Exposition L’image
du 05 novembre au 20 décembre 2013
l’ESACM présentait dans le Grand Atelier une exposition mettant à l’œuvre l’image comme forme de recherche en art.
Cette exposition s’est appuyée sur trois voyages de recherche effectués en 2012 et 2013. dans le cadre du laboratoire de recherche « les espaces des paysages ».
Ces voyages ont amené professeurs et étudiants au Bénin, au Texas et sur les traces de Jean-Luc Godard.
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Il y a deux manières d’envisager les aventures de Robinson Crusoé.
La première prévaut depuis la parution du livre en Angleterre au début du XVIIIè siècle. Elle a fait le succès du personnage. Elle consiste à se concentrer sur sa survie dans l’île déserte, de son naufrage à son retour au pays natal. Peut-être même qu’elle continuera d’alimenter encore longtemps notre imaginaire, entre la promotion des kit de survie post-nucléaire sur les sites internet anglo-saxons et notre fascination pour la fin du monde, sans parler de la catastrophe écologique qui a lieu, en ce moment même.
La seconde manière considère Crusoé tel qu’il est avant et après son naufrage. Le propriétaire d’une plantation au Brésil. Sa passion première, son désir le plus fort est de pouvoir gérer (sans la fortune de son père) une entreprise et de jouir des bénéfices auxquels il a droit. Jusque là le personnage est conforme à l’éthique protestante de l’auteur, Daniel Defoe qui voit dans la naissance du capitalisme une manière de faire un honnête commerce, bien qu’il nous présente son personnage comme un jeune homme qui pourrait éventuellement échouer à s’enrichir, tellement il est hanté par une force insatiable de dépassement (il est fait pour le pire lit-on, mais aussi, il est son propre destructeur) ; Dans cette perspective, il préfigure les Traders du début du 21 ème siècle, tels qu’ils sont apparus au monde entier pendant la crise financière de 2008. D’ailleurs, à peine Crusoé est-il rentré en Angleterre qu’il prend des nouvelles de sa plantation au Brésil et la vend en faisant une plus-value. Voilà, l’argent qu’il rejette à peine arrivé sur l’île au prétexte qu’il lui sera inutile et qu’il est une drogue, est toute la vie de cet homme avant et après son expérience de survie.
Mais ce qui nous pose problème aujourd’hui, c’est que Crusoé, comme tous les commerçants de l’époque, était négrier. Voilà, il participait au trafic d’esclaves qui commençait sur la côte de Nouvelle-Guinée pour aller jusqu’aux Amériques. Trafic atroce dont on sait aujourd’hui que certains hommes noirs mourraient dans les cales des bateaux à force d’être maltraités. Mais aussi sa participation à ce trafic est illégale, c’est les Portugais apprend-on dans le livre qui en avait la primeur, et non les Anglais.
Alors, une question se pose. Ce naufrage, n’est-il pas une punition que l’auteur inflige à son héros – qui est surtout un antihéros – ? Ceci, soit parce que Defoe réprouve l’esclavagisme ou soit parce qu’il réprouve l’illégalité dans laquelle se met Crusoé en contredisant les lois marchandes internationales ou soit parce que Defoe nous fait le portrait ici d’un jeune capitalisme cynique que seule une punition exemplaire pourrait assagir en lui inculquant un comportement rationnel apte à diriger une entreprise sans se laisser emporter par l’appât du gain ? Quoiqu’il en soit cette aventure sur l’île déserte dont Karl Marx dit dans le Capital qu’elle est une robinsonnade – ridiculisant ainsi les utopies et les fictions littéraires – nous interpelle et attire notre attention sur le courage et la tenacité de Crusoé capable de rebâtir un état dans un milieu hostile.
Mercredi 11 décembre :
19h, Songs of Robinson,
Chansons autour de Robinson par les étudiants de l’Atelier de Recherches et Créations Écriture de Christophe Fiat.
20h,
Présentation et projection du film : Tu imagines Robinson de Jean-Daniel Pollet, 86 min, 1967.
22h30, Le temps du naufrage est un mystère, le potage éternel.
Jeudi 12 décembre :
9h30,
Christophe Fiat parle du naufrage de Robinson Crusoé sur une île.
10h30, dans la ville, Simulations romanesques d’espaces quotidiens avec l’artiste Jochen Dehn et les étudiants de la recherche Robinson ((Vendredi)). Ravitaillement offert.
14h,
Conférence performée de l’écrivain Thomas Clerc.
16h,
Christophe Fiat parle du retour de Robinson Crusoé en Angleterre.
Journée de discussion et de projection autour du Land Art et des territoires désertiques.
Cette journée est organisée par :
– Fabrice Flahutez, Maître de conférences habilité à diriger des recherches à l’Université de Paris Ouest Nanterre et membre du centre de recherche en Histoire de l’Art et des Représentations (HAR).
– Marianne Jakobi, Maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l’Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand et membre du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » (CHEC).
– Cédric Loire, Docteur en histoire de l’art, coordinateur de la recherche, École Supérieure d’Art de Clermont Métropole, et membre du Centre de recherche Interactions, transferts et
ruptures artistiques et culturels, (InTru), Université François Rabelais, Tours.
Intervenants :
– Joseph Dadoune, Artiste, Ofakim (Israël)
– Fabien Danesi, Maître de conférences en théorie et pratique de la photographie à l’Université de Picardie Jules Verne, critique d’art et intervenant au Pavillon, le laboratoire de création du Palais de Tokyo
– Elisa Larvego, Artiste, Genève
– Adeline Lausson, Docteure en histoire de l’art, réalisatrice de documentaires et monteuse pour Arte TV
En collaboration avec les laboratoires de recherche :
Les espaces des paysages, ESACM
CHEC, Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand
HAR, Université de Paris Ouest Nanterre.
Collages en France est un programme de recherche qui s’est déroulé entre 2012 et 2013.
Ce projet s’est constitué à partir de la figure du cinéaste Jean-Luc Godard et d’un voyage. Faire un voyage de recherche exactement comme on construit un film. En écrivant le scénario par étapes, en fonction des évènements, en fonction des situations mises en place, des rencontres, des villes, et des paysages, c’est à la fois avoir un but (le lointain) et en même temps être à l’écoute du voyage, des paysages traversés, rencontrés, arrêtés (le précis).
« XV de France » est le titre de l’exposition des diplômés de l’Ecole Supérieure d’Art de Clermont Métropole qui rassemble 15 jeunes artistes ayant obtenus leur Master/DNSEP en juin 2013.
« XV de France » désigne donc 15 jeunes artistes qui vont se réunir une dernière fois dans le cadre d’une exposition collective sur le lieu-même de leur formation avant de s’éparpiller au gré de leurs activités et projets respectifs.
Le dispositif de cette exposition flirte délibérément avec un autre quinze de France, rugbalistique celui-là. Reprenant la disposition des joueurs sur un terrain, chaque exposant et par extension chaque œuvre occupera un poste spécifique au sein de l’espace d’exposition de l’ESACM, le Grand Atelier.
L’Ecole Supérieure d’Art de Clermont Métropole a mis en place en novembre 2012, une résidence de recherche intitulée « Coopérative de recherche ». Barthélémy Bette, Carole Douillard, Tiphaine Hameau et Benjamin Sabatier sont les résidents-chercheurs invités pour l’année 2012-2013. Le nouvel axe de recherche de l’école, « les mondes du travail », est le cœur de la réflexion des chercheurs choisis. Venant d’horizons différents, étant sociologue, performer, jardinier et artiste plasticien, ceux-ci convoquent une pluralité de positions face aux questionnements soulevés par cette notion polysémique de travail.
Dans ce cadre, la Coopérative a organisé les jeudi 11 et vendredi 12 avril 2013, deux journées d’études reflétant cette diversité des approches et invite artistes, historiens, esthéticiens, sociologues à approfondir et à débattre autour des liens multiples qui peuvent exister entre création et formes d’activités.
Le dispositif de ces journées d’études (affiches, espaces de présentations et de débats…) a été pensé à partir d’un dialogue fécond entre les chercheurs et les étudiants de master. Ces derniers ont réalisé des interventions performées durant ces deux journées.
Ces journées d’études donnerons lieu à une édition qui paraîtra courant 2014.
Exposition Les Apprentis #2
du 9 au 13 mars 2013
Forum des Carmes
Dans le cadre de son partenariat avec le groupe Michelin, l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole présente Les Apprentis #2, une exposition des travaux d’étudiants de master.
Avec : Marie Astre, Camille Brée, Alexandre Paulus, Florent Poussineau, Jason Rouillot, Camille Varenne
Les Apprentis #2 est la 2ème exposition d’une série de 3 qui courront jusqu’au mois de mai 2015.
Pour ce deuxième volet, les travaux de 6 des 20 étudiants inscrits en master sont présentés. Ces expositions mettent à l’honneur le travail des étudiants de dernière année qui passeront au mois de juin leur diplôme de fin d’étude.
Chacun à leur manière, par leurs acquis et leur singularité, ces étudiants développent une recherche personnelle qui les amène à côtoyer différents territoires, différents milieux pour en tirer un regard inédit.
« Les espaces des paysages – Premier temps, quatre mouvements inaugure la série de publications témoignant des activités de recherche menées au sein de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole.
Développée à partir des expériences et des acquis de l’Arc «Paysage» dont une précédente publication dressait un inventaire provisoire, la thématique de recherche des «Espaces des paysages» s’est révélée être un vaste et généreux territoire de réflexion, où les enjeux artistiques croisent les problématiques culturelles et sociales, économiques et politiques.
Il était nécessaire et opportun, au terme de ce «premier temps», de réunir la totalité (ou presque) des contributions des nombreux intervenants aux quatre journées d’études – «quatre mouvements» – organisées depuis 20103. Sont venues s’y glisser les propositions d’enseignants-artistes et d’étudiants de l’école : propositions qui enrichissent le propos général de cet ouvrage dont elles croisent les perspectives ; et qui démontrent «en acte» ce qui constitue la recherche telle qu’elle est envisagée à l’ESACM – à savoir que «la recherche en art» peut aussi (et d’abord) prendre la forme d’œuvres à part entière.
Cette publication dresse donc un premier bilan de l’état de la recherche portant sur les paysages ; elle est évidemment un vecteur de diffusion de ses contenus, et constitue le socle de référence pour les perspectives qu’il nous reste à explorer. Elle offre une somme conséquente autant qu’hétérogène, tant par les personnalités qui y ont contribué (artistes et théoriciens d’horizons divers…) que par les sujets abordés et les angles d’approche retenus, empruntant à l’histoire de l’art, la géographie, la philosophie politique, les post-colonial studies, et les pratiques artistiques, leurs méthodes, leurs langages et leurs formes. »
Retour à Marfa, un an après. Impression d’un retour à la maison (même si l’équipe est en grande partie renouvelée) tant la ville demeure semblable à elle-même — tranquille îlot de résistance au désert qui l’entoure. Lieux et visages connus, amis ou qui le deviennent bientôt. Marfa, cette fois ultime étape d’un périple dans l’Ouest américain. Départ dans l’air immobile d’un après-midi tiède au pied des Watts Towers. Derrière nous bientôt le soir baigné par les amples rouleaux du Pacifique, sous la jetée de Santa Monica. Derrière nous le petit matin encombré des bretelles autoroutières. Franchi le col des San Gabriel Mountains, l’Interstate 15 file droit dans le désert nord californien du Mohave.
Escale à Shoshone, avant la descente au cœur de la Death Valley — plus de 80 mètres sous le niveau de la mer. Paysage aride, salé, désespérant — Badwater — solitude infinie. Soleil couchant sur Zabriskie Point ; hôtel perdu en bord de route. Dunes solitaires d’un sable dont la présence semble relever de l’anomalie géologique. Loin après Ubehebe Crater, au bout de la piste, des pierres mouvantes tracent, sur le fond d’une ancienne mer, des sillons dans la boue qui, durcie, les fossilise — mais pleut-il seulement parfois ?
Les plaines fertiles…
Les vallées n’existent pas.
C’est en quittant le désert que surgit le mirage — fata morgana. Lueur étrange derrière les crètes… la nuit disparaît. Ciel électrique.
Entertainment et paranoïa : faune de zombies accrochés à des bandits-manchots cliquetant et clignotant, à la dérive sur Fremont Street ; paysages en négatif — invisible Zone 51, évidée la montagne aux yuccas. À quelques miles, la Virgin River que surplombe une tranchée en ruines.
Le chaos géologique de la Valley of Fire — des morceaux de temps basculés, jetés là. Le perpétuel présent sans profondeur du Strip — une illusion de plus — ghost-town en sursis. Lieu de nulle part (et de partout à la fois, si l’on en croit l’architecture) ; peut-être un bel endroit pour une rencontre, une histoire, l’Histoire. Une femme, forcément (cinéma). Ou une déesse bâtisseuse. Ou une étoile lointaine. L’histoire du monde. Un mythe. Un homme aussi. Ou tous les hommes peut-être, ou alors aucun d’eux vraiment. L’histoire des Etats-Unis. Un mythe.