Journée d’étude « Ce qu’il en est des habitants d’autres planètes et de leur nature, nous l’ignorons »

Journée d’étude sur une approche de la science fiction
Préparées et pensées par LOUISE HERVÉ ET CHLOÉ MAILLET

Dans une note de L’Idée d’une histoire universelle, le philosophe Emmanuel Kant se demande si la justice universelle ne serait pas plus simple pour les habitants des autres planètes. Se placer du point de vue d’un extraterrestre, ou du point de vue d’un être humain du futur permet-il de réfléchir à l’art, la science, la raison, la politique ?

Intervenants:

SYLVIE ALLOUCHE
Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, Sylvie Allouche a suivi un parcours à la fois scientifi que et littéraire avant de devenir docteure et enseignante en philosophie. Elle a enseigné ou bénéfi cié de bourses dans diverses universités européennes. Spécialiste de la science-fiction, elle a coorganisé le mois de la SF à l’École Normale Supérieure. Cherchant à élaborer une méthode d’exploration systématique des possibles, ses travaux visent à la fois à philosopher avec la fiction (en particulier la science-fi ction et les séries télévisées) et à réfléchir aux enjeux spéculatifs de la transformation technologique du corps humain, autrement dit à penser la posthumanité.

DAMIEN AIRAULT
Sorti de l’Ecole du Magasin de Grenoble en 2002, Damien Airault est commissaire d’exposition et critique d’art. Il a co-dirigé l’association parisienne Le Commissariat pendant quatre ans et fait partie des fondateurs de l’espace indépendant Treize. Est-il possible de reconstituer une des plus grandes expositions pluri-disciplinaires et trans-historiques du XXe siècle, quand il n’en reste pas, ou presque pas, de traces ? En se plongeant dans les archives de l’exposition Science-Fiction organisée par l’influent Harald Szeemann en 1967, Damien Airault observe la manière dont le commissaire d’exposition-auteur exposait le fonds d’archives, de pulps, d’objets et d’images vernaculaires de Pierre Versins, en les confrontant à des pratiques d’artistes. La question est aussi de comprendre ce qu’étaient alors les rapports entre art et science-fiction, à travers une exposition emblématique qui est surtout connue aujourd’hui par son énigmatique catalogue, prisé du fandom comme des historiens de l’art.

NICOLAS BOONE
Certains se souviennent des tournages sans caméra mimés à grand renfort de figurants et de mégaphone qu’organisait Nicolas Boone au sortir de l’École des Beaux-Arts de Paris. De nombreuses villes ont sans doute encore en mémoire ses tournages-fêtes où au milieu d’un pré, d’un stade ou devant un château, majorettes, membres de clubs sportifs variés, fanfares, clubs de tuning, pompiers, maire, et acteurs, participaient à l’élaboration de films de genre orgiaques et inquiétants, au milieu des mouvements précipités de l’équipe technique (qui apparaissait elle-même dans le film). Nicolas Boone, artiste, cinéaste, a réalisé plusieurs séries de films d’anticipation politique, qui décrivent avec la même énergie des sociétés tentaculaires, des foules cannibales, des monologues sur la fin du monde. Dans sa série d’anticipation BUP, Nicolas Boone montre l’explosion de la Modernité, notre présent ; dans Le rêve de Bailu, (…) (…) un film de propagande chinois, BUP devient encore plus vrai… Dans ses derniers films, il rencontre frontalement la science-fiction, ou bien elle le rattrape : Les Dépossédés, empreint de cyberculture, traverse le transhumanisme, les jeux vidéo, les ondes géostationnaires, la biologie. Dans Hillbrow, un quartier postmoderne de Johannesbourg où il réactive le quotidien des habitants, la ville devient celle du monde de l’« après ». Enfin, dans Psaume (encore inédit), il fictionnalise un monde futur, ramenant étrangement celui-ci aux complaintes, à la violence et à la poésie des psaumes.

ALAIN DELLA NEGRA ET KAORI KINOSHITA
Formés au Studio National des Arts du Fresnoy au début des années 2000, Alain della Negra et Kaori Kinoshita travaillent ensemble à la réalisation de films entre documentaire et fiction, d’installations, de performances. Passionnés par l’anticipation, ils peuvent faire du tournage d’un film un outil pour faciliter des rencontres ou faire, avec une méthode quasi-anthropologique, une observation participative au sein de communautés qui tentent, aujourd’hui, de vivre un ailleurs ou un futur quelque part entre post-humanité, nouvelles technologies et chamanisme. Ils préparent un projet en collaboration avec la communauté des Raéliens selon qui l’humanité est née de la rencontre avec des habitants d’autres planètes, et travaillent parallèlement à un film qui imagine pour la société japonaise un futur dans lequel les femmes auraient disparu.

CATHERINE DUFOUR
Écrivaine et lectrice minutieuse de tous les genres littéraires, Catherine Dufour est l’auteure d’une tétralogie de fantasy exaltée, Quand les dieux buvaient, de plusieurs romans et de nouvelles qui revisitent avec un humour corrosif aussi bien la littérature du XIXe siècle que les contes et romans pour jeunes adultes. Elle a fait paraître en 2005 Le Goût de l’immortalité, son premier projet de science-fiction, dont la genèse emprunte aux Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, au cyberpunk, à Fritz Lang, Laclos, Blade Runner. On y découvre l’histoire d’une vieille dame de l’an 2304 qui raconte sa jeunesse, sa mort et les formules qui l’ont rendue immortelle, dressant au passage une description violente et empreinte d’humour noir d’une humanité occupée à prolonger par la technologie et le chamanisme des vies déjà mortes, ou presque.

KAPWANI KIWANGA
Kapwani Kiwanga est artiste, a étudié l’Anthropologie au Canada, tourné des documentaires en Ecosse, participé au programme La Seine des Beaux-arts de Paris et est passée par le studio national des arts du Fresnoy. Son intérêt pour les récits historiques, les archives et les traditions orales l’ont conduite à élaborer des fi lms, des installations et des performances dans lesquelles elle remet en jeu les narrations dominantes et en explore les interstices. Dans son cycle Afrogalactica (2011-2012), une série de conférences-performances, elle incarne une chercheuse du futur, anthropologue de l’an 2278, et mêle analyse historique, imaginaire afrofuturiste et anticipation politique, autour de la fi gure fondatrice du musicien Sun Ra, auteur du fl amboyant space opera militant Space Is the Place.

PIERRE LAGRANGE
Sociologue formé à l’Ecole des Mines et à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, enseignant à l’Ecole Supérieure (…) (…) d’Art d’Avignon et chercheur associé au LAHIC, Pierre Lagrange s’est spécialisé dans l’étude des “savoirs rejetés”, à propos desquels on mobilise souvent des termes comme ceux de croyance, d’irrationnel, de pseudoscience, et dont les porte-paroles aspirent à les rapprocher des sciences légitimes. Sa recherche propose de décrire, par des enquêtes empruntant à l’ethnographie, comment la distinction entre pratiques scientifi ques acceptées et pratiques scientifi ques dites déviantes (parapsychologie, cryptozoologie, occultisme ou ufologie) se construit et reconstruit sans cesse. La science-fiction se heurte parfois aux para-sciences et leur emprunte autant qu’elle leur confie certains de ses objets. Pierre Lagrange excelle à montrer que certaines des figures les plus connues d’extraterrestres (les petits hommes verts, les ET de Roswell, ou les little greys des récits d’enlèvements américains) ont aussi une histoire et sans doute une anthropologie.

MICHÈLE MARTEL ET BENJAMIN HOCHART
« Faire un travail qui n’est pas le simple résultat d’un protocole de production mais une trace résiduelle de l’apparition de la forme » : Benjamin Hochart est artiste, et pratique le dessin de manière élargie. Avec lui, Michèle Martel, docteure en Histoire de l’art, spécialiste d’Hans Arp et enseignante à l’ESAM Caen/Cherbourg, propose une contribution commune, faite d’allers-retours entre textes de l’écrivain J.G. Ballard, images issues du mouvement pop, oeuvres spatialistes de Lucio Fontana, et cinéma de science-fi ction mainstream ; ils observent l’apparition d’images au prisme de la littérature de science-fiction.

Projection d’un film d’HÉLÈNE MEISEL
Hélène Meisel est historienne de l’art. Ses recherches l’ont amenée à écrire des critiques sur de multiples artistes, à collaborer souvent avec eux, à expérimenter la conférence-performance et le film-conférence. Elle a mené une enquête sur le festival international de la science-fiction de Metz (1976-1986) qui recevait tous les grands noms de la science-fiction à une époque où elle devenait populaire et grand public en France. Suivre ce festival ouvert par une conférence mémorable de Philip K. Dick, c’est aussi toucher la réception de la science-fiction en France pendant une décennie.

Scénographie de FABRICE CROUX avec les étudiants de l’ESACM
Formé à La Villa Arson à Nice, à l’école supérieure d’art de Grenoble et à L’ESAA d’Annecy, Fabrice Croux est artiste et compose des récits à partir d’objets, de textures, de décors. C’est aussi un fin connaisseur du cinéma de science-fiction, et les ambiances délétères des décors en carton-pâte éclairés de rose, jaune ou vert, des films de Mario Bava, ou le monolithe épuré de 2001 L’odyssée de l’espace sont pour lui des matériaux d’étude autant que de travail.

Workshop en lycée pro 2014-2015

Workshop en lycée pro – 2014/2015
du 7 au 13 mai 2015

Dans le cadre du projet fédérateur « Workshop en lycée pro », l’ESACM a accueilli les œuvres de :
Claire Gonçalves, Hugo Livet, Louma Morelière, Leslie Parnal, Rémy Tardieu.

Ces œuvres ont été réalisées dans le cadre d’un workshop d’une durée de 5 jours avec les élèves et les équipes pédagogiques et techniques des établissements suivants :

Lycée Professionnel Marie Laurencin (Riom)
Lycée Professionnel Roger Claustres (Clermont-Ferrand)
Ensemble Scolaire Jean-Baptiste Se La Salle (Clermont-Ferrand)
Lycée d’Enseignement Adapté de Lattre de Tassigny (Romagnat)
Établissement Public Local d’Enseignement Agricole (Brioude-Bonnefont)

Journées d’étude « Cracking perspectives #2 »

Cracking Perspectives #2 fait suite à une première journée d’étude qui s’est déroulée à l’ESACM l’année dernière interrogeant le versant américain du courant artistique Land Art.
Installé dans le Grand Atelier, ce deuxième volet proposera projections et discussions autour du Land Art et des territoires désertiques au sein d’un dispositif spécialement conçu pour l’occasion.

Organisation : Fabrice Flahutez (Université Paris Ouest Nanterre), Marianne Jakobi (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand), Cédric Loire (École Supérieure d’Art de Clermont Métropole)

PROGRAMME :

Lundi 2 février – 20h00 :
Projection du film de Florent Tillon, Detroit Wild City, 2010 (80 min. couleur, son)

Mardi 3 février – 9h00-12h30 et 14h00-18h00 :
Intervenants :
Fabrice Flahutez, Historien de l’art, Maître de conférences HDR, Université Paris Ouest Nanterre
Rémy Héritier, Chorégraphe et performeur
Marianne Jakobi, Historienne de l’art, Professeur, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
Cédric Loire, Historien de l’art, Coordinateur de la recherche, ESACM
Roberta Trapani, Historienne de l’art, Doctorante, Université Paris Ouest Nanterre

Projections :
Nancy Holt, Sun Tunnels, 1978 (27 min. couleur, son)
Jane Crawford & Robert Fiore, Rundown, 1994 (12 min. couleur, son)
Jane Crawford & Robert Fiore, Sheds, 2004 (22 min. couleur, son)
Sam Ketay, Floating Island to Travel Around Manhattan Island, 2005 (16 min)
Gordon Matta-Clark, Conical Intersect, 1975 (19 min. couleur, silencieux)

Présentation des travaux des équipes de recherche de l’ESACM :
Marfa #3 (récits d’un séjour en pays Hopi)
L’intercalaire (des îles d’Aran à la Grande Motte)

Les Apprentis #1

Exposition Les Apprentis #1
du 19 au 23 janvier 2015
Forum des Carmes

Dans le cadre de son partenariat avec le groupe Michelin, l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole présente, Les Apprentis #1, une exposition des travaux d’étudiants de master.

Avec : Antoine Barrot, Rémy Drouard, Samira Ghotbi Ahmadi, Solène Simon, Marjolaine Turpin, Myriam Urvoaz, Benoit Vidal

Depuis 2011, l’ESACM a mis en place un partenariat avec le groupe Michelin.
Celui-ci a pris et prend différentes formes. Il irrigue notamment l’un des axes de recherche de l’école : « les mondes du travail ». Un programme lié à cet axe de recherche a notamment donné lieu à l’exposition Les voix des pistes qui s’est déroulée au mois de février 2014 sur le site de Cataroux. Cette année, ce partenariat se poursuit par d’autres biais et il était pour nous important d’amener une possible rencontre avec nos étudiants sur un autre site, avec d’autres modalités de fréquentations. Cette rencontre prend donc la forme d’un cycle d’expositions qui se dérouleront dans le forum des Carmes.

Les Apprentis #1 est donc la 1ère exposition d’une série de 3 qui courront jusqu’au mois de juin 2015. Ces expositions mettront à l’honneur le travail des étudiants de 5ème Année qui passent cette année leur diplôme de fin d’étude.

Pour ce premier volet, les travaux de 7 des 22 étudiants inscrits en master sont présentés. Chacun à leur manière, par leurs acquis et leur singularité, ces étudiants développent une recherche personnelle qui les amène à côtoyer différents territoires, différents milieux pour en tirer un regard inédit.

 

Le Quatrième Mur, exposition des diplômés 2014

Le Quatrième Mur, exposition des diplômés 2014
du 1er au 31 octobre 2014

Avec : Alessandra Abruzzese, Charlène Bogani, Pierre Frulloni, Alice Jouhet, Claire Goncalves, Mélaine Guitton, Marina Guyot, Zohreh Haghir Zavareh, Tatiana Labat, Cédric Leclercq, Corentin Massaux, Louma Morelière, Alice Pouzet, Leslie Pranal, Caroline Romain, Rémy Tardieu
Commissariat : Guillaume Constantin

Cette année, le commissariat de l’exposition des diplômés a été confié à Guillaume Constantin, artiste dont la pratique interroge depuis une dizaine d’années les notions d’appropriation, de recyclage, de détournement et autres déplacements, transformations voire déformations. L’artiste a conçu un dispositif inédit avec les 16 jeunes artistes ayant obtenu leur DNSEP grade master en juin 2014. Outre l’exposition, une édition a été produite mettant à l’œuvre le parti pris scénographique et le travail de chaque artiste.

Le quatrième mur est une expression et un concept issus du théâtre. Il désigne un mur de l’espace scénique qui disparaît pour laisser le public devenir spectateur.  Dans ce cas, les acteurs continuent à jouer comme si ce mur invisible serait présent, les séparant des spectateurs. Ce concept de mise en scène, formulé par Denis Diderot et développé tout au long du XIXème siècle sera très questionné, voire même « brisé » à un moment donné par Bertold Brecht.
Cette question de point de vue au sens large hante la question scénographique, non seulement au théâtre mais aussi dans le cadre muséal et celui de l’exposition. Elle induit toutes les nuances qu’imposent la lisibilité des œuvres, leur rapport à l’espace, la présence du visiteur : son parcours, l’orientation du regard, de ses perceptions.

De murs invisibles, il en est aussi question dans l’espace d’exposition de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole, un espace vitré, translucide qui n’en est presque plus un. Les coursives de part et d’autre de ce hall sont également vitrées et sont des espaces de déambulation. Elles s’offrent aussi à un regard extérieur au bâtiment lui-même. Des conditions spatiales induisant une réflexion forte à poser dans l’idée d’y insérer un ensemble de travaux de diplômes.
Sous forme d’un workshop d’une dizaine de jours, cette réflexion sera envisagée en un dialogue très rapproché avec les ex-étudiants de 5ème année tant dans l’interrogation des enjeux contenus dans leurs propositions que dans les possibilités et la fabrication de mises en espace.  Un exercice qui englobe toutes les problématiques afférentes à un commissariat d’une exposition collective ainsi qu’un des pans de la pratique artistique de Guillaume Constantin qui, telle ce « quatrième mur » invisible, vient se poser comme l’ossature et le soutènement d’un corpus d’œuvres mises sous verre.

Workshop en lycées pro 2013-2014

Workshop en lycées pro – 2013/2014
du 22 au 29 avril 2014

Dans le cadre du projet workshop en lycées professionnels, l’ESACM a accueilli les œuvres de :
Rémy Brière, Laure Jazeix, Clément Murin, Francis Raynaud et Geoffrey Veyrines

Ces œuvres ont été réalisées dans le cadre de workshops avec les élèves et les équipes pédagogiques et techniques des Lycées Professionnels Marie Laurencin (Riom), Pierre Boulanger (Pont-du-Château), Roger Claustres (Clermont-Ferrand), Saint-Julien (Brioude), Vercingétorix (Romagnat).

Tejacoular/Tejekkürl

Exposition Tejacoular/Tejekkürl
du 31 janvier au 20 février 2014

Pendant toute la durée du festival du court métrage, l’ESACM a montré sous la forme d’une exposition le compte rendu d’un voyage d’étude à Istanbul réalisé au mois de novembre 2013 dans le cadre d’un atelier de recherche et de création (ARC paysage).

Au-delà du simple fait de la destination, cet ARC paysage permet à des étudiants de 3, 4 et 5ème années de s’immerger sur un temps et un contexte donnés.
Encadrés par deux enseignants, Roland Cognet et Stéphane Thidet, les étudiants se sont donc imprégnés de l’espace urbain de la ville d’Istanbul durant une dizaine de jours pour y mener à bien leurs projets.

Avec : ABRUZZESE Alessandra, AHMADI GHOTBI Samira, ASTRE Marie, BEZON Mathilde, CREUZOT Coline, DODAT Marie-Camille, FAUST Jennifer, GONCALVES Claire, GUITTON Mélaine, HAGHIR ZAVAREH Zohreh, JOULIE Marine, LABAT Tatiana, MORELIERE Louma, PORTE Louise, ROUILLOT Jason, SIMON Solène, TARDIEU Rémy, VARENNE Camille

Les Voies des pistes

Exposition Les Voix des pistes
Site Michelin de Cataroux, Clermont-Ferrand,
du 18 au 28 février 2014

Première exposition du programme Un Film infini (le travail), Les Voies des pistes faisait suite à un workshop à l’usine Cataroux en octobre 2013.

Avec : Céline Ahond, Barthélémy Bette, Matthieu Dussol, Pierre Frulloni, Gaëtan Larant, Leila Portalier, Alex Pou, Sarah Ritter, Alice Pouzet, Rémy Tardieu.

 

L’Image

Exposition L’image
du 05 novembre au 20 décembre 2013

l’ESACM présentait dans le Grand Atelier une exposition mettant à l’œuvre l’image comme forme de recherche en art.
Cette exposition s’est appuyée sur trois voyages de recherche effectués en 2012 et 2013. dans le cadre du laboratoire de recherche « les espaces des paysages ».
Ces voyages ont amené professeurs et étudiants au Bénin, au Texas et sur les traces de Jean-Luc Godard.

Journal n°0

Extrait
Comment je vois Robinson Crusoé.


Il y a deux manières d’envisager les aventures de Robinson Crusoé.
La première prévaut depuis la parution du livre en Angleterre au début du XVIIIè siècle. Elle a fait le succès du personnage. Elle consiste à se concentrer sur sa survie dans l’île déserte, de son naufrage à son retour au pays natal. Peut-être même qu’elle continuera d’alimenter encore longtemps notre imaginaire, entre la promotion des kit de survie post-nucléaire sur les sites internet anglo-saxons et notre fascination pour la fin du monde, sans parler de la catastrophe écologique qui a lieu, en ce moment même.

La seconde manière considère Crusoé tel qu’il est avant et après son naufrage. Le propriétaire d’une plantation au Brésil. Sa passion première, son désir le plus fort est de pouvoir gérer (sans la fortune de son père) une entreprise et de jouir des bénéfices auxquels il a droit. Jusque là le personnage est conforme à l’éthique protestante de l’auteur, Daniel Defoe qui voit dans la naissance du capitalisme une manière de faire un honnête commerce, bien qu’il nous présente son personnage comme un jeune homme qui pourrait éventuellement échouer à s’enrichir, tellement il est hanté par une force insatiable de dépassement (il est fait pour le pire lit-on, mais aussi, il est son propre destructeur) ; Dans cette perspective, il préfigure les Traders du début du 21 ème siècle, tels qu’ils sont apparus au monde entier pendant la crise financière de 2008. D’ailleurs, à peine Crusoé est-il rentré en Angleterre qu’il prend des nouvelles de sa plantation au Brésil et la vend en faisant une plus-value. Voilà, l’argent qu’il rejette à peine arrivé sur l’île au prétexte qu’il lui sera inutile et qu’il est une drogue, est toute la vie de cet homme avant et après son expérience de survie.

Mais ce qui nous pose problème aujourd’hui, c’est que Crusoé, comme tous les commerçants de l’époque, était négrier. Voilà, il participait au trafic d’esclaves qui commençait sur la côte de Nouvelle-Guinée pour aller jusqu’aux Amériques. Trafic atroce dont on sait aujourd’hui que certains hommes noirs mourraient dans les cales des bateaux à force d’être maltraités. Mais aussi sa participation à ce trafic est illégale, c’est les Portugais apprend-on dans le livre qui en avait la primeur, et non les Anglais.

Alors, une question se pose. Ce naufrage, n’est-il pas une punition que l’auteur inflige à son héros – qui est surtout un antihéros – ? Ceci, soit parce que Defoe réprouve l’esclavagisme ou soit parce qu’il réprouve l’illégalité dans laquelle se met Crusoé en contredisant les lois marchandes internationales ou soit parce que Defoe nous fait le portrait ici d’un jeune capitalisme cynique que seule une punition exemplaire pourrait assagir en lui inculquant un comportement rationnel apte à diriger une entreprise sans se laisser emporter par l’appât du gain ? Quoiqu’il en soit cette aventure sur l’île déserte dont Karl Marx dit dans le Capital qu’elle est une robinsonnade – ridiculisant ainsi les utopies et les fictions littéraires – nous interpelle et attire notre attention sur le courage et la tenacité de Crusoé capable de rebâtir un état dans un milieu hostile.

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