Ulla von Brandenburg et Leni Hoffmann

Une présentation de leur travail d’artistes et discussion avec le public 

Dans le cadre de la convention ERASMUS avec la Staatliche Akademie der Künste Karlsruhe (SABKK), les artistes  et enseignantes à la SABKK Ulla von Brandenburg et Leni Hoffmann vont présenter leur travail artistique respectif dans le cadre d’une table ronde.

Ulla von Brandenburg est une artiste allemande née en 1974 à Karlsruhe et installée à Paris depuis 2005. Après une formation en scénographie à Karlsruhe et une brève incursion dans le milieu théâtral, elle se forme à la Hochschule für Bildende Künste à Hambourg. Son œuvre se caractérise par la diversité des supports et des médiums (installations, films, aquarelles, peintures murales, collages, performances…) qui se répondent les uns aux autres et qu’elle met en scène en fonction des espaces d’exposition. Maîtrisant parfaitement les codes de la scénographie, nourrie de littérature, d’histoire des arts et d’architecture mais aussi de psychanalyse, de spiritisme et de magie, elle emprunte aussi bien aux rituels ésotériques et aux cérémonies populaires qu’aux mécanismes et aux codes du théâtre pour explorer la construction de nos structures sociales. […] Reconnu internationalement, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles, comme récemment au Palais de Tokyo (2020), au MRAC à Sérignan (2019), à la Whitechapel Gallery à Londres (2018), au Musée Jenisch Vevey en Suisse (2018), […]. Ses œuvres font partie de collections prestigieuses comme celle de la Tate Modern à Londres, du Mamco à Genève, du Centre Pompidou à Paris ou du Mudam à Luxembourg. […] (Source : Palais de Tokyo, 2020)

Leni Hoffmann (née en 1962 en Allemagne), professeur de peinture à la Staatlichen Akademie der Bildenden Künste à Karlsruhe, elle pratique la peinture avec des matériaux industriels comme l’étain ou la pâte à modeler. Elle peint aussi bien sur les pages d’un quotidien au moment de son passage sur les rotatives (Tageszeitung), qu’à même la chaussée quand elle fait lancer par des passants des boules de pâte à modeler de couleur sur la route. « […] En plasticienne de son temps, l’artiste allemande a élu ce matériau [la plastiline] pour ses qualités ductiles et le caractère éphémère des formes obtenues. Conçues en fonction du lieu, celles-ci sont détruites à la fin de l’exposition, quitte à être exécutées à nouveau en un autre espace, par exemple chez un collectionneur. La pâte à modeler conserve l’empreinte des doigts, révèle le travail de la main; c’est donc aussi pour son pouvoir expressif que l’artiste l’a adoptée. Expressivité ou subjectivité que contredit toutefois la manière d’apposer la matière sur une surface rectangulaire et d’en isoler la couleur: les monochromes qui apparaissent aux yeux du spectateur relèvent du plus pur minimalisme, sobre et austère. […] » (Sources : CNAP et Le Temps, 11/2/2003)

Inscrivez-vous pour échanger en ligne avec les chercheur.e.s de la Coopérative de recherche, le 31 mars et le 7 avril 2022

Deux permanences en ligne seront proposées par les chercheur.e.s de la Coopérative de recherche de l’ÉSACM. Pendant chaque permanence, un temps de présentation de la Coopérative sera proposé, pour informer et échanger autour de son fonctionnement et de ses activités.

Inscrivez-vous en remplissant le formulaire ci-contre : https://forms.gle/dbTWfJtMWtH5Kk9Z7

Vous recevrez peu après votre inscription un email de confirmation contenant les liens de connexion.

Plus d’infos sur la Coopérative de recherche sur le site de l’école, ou sur la plateforme en ligne de la Coopérative de recherche

« Promenons-nous dans les voix » Une résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers

Stefan Fereira et Elisa Villatte (diplômé·e·s en 2020) et 5 étudiant·e·s participent à une résidence aux Laboratoires d’Aubervilliers du 14 au 19 mars dans le cadre du programme « L’hypothèse continue ». 

Le duo d’artistes Stefan Fereira et Elisa Villatte développera les épisodes 3 et 4 du polar La Piscine dont il avait présenté la première partie lors du festival Porny Days, à Zürich, en 2019. En résidence avec Raoul Bonnefoy, Erika Fournel, David Lennon, Célestine Munch et Tristan Robert, étudiant·e·s en 5e année à l’ÉSACM, ils et elles expérimenteront une multiplicité de formes autour de la voix. Un projet de résidence sur une proposition de Régine Cirotteau, artiste et enseignante en vidéo, cinéma et performance à l’ÉSACM.

→ Une restitution publique intitulée « Promenons-nous dans les voix » sera proposée aux Laboratoires d’Aubervilliers le 19 mars 2022, à 15 heures.

Image : La Piscine, Stefan Ferreira et Elisa Villatte, diplômé.es en 2020. Photo Vincent Blesbois © ÉSACM

Orange Frisson #4 – Entendre des voix, diffusé sur la radio Le Chantier

Retrouvez l’épisode 4 de Orange Frisson – Entendre des voix, diffusé sur la radio Le Chantier.
Orange Frisson est une immersion sonore dans le corps de l’ÉSACM. Circulant sans boussole d’un espace à l’autre, cette traversée ponctuée de rencontres et d’entretiens expérimente les croisements et interroge tour à tour les formes, les gestes, les expériences et les processus de création en résonance avec le présent …
Pour ce 4e épisode, on se demande dans quel endroit du corps la voix vient-elle se nicher ? D’où vient ce souffle qui fait vibrer les cordes vocales et résonner l’atmosphère ? La voix peut-elle se perdre ? Les voix intérieures sont-elles toujours silencieuses ? Dans ce nouvel épisode, on respire fort et on entend des voix ; des voix graves et haut perchées, des voix qui caressent, qui murmurent et qui croassent, des voix humaines et animales, des voix chaudes et blêmes, des voix caméléons aux couleurs infinies…

Avec : Naomi Razafindrakoto / Sarah Vigier / Anastasia Ermolova / Célestine Munch
Musique : Erika Fournel, Vocales / Bazar Laqué, Monsieur Smic, Jeanne Jaune, Puy du Fou / Caroline Wadbled et Martha Fely, Bramer / Zoé Garnier, Le chapelier fou
Montage : Nelly Girardeau

Afia Rezk en résidence à l’ÉSACM en coopération avec L’atelier des artistes en exil

L’ÉSACM accueille Afia Rezk, artiste plasticienne, dans le cadre du Programme d’accueil d’urgence des scientifiques et artistes en exil (PAUSE), en coopération avec l’association L’Atelier des artistes en exil.

Afia Rezk est née en Arabie Saoudite, et a grandi en Syrie. Elle a étudié la peinture, puis la céramique, dans des ateliers d’artistes en Syrie, ainsi que la littérature arabe à l’université de Damas. Elle est arrivée en France et a rejoint L’Atelier des artistes en exil en 2018. En 2022, l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs (EnsAD) et l’École supérieure d’art de Clermont Métropole se sont associées pour l’accueillir en tant que résidente et intervenante, d’octobre à janvier, pour la première, et de février à juillet 2022, pour la seconde.

L’association clermontoise Les Ateliers, à la Diode, met à sa disposition un atelier pendant le temps de sa résidence à l’ÉSACM.

D’où viennent les références régulières à l’artisanat dans votre travail ?

En Syrie, les métiers de l’artisanat font toute la richesse de notre culture. Ces gestes étaient très présents dans ma famille. Ma mère et ma grand-mère tissaient des paniers et des tapis avec des motifs très riches, et en particulier des motifs végétaux, caractéristiques de l’artisanat syrien. Je les ai observées attentivement. J’ai commencé ma vie d’artiste avec la peinture, ainsi qu’en produisant des installations composées de matériaux que je trouvais autour de moi. Petit à petit je me suis tournée vers la céramique. Ce rapport entre art et artisanat m’a toujours beaucoup intéressée. Le point de départ de ma recherche artistique est l’envie de comprendre la structure des éléments qui m’entourent, et une passion pour l’analyse des formes. J’ai choisi de travailler avec de la matière organique, une matière en vie. Des feuilles, des pétales de fleurs, des herbes sauvages, des graines, des écorces de fruits et de légumes ainsi que de la terre, du sable ou des cendres.

J’ai vécu en région montagneuse et en pleine nature, en Syrie, une grande partie de ma vie, et j’avais cette matière-là à portée de main. Beaucoup d’herbes, de plantes, avec des couleurs et des formes très différentes. Ces éléments m’émeuvent car ils évoquent le passage irréversible du temps. Ma pratique est très proche du mouvement artistique italien de l’Arte Povera.

Au-delà de votre pratique artistique, vous avez également une expérience de l’enseignement.

J’ai commencé très jeune à découvrir seule, à faire mes propres expériences artistiques. Puis en grandissant j’ai décidé d’enrichir mon expérience à travers l’étude de la peinture. J’ai donc étudié auprès d’un artiste qui m’a transmis sa technique, et qui ensuite m’a proposé d’enseigner à mon tour. J’ai suivi le même parcours pour la céramique.

J’ai commencé à animer des ateliers d’arts plastiques en 2005, au sud de Damas. Il s’agissait de cours de peinture et de céramique, dispensés auprès de jeunes de 2 à 18 ans, en cours individuels et collectifs, parfois auprès de jeunes en difficultés ou en situation de handicap. Je leur faisais travailler la peinture, mais aussi explorer des techniques de collage ou différentes expériences plastiques variées.

Puis quand la guerre a commencé, j’ai suivi plusieurs formations au Liban, notamment en art thérapie mais aussi des formations au soutien psychologique par l’art, pour œuvrer à la protection de l’enfance et aider les familles en situation d’urgence. À partir de 2012, j’ai convoqué ces connaissances-là pour travailler auprès d’enfants et de femmes victimes de la guerre en Syrie. On utilisait alors la peinture, et on explorait également ensemble des formes liées au théâtre, à la performance. Je les accompagnais pour donner forme à leur récit, ouvrir la parole, et leur permettre d’exprimer leurs émotions dans le cadre de leur environnement familial, de leur maison.

Quand avez-vous rejoint la France et L’Atelier des artistes en exil ?

J’ai quitté la Syrie en 2017, pour rejoindre d’abord le Liban. J’y menais une exposition intitulée « La Lumière » inspirée par les ateliers d’art thérapie que j’avais menés auprès des femmes syriennes victimes de la guerre. J’avais donc travaillé autour des rayons lumineux que je voyais passer à travers leurs fenêtres et leur porte, et qui me paraissaient être des symboles d’espoir.

Je suis ensuite arrivée en France avec mon père, mon frère et mes sœurs en mai 2018. Mon père est également artiste. Il a reçu le premier prix d’État en 2012 du meilleur écrivain syrien. Et puis c’est tout simplement une connaissance, un américain qui avait acheté un de mes tableaux, qui m’a fait connaitre L’atelier des artistes en exil. J’ai rencontré les responsables de l’atelier, j’ai parlé de mon expérience, des expositions auxquelles j’avais participé jusqu’ici, et je les ai rejoints.

J’ai intégré l’école des Beaux-arts de Paris en 2019-2020, par le biais du programme « Hérodote ». Des artistes sont invité.e.e à rencontrer des enseignant.e.s, des étudiant.e.s, et peuvent apprendre le français. 

Votre projet de résidence évoque la question des ruines. Quel est le rapport de votre travail au passé ?

Les nombreuses destructions en Syrie m’ont conduite à réfléchir au potentiel de la mémoire des ruines. J’imagine les ambitions et les rêves qui s’y cachent, les histoires enterrées après les bombardements, les déplacements, l’exil. Les ruines sont le reflet de celles et ceux qui les regardent, entre le souvenir de ce qui fut et l’espoir de ce qui sera. Je travaille sur des explorations de la mémoire, ou de façon plus conceptuelle, une simulation de la mémoire qui peut changer et se déformer avec le temps. Tout cela m’a permis d’aborder la notion de résilience, notamment pendant la guerre, et m’a aussi permis une réflexion autour de la résistance.

Pendant ma résidence à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, j’ai mené un projet plastique intitulé Echos de mémoire avec l’artiste et enseignant Hiroshi Maeda et les étudiant.es de 4e année du département Image imprimée. Chaque étudiant.e a proposé une lecture différente de la mémoire. Certain.e.s ont travaillé sur une mémoire d’enfance, d’autres une mémoire fantasmée, d’autres encore se sont approprié.es les souvenirs de leurs proches. Avec cette matière nous avons pu monter une exposition qui comprenait à la fois de la peinture, de la gravure, de la sérigraphie, de l’édition, du collage, ou des installations.

Ces expériences de résidences sont très intéressantes. Elles viennent enrichir ma pratique. Par exemple, j’ai abordé l’édition pour la première fois avec les étudiant.es de l’ENSAD. Il s’est passé la même chose que dans les ateliers avec les enfants en Syrie. À chaque fois qu’on donne quelque chose on reçoit un enseignement en même temps. Je rejoins l’artiste Anselm Kiefer selon lequel le travail de l’artiste n’est jamais sa propre production, mais plutôt une œuvre collective.

J’ai aussi eu l’occasion de découvrir la gravure à l’école des Beaux-Arts de Paris, de travailler au sein de l’atelier de sérigraphie de l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy, ou encore à l’atelier de tissage à l’EnsAD.

Pendant ma résidence à Clermont-Ferrand, j’ai le projet de réaliser de grands formats ainsi que des installations. Pour la première fois depuis mon arrivée en France, je dispose d’un atelier et d’un espace de travail dédié. Et le paysage me fait penser à ma propre région, Suwayda, au sud de Damas, qui est aussi renommée pour ses pierres noires.  L’atmosphère est très inspirante.

Je présenterai les pièces que je vais produire ici dans une exposition à laquelle les Arts en balade m’ont proposé de participer au printemps prochain à la Chapelle de l’Ancien hôpital général avec les artistes Annie Bascoul et Eve Laroche Joubert.

La conférence « Les arts de l’Islam dans la création contemporaine » en partenariat avec le MARQ sera proposée jeudi 10 mars 2022 à l’ÉSACM.

La conférence « Les arts de l’Islam dans la création contemporaine », par Joël Savary, critique d’art contemporain et commissaire d’expositions, se tiendra jeudi 10 mars 2022, à 18h30, dans l’amphithéâtre de l’ÉSACM. Une conférence inscrite dans le programme « Conférence de l’école du Louvre » que propose le Musée d’Art Roger Quillot (MARQ) dans le cadre de l’exposition « Les arts de l’Islam, un passé pour un présent », ouverte jusqu’au 27 mars 2022.

Conférences sur réservation au 04 43 76 25 25 / accueil.marq@clermontmetropole.eu

En raison du contexte sanitaire, le pass vaccinal sera demandé pour accéder à la conférence.

Journée portes ouvertes 2022

Les Journées portes ouvertes de l’ÉSACM auront lieu à l’école, les 28 et 29 janvier de 10h à 19h (sur inscription) et en ligne via Instagram du 14 au 18 février 2022.

Cette année, l’ÉSACM vous ouvre ses portes en deux temps :

• Un premier rendez-vous à l’école le vendredi 28 et le samedi 29 janvier de 10h à 19h, 25 rue Kessler à Clermont-Ferrand, sous la forme de visites guidées par groupes de 15 personnes maximum.

En plus des visites, deux conférences de présentation de l’ÉSACM seront données par le directeur le samedi 29 à 11h et 15h.

Compte tenu de la situation sanitaire, nous vous conseillons vivement de vous inscrire ici pour réserver votre visite. Pour ce faire, veuillez choisir un créneau disponible et distinct pour une visite et/ou une conférence de présentation. Validez votre inscription en indiquant votre adresse e-mail et vos nom et prénom. Vous recevrez un e-ticket par e-mail et vous serez inscrit·e sur nos listes. Merci d’arriver quelques minutes avant l’heure de départ du groupe.

• Des rendez-vous à distance et en live, via Instagram, seront proposés du 14 au 18 février : des visites de l’école menées par des étudiant·es, une FAQ, des présentations de l’examen d’entrée et de l’école d’art dans son ensemble (programme à venir prochainement).

Retrouvez ci-dessous une vidéo qui propose une visite virtuelle de l’école par ses étudiant·es, ainsi qu’une vidéo de présentation de la formation par le directeur, Emmanuel Hermange.

 

 

 

Pour plus d’informations, nous vous invitons à parcourir notre site internet et à consulter les liens suivants :

Portrait de diplômé·es / Bruno Silva

Mykiss, panneaux de polycarbonate, colle vinylique et poudre de talc, transfert d’impression jet d’encre, tubes en métal, pinces, 250×300 cm, 2021 – photo Vincent Blesbois

 

As-tu passé l’intégralité de ton cursus à l’école ? Quels étaient tes sujets d’intérêt, les expériences qui ont compté, pendant ta formation à l’école ?

Le début de mon parcours à l’ÉSACM a commencé dans le cadre d’un échange via Erasmus en 2010. A ce moment-là, j’étais en 4e année à la Faculdade de Belas Artes da Universidade do Porto. Au Portugal, les licences se font en 4 ans et non pas en 3 ans comme en France. J’étais donc dans ma dernière année de licence à Porto quand je suis venu via Erasmus à l’ÉSACM. À la fin des 5 mois d’échange, la question s’est posée : est-ce que je rentre ou est-ce que je reste à Clermont ?

J’ai donc décidé de passer une commission d’équivalence pour intégrer la phase projet et passer le DNSEP à l’école d’art de Clermont.

L’ÉSACM m’a plu par son approche pédagogique qui proposait un enseignement moins théorique qu’à Porto. Les deux systèmes pédagogiques, complémentaires, ont été importants pour moi car cela m’a permis de fabriquer des croisements et rencontres que je n’aurais jamais pu faire en étant seulement à Porto. Aucun des deux systèmes n’est mieux que l’autre, je le souligne, le croisement des deux a enrichi les choses au travers d’un empilement d’expériences.

Pendant les deux années à l’école d’art de Clermont je me suis intéressé à la transformation de l’existant à travers des documents, des images, à leur archivage et à leur détournement. J’ai pris mes études comme un temps de recherche et non pas de production. Comme une sorte de moment d’errance, un temps de dérive. Cela était visible dans mon travail au travers de formes non nommées, fragiles et souvent éphémères. Comme une expérience qui amène à une autre et comme une autre encore poursuit la précédente.

 

Bruno Silva, Vitrail #1, feuille de caoutchouc, colle blanche, talc, transfert impression jet d’encre, dimensions variables / Tom Castinel, Branches, béton, 2021

 

Peux-tu dire quelques mots de ta pratique aujourd’hui, de ta façon de travailler et de ton champ d’activités ?

Ma pratique a bien sûr évolué. Je me suis plus investi dans la matérialité des formes. Cependant, la façon dont je réfléchis le travail est restée la même. Je me base sur des ressources existantes, des objets résiduels, trouvés, usagés, consommés, jetés, modifiés, les images et les résidus d’une rencontre. Je m’entoure de formes marquées par le temps qui parlent d’expériences personnelles, de traces et d’usages humains.

Une forme d’errance persiste dans le dialogue entre les corps, dérivant entre les médiums, suivant leurs flux et jouant avec la nature des choses. Comme une chorégraphie entre une idée et son image, réelle ou fictionnelle, mon travail circule entre la présence et l’absence, l’apparence et la substance, entre le mouvement et l’attente.

Depuis peu, je m’intéresse à l’alliage entre le synthétique et le naturel : une collaboration entre artefacts et phénomènes naturels. La peau, la pellicule, l’habillage, la surface, sont ainsi des éléments que je m’attache plus particulièrement à relever. Étant la première strate travaillée par le temps, la surface conserve les marques de son exposition à l’érosion provoquée par la lumière, la température ou l’usage humain.

Mon travail est double. Il parle de fonctionnement et de dysfonctionnement, il essaie de relier le vivant et l’inerte. Les formes que je produis sont des formes momifiées, voire « zombifiées », elles parlent de vie et de mort à la fois. Elles s’incrustent parfois dans l’architecture d’un lieu, influençant la façon dont on le perçoit et lui attribuant une atmosphère entropique.

 

Quelles ont été tes expériences à la sortie de l’école ? Est-ce à ce moment-là que tu as intégré les Ateliers ?

À la sortie de l’école j’ai eu une année creuse et pleine de questionnements, comme la plupart des diplômé·es. J’ai décidé de m’inscrire dans un master de médiation culturelle à l’Université Clermont Auvergne que j’ai fini par abandonner au bout d’un an. Cependant, ce master m’a été utile car j’avais un stage obligatoire à réaliser et je l’ai fait auprès de l’association Artistes en résidence. Ce stage m’a permis de me rapprocher de la scène artistique clermontoise et d’entrer au cœur des activités associatives. À ce moment-là, fin 2013, j’ai intégré le collectif Les Ateliers qui était en train de se former et de rejoindre des locaux au Brézet. Ce groupe d’artistes posait la question des ateliers d’artistes et défendait la création d’un lieu à Clermont, soutenus par les collectivités territoriales. Appuyés par le Conseil départemental du Puy-de-Dôme et l’ÉSACM, et plus tard par Clermont Auvergne Métropole, nous avons autogéré les locaux pendant 7 ans et organisé des expositions, des concerts, des performances et des rencontres. Nous y avons accueilli une cinquantaine d’artistes en rotation, chacun disposant de son atelier. L’association Les Ateliers a récemment déménagé à la Diode, pôle d’arts visuels municipal, dans des locaux entièrement neufs et équipés dont la réalisation et le financement sont portés par Clermont Auvergne Métropole.

Cette expérience a été très importante pour ma pratique artistique, ainsi que dans la fabrication des outils et expériences qui m’ont amené à une pensée collective et à travailler avec les autres. Sans forcément intégrer constamment le collectif dans ma pratique artistique, je trouve ma place avec les autres en proposant des formes de rencontre, en invitant d’autres artistes à exposer, à collaborer.

En tant qu’artiste, je pense que nous ne sommes pas obligés de tout mélanger, nous pouvons avoir plusieurs activités artistiques, personnelles et/ou collectives.

 

Ossos, support de bidet en métal, fil métallique, feuille artificielle, 50x60x33cm, 2020

 

Peux-tu parler de ton implication dans Artistes en résidence ?

Artistes en résidence a peut-être été le moment le plus important jusqu’à présent dans mon parcours.

Comme je l’évoquais précédemment, j’ai commencé par être en stage, puis bénévole pendant quelques années jusqu’à devenir salarié de l’association il y a 3 ans. Martial Déflacieux, le fondateur d’Artistes en résidence, a été un excellent « formateur » car nous avons beaucoup échangé autour de ce qu’est « être dans l’art ». Il m’a permis de connaître la réalité du fonctionnement associatif dans les arts visuels. Et j’ai pu rencontrer une centaine d’artistes, avec des pratiques très différentes, avec des points de vue très différents sur la place d’un artiste dans l’art et dans la société. Cela m’a forcément enrichi et forgé. Je suis actuellement chargé de la co-coordination de l’association Artistes en résidence avec Isabelle Henrion qui en est la directrice.

Employé à mi-temps, je bénéficie d’un revenu minimum stable, j’ai du temps pour ma pratique artistique et en même temps, je reste dans le milieu et je continue à m’enrichir avec de belles rencontres.

Dixie, terre cuite, colle vinylique et poudre de talc, 50x36x27cm, 2021 – photo Vincent Blesbois

 

Peux-tu parler de la création de « home alonE » ?

home alonE est né dans le but de créer un lieu d’exposition dans un espace domestique — chez moi et Romane Domas, à l’époque —, au départ principalement pour y inviter des artistes clermontois. En 2014, année de création de home alonE, il existait très peu d’espaces de diffusion pour les artistes à Clermont-Ferrand. Disons que la scène clermontoise de l’époque se faisait voir ailleurs, donnant rarement l’occasion de voir ce que chacun de nous faisait. Les artistes partaient plus souvent qu’aujourd’hui car ils avaient peu d’opportunités pour partager leur travail à Clermont.

Le projet est donc né dans ce sens-là : donner un petit coup de visibilité aux artistes du territoire et leur donner la possibilité de s’implanter localement.

Nous recevons le soutien de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes depuis quelques années ce qui nous permet de soutenir économiquement les artistes, à notre échelle, dans leurs productions.

Parallèlement, j’étais intéressé par le fait de cohabiter avec des œuvres, de les traverser dans mon quotidien ou de boire un café devant un dessin, de faire vivre les œuvres.

Comme quand on invite quelqu’un chez nous, j’ai toujours essayé de faire en sorte que les artistes invités se sentent comme chez eux en leur proposant des cartes blanches. Ils font ce qu’ils souhaitent, que ce soit une production spécifique pour l’espace ou l’exposition d’œuvres déjà existantes.

Je vous invite à lire l’article sur home alonE dans la Belle Revue pour en savoir plus : https://www.labellerevue.org/fr/focus/2020/home-alone

Quand le projet a commencé, je n’imaginais pas qu’il durerait aussi longtemps. C’est arrivé naturellement, tant que les énergies restaient éveillées. Mais les énergies se renouvellent. Depuis sa création, je projet a évolué et de nouvelles personnes ont ouvert des espaces d’exposition dans leur maison en gardant le nom du projet home alonE.

Le premier home alonE existe toujours au 6 place Saint-Pierre avec Romane Domas, locataire de l’appartement. Il y a aussi les home alonE chez moi au 53 rue Drelon, chez Hervé Brehier à Saint-Pierre-Le-Chastel et chez Clara Puleio, qui est en train de déménager.

Une franche réussite (rires) !

 

SITES / LIENS :

www.bruno-silva.eu

www.artistesenresidence.fr

www.lesateliers.eu

www.homealone.tk

 

l’ÉSACM accueille le festival Traces de Vies

À l’occasion du festival de films documentaires Traces de vie qui aura lieu du 27 novembre au 4 décembre 2021 à Clermont-Ferrand et Vic-le-Comte, l’ÉSACM accueille deux projections ouvertes au public, en présence des réalisateurs :
Silent Voice de Rika Valerik (2020, France, vostfr, 51′ / Dublin Films et Need Production)
Storgetnya de Hovig Hagopian (2020, France, vostfr, 21′ / La Fémis)

Lundi 29 novembre à 18h, dans l’amphithéâtre de l’ÉSACM, entrée libre (passe sanitaire obligatoire).

→ Plus d’infos

Image extraite du film Storgetnya de Hovig Hagopian