : le design textile (dessins de motifs), le décor de cinéma (fresques ou graphisme), la peinture en lettres, l’édition, le web design ou la sérigraphie.

Et en effet aujourd’hui encore c’est assez problématique pour moi de me définir avec toutes ces pratiques, le terme « créatif » est un peu un adjectif par défaut, par dépit de ne pas trouver de terme adéquat qui me convienne , le terme de « designer » ne m’a jamais emballé car fourre-tout et peu clair, « graphiste » un peu trop limitatif de mes pratiques, et « artiste » je l’associe à un peintre, sculpteur, photographe etc. qui vend ses œuvres et ne fait pas de commandes ou de prestations.

– Pour revenir un peu en arrière, pouvez-vous me parler de la raison pour laquelle vous avez souhaité entrer en école d’art ?

Honnêtement, je suis rentré à l’ÉSACM à la sortie du lycée à 17 ans, et je pense que j’étais très jeune pour avoir une vision définie et mature d’un parcours quel qu’il eût été. Je pense que j’ai voulu rentrer en école d’art pour me perfectionner techniquement dans le spectre des pratiques artistiques. Il s’avère que cela n’a pas du tout été le cas à mes yeux, et j’ai souffert d’un manque d’apprentissage technique duquel moi et d’autres élèves étaient très demandeur·euses. C’était peut-être une fausse idée de l’enseignement d’une école d’art ou bien une spécificité qui dépend de l’école vers laquelle on se tourne en France. J’avais en tête l’imaginaire collectif ancien du Maître dans sa pratique qui enseigne ses techniques d’érudit pour que l’on puisse nous perfectionner et les réinvestir dans nos projets.

Mais je définirais plutôt l’ÉSACM (de mon époque) comme une école de la pensée artistique, qui développe la manière de réfléchir autour d’une œuvre, faire ses recherches et défendre son point de vue ; la technique quant a elle doit être apprise majoritairement en autodidacte sur le tas. Il est alors plus compliqué de créer et de se projeter dans des projets quand on n’a pas les connaissances pratiques pour faire (souder, tendre une toile, peindre à l’huile etc.).
En revanche cela m’a appris à me débrouiller pour trouver des solutions aux problèmes que je rencontre, peut-être parfois plus bancales mais qui fonctionnent. C’est ce qui m’a aussi amené à diversifier mes pratiques sans la peur de ne pas savoir faire, car je pouvais toujours apprendre à faire.

– Quelle était la nature de votre travail dans l’école ? Qu’est ce qui a marqué votre pratique actuelle ?

À partir de la fin de 3e année je me suis spécialisé dans une pratique de la sculpture à base d’assemblage de bois, métal et verre, évoquant des reliques de structures architecturales. Cette pratique est née de recherches de petites maquettes de papier et de balsa que je réalisais ensuite à plus grande échelle si la construction paraissait viable. L’idée d’en faire des formats monumentaux n’est venue que dans un second temps de ce qui n’était que des expérimentations à l’image d’un jeu de construction, avant d’y trouver un fil rouge de sujet de créations multiples qui faisait sens.

Ma pratique actuelle est constamment impactée par mon apprentissage à l’école, majoritairement intellectuellement où je pense que l’école d’art amène à traiter tout projet avec un regard transversal, qui peut amener à des propositions originales hors des sentiers battus. Cela peut plaire sur des projets créatifs mais m’a aussi desservi lorsque je montrais mon portfolio aux agences de graphisme/communication où la majorité de leurs projets sont plus corporate et où le profil trop créatif effraie, j’imagine par peur d’un manque de réalisme dans les réalisations.

– Aujourd’hui vous travaillez dans des domaines très différents notamment liés au graphisme, au design, etc. Comment avez-vous développé cette pratique dans une école d’art option art ?

Ces pratiques graphiques diverses étaient en effet déjà un peu présentes lorsque j’étais à l’école. L’illustration notamment, a été assez vite été refoulée par le corps enseignant car elle n’avait pas sa place pour eux dans une école option art (c’est en tout cas mon ressenti). Je peux le comprendre mais c’est dommage car cette appétence pour l’illustration aurait pu être encouragée et reconnue pour sa valeur artistique. Il s’avère que j’ai continué de mon côté pour mon plaisir en dehors du cadre de l’école, telle une activité parallèle de débouchés potentiels, ce qui m’a permis de me faire la main pour ensuite participer à des concours (Hermès) ou des appels à candidature (Robinson-les-Bains, Chromatic Festival) qui m’ont fait rentrer dans le monde de la mode.

– Pouvez vous nous parler de vos projets de calligraphie ?

À l’école je m’étais beaucoup penché sur les mots, leurs sens et perception, pour mon diplôme de 3e année j’avais présenté mes premières sculptures tautologiques à base de mots. L’idée étant de représenter le mot physiquement et que sa représentation emphase sur tout ce qu’évoque ce mot – par exemple avec « ICE » rappelant formellement un iceberg abstrait fait à base d’une plaque de métal pliée peinte en blanc et bleu ciel ou « KLANG » l’onomatopée évoquant le bruit du métal frappé, comme extrudée du sol, en métal peint en vert de gris tel les toits parisiens fait de cuivre. Mon mémoire traitait des enseignes et l’affiche publicitaire dans l’art contemporain, et mon DNSEP imaginait des structures architecturales évoquant les panneaux publicitaires évidés de leurs affiches et donc messages, laissant à voir ce qui se trouve derrière les images. En soi le travail autour de la lettre me trotte depuis longtemps dans la tête.

La calligraphie est un développement de ma pratique du dessin. J’ai découvert une complexité de construction et de justesse très exigeante dans le dessin de lettres : un nouveau challenge. Cela venait compléter un travail d’illustration où dessin et typographie/ calligraphie étaient complémentaires. Je ne me suis professionnalisé que bien plus tard, autour de 2016 lorsque j’ai déménagé à Montreuil pour me rapprocher de l’effervescence artistique. Sur place j’ai rapidement été confronté au coûts de la vie parisienne et que les opportunités artistiques ne tombaient pas forcément du ciel si facilement, surtout en ayant une personnalité plutôt réservée comme la mienne. Je suis tombé sur une annonce d’agence à la recherche de calligraphes freelance, à laquelle j’ai postulé alors que je ne maîtrisais pas tellement le sujet. Mais en m’entrainant quelques semaines/mois j’ai pu être opérationnel pour partir en mission chez les premiers clients ou à l’agence pour écrire des dizaines ou centaines de cartons, enveloppes, sitting cards, etc. Depuis je ne travaille plus qu’occasionnellement avec les agences où les conditions de travail ne sont pas très équitables pour le calligraphe. Je me suis fait mon portefeuille de clients en direct qui font confiance à mon travail pour leur défilé ou évènements.

C’est dans les faits un travail peu créatif qui demande de ré-écrire des pages de tableaux Excel de listings de noms mais dans un milieu privilégié qui estime la belle écriture, je me sens plus artisan qu’artiste sur cette pratique.

– Vous avez aussi été amené à concevoir des motifs pour de nombreuses marques de textile, notamment Rue Begand, Le Slip français ou encore Hermès, quel est votre processus de travail sur ce type de projet ?

La conception de motifs textiles est pour moi un travail d’illustration au même titre qu’une affiche ou une couverture de livre mais devant s’adapter aux contraintes propres au support textile (raccords du motif, gammes colorées textile, trame du tissu etc.)
Le processus est un travail de commande où soit on me donne un thème général dans lequel j’ai carte blanche, je fais mes recherches d’idées de motifs que je propose au directeur artistique qui choisit sa sélection que je peux retravailler ensuite, soit le DA a une idée précise de visuels et on travaille ensemble pour que j’illustre avec ma patte les idées qu’il a en tête.
Je peux autant travailler en illustration digitale qu’en illustration traditionnelle ou en collage numérique intégrant des gravures de la Renaissance ou d’atlas animaliers.
Le déroulement est généralement assez long et les motifs sont souvent créés un an avant la sortie réelle dans les collections, et c’est toujours plaisant de voir un produit fini physique avec ses créations sortir d’un atelier de confection.

– Comment ces marques (LVMH, Netflix, etc), qui sont des entreprises d’une autre échelle, arrivent-elles jusqu’à vous ? En temps que créateur quels sont les leviers que vous avez activé pour faire connaitre votre travail ?

En réalité je pense avoir eu une grande partie de chance dans mes rencontres et opportunités, ce qui ne dénigre pas le travail que j’y ai mis depuis toutes ces années, c’est un mélange des deux qui fait mon parcours. Je suis très mauvais côté relationnel et commercial et je n’ai jamais su me vendre ou démarcher proprement. Les projets sont souvent venues à moi naturellement petit à petit.
Pour les marques dans la mode et le luxe, ce sont des clients pour lesquels j’ai travaillé d’abord en agence et qui ont pu me rappeler après. Un réseau se créer sur le temps long et la confiance vient ensuite quand les projets se passent bien. Ceci dit dans ces milieux rien n’est jamais acquis, le comportement et le travail doivent toujours être exemplaires et compétitifs au niveau des tarifs, malgré les moyens dont disposent ces entreprises.

Pour les travaux de décors pour le cinéma et les séries, c’est l’heureux hasard d’un copain qui était en école d’architecture (en face de l’ESACM à l’époque) qui a bifurqué dans la déco et qui des années après l’école m’a proposé de participer à plusieurs projets très chouettes, on ne peut pas du tout prévoir quelles rencontres passées vont amener à des débouchés à l’avenir. J’ai aussi souvent essayé de rencarder des amis sur des projets que je voyais passer lorsque je les pensais compétents, c’est un échange de bons procédés qui tire tout le monde vers le haut si on essaye de s’entraider.

Donc je n’ai pas tant de leviers, c’est surtout maintenant mon réseau qui me ramène des projet. Je suis encore aujourd’hui en recherche pour améliorer ma visibilité pas excellente, je mise sur Instagram comme vitrine et depuis 1 an ou 2 je commence à avoir des personnes ou entreprises qui me contacte depuis mon site internet.

– En parallèle vous gardez sur certains projets une approche plasticienne, par exemple avec cette installation à la cité de la Mode pour le festival Chromatic en 2015. Est-il difficile ou au contraire naturel d’évoluer avec des pratiques plurielles ?

En effet, cette année j’ai été invité à participer à l’exposition « Anatomie du Labo » qui propose à des artistes de faire une œuvre en rapport à un court-métrage pendant la période du festival, j’ai été très content de pouvoir re-produire dans un cadre artistique sans la contrainte d’un client. Mais ce travail je n’arrive pas vraiment à le faire tout seul lorsque j’ai des creux entre 2 projets pro, sans cadre précis auquel je me suis habitué, je me perds dans mes idées et mes pratiques diverses et n’arrive pas à aboutir à des créations qui me satisfassent. J’ai aussi un degré d’exigence très élevé avec moi-même et j’estime devoir sortir des projets « parfaits » au vu de mon expérience et je me met une certaine pression de productivité qui est aussi symptomatique de la société aujourd’hui.

Dans l’idéal je souhaiterais vraiment trouver une forme artistique qui mêle les différents médiums que je pratique et pourquoi pas partager mon temps à 50/50 entre créations personnelles et travail de commande, c’est encore un axe d’amélioration auquel j’aspire.

– Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je travaille actuellement sur la refonte de l’identité visuelle de Maison Vieillard, un chocolatier historique de Clermont datant de 1781. Mi-juin je calligraphie pour le défilé Dior Homme pour la collection été 2025, et normalement un déplacement pour un défilé croisière à Hong Kong avec eux se profile également dans le courant d’année. Autrement je travaille sur des recherches pour des projets personnels de sérigraphie et de linogravure. J’ai peu de visibilité à moyen terme sur le travail dans les mois à venir, c’est un des défauts du métier où il est assez dur de se projeter à long terme.

  Je suis aussi membre à l’atelier Amicale Graphique, qui est mon bureau au quotidien, c’est un regroupement de free-lance/graphistes où nous produisons aussi de la sérigraphie, gravure, letterpress et céramique, et nous  visons à developper plus de projets communs d’arts graphiques et d’expositions collectives.

https://clementmurin.com/work

Exposition « Itinérance ferroviaire »

Questionner le territoire, arpenter la géographie ou se perdre dans les imaginaires du voyage. Voilà les sujets qui ont réuni la fabrique « Les vallées de l’Hydre », un groupe de travail composé d’étudiant·es et d’enseignantes de l’ÉSACM, pendant toute l’année 2023-2024. Le chemin de fer a alors été un outil pour regarder, traverser le monde, interagir avec le paysage, ou parfois simplement le décrire ou le représenter.

Avec l’idée de pouvoir créer hors de l’atelier, et confronter l’artiste au territoire, un groupe de 13 étudiant·es et leurs enseignants se sont investi·es dans la conception d’ateliers nomades, d’espaces qui puissent accueillir la création, voire la stimuler. Le tout en s’adaptant aux contraintes techniques du voyage sur rails.  Ces structures mobiles ont permis aux étudiant·es de poursuivre leurs recherches artistiques individuelles et collectives, en itinérance ferroviaire.

Du 17 au 20 mai 2024, parcourant 28km sur les voies ferrées entre Ambert et La Chaise-Dieu, le groupe a mis à l’épreuve ses créations, faisant à la fois l’expérience de ces ateliers mobiles et du paysage.

Une exposition à découvrir au centre d’art Madeleine Lambert de Vénissieux :

Des productions issues de leur périple, des travaux réalisés tout au long de l’année, ainsi qu’une documentation et des éditions témoignant des différentes étapes de ce voyage, seront présentées au centre d’art Madeleine Lambert, dans le cadre de l’exposition « Itinérance ferroviaire »

→ du 13 au 15 juin 2024,  de 14h à 18h (12 Rue Eugène Peloux, 69200 Vénissieux)

→ Vernissage jeudi 13 juin à 17h

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Conception et réalisation : 

Les étudiant.es de la Fabrique Les vallées de l’hydre :

Blandine Ballaz 3a, Léon Bernard 3a, Adrien Berthelemot 2a, Nina Durel 3a, Hilal Eramil 3a, Romane Febvre 3a, Morgane Floquet 3a, Agathe Foray 1a, Olivier Fourre 1a, Shitong He 2a, Malo Lagabrielle 3a, Naël Lomprez 1a, Marylou Ojeda 3a, Cyrille Seneze 2a, Cézar Servant 1a.

Un projet suivi par : 

Serge Lhermitte (artiste, professeur de photographie) et Cédric Loire (critique, historien de l’art, professeur d’histoire de l’art)

Conseillers techniques : Yves Potin et Arnaud Frappart, créateur de l’atelier « la libre roue » à Clermont-Ferrand.

Partenaires : Marcos Merchan des services SNCF voyageurs, direction des lignes citi lyon ainsi que Karine Chany et Corinne Bayet des services SNCF voyageurs, direction des lignes Auvergne.

Un remerciement particulier à Jean-Michel Debly et Olivier Gachon ainsi qu’à l’ensemble de l’association Agrivap.

Exposition des élèves des cours publics

Du 3 au 5 juillet 2024, les élèves des cours publics hebdomadaires de l’ÉSACM présenteront des travaux issus d’une année d’exploration plastiques accompagné·es par les plasticien·nes Hélène Latte, David Blasco et Audrey Galais, au sein des cours « Dessin d’après modèle vivant », « Peinture », « Approche technique et expressive du dessin. »

Trois propositions différentes, pour développer un travail personnel depuis une approche contemporaine, dans des formats de cours hebdomadaires de 3 heures, au sein d’une école supérieure d’art.

Pour participer aux cours et stages publics 2024-2025, le programme sera bientôt disponible sur cette page, et les inscriptions s’ouvriront le lundi 24 juin 2024 à partir de 9h. (Les formulaires d’inscription à jour seront publiés le jour même.)

 

 

Restitution du projet danse et performance « Sol commun »

« Un sol commun » est un groupe de travail autour de la danse, qui propose de réfléchir collectivement aux pratiques de danse à l’école et en dehors de l’école, et créer des ponts entre ces pratiques.

Une soirée de restitution ouverte à tous·tes est proposée, avec des performances, chorégraphies, échanges, mix, etc.

→ Jeudi 30 mai 2024, à partir de 20h, aux Ateliers, à la Diode (190 Bd Gustave Flaubert, 63000 Clermont-Ferrand)

Image : restitution de mai 2023

Restitution publique du focus « Projet extérieur / Live »

Le focus « Projet extérieur / live » propose une restitution de résidence,  avec les étudiant.e.s  Marjolaine Müller, Ismaël Peltreau & Elena Malakhova, Yombo Bahonda & Wilma Burguière.

Une soirée de performances publique qui aura lieu mercredi 29 mai 2024 au Lieu-Dit (rue Fontgiève) à 18h00.