Valentine Traverse

Je traverse le jardin public de la ville, j’ai mal au pied, j’aurais pas dû mettre ces chaussures.

Mes trois amis qui m’accompagnent ont aussi des chaussures qui font trop mal : Louis des chaussures rastafari, Pierre-Olivier des chaussures « bulles » et Chloé marche avec des fausses Lady-gaga. Sur les miennes on voit un paysage de montagne alpin et de la neige. Dans le parc c’est l’été, les fleurs se montrent, les cygnes aussi, excepté ce mec qui gratte des Astro sur son banc. En face de lui Caroline, 17 ans fait du shopping sur son phone depuis un autre banc, un mec s’approche d’elle lui propose de ///////////////////////////////////////, elle répond « non désolé j’ai pas d’argent ».

OKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKK

Je travaille par accumulation de petits gestes intuitifs. À travers ces actions, je crée des saynètes, des versions altérées de la réalité. J’évoque sans complexe des choses de mon quotidien et les rends parfois fantasmagoriques. Allonger des idées, des moments brefs afin de reconsidérer leurs importances ainsi que leurs capacités à susciter de l’attention chez un spectateur et à la tenir.. Je travaille à partir du dessin que je pratique comme une écriture quotidienne. Puis la peinture, la céramique, la performance et autres divers matériaux tel que des Pepitos, une branche, des t-shirts, des carottes râpées…

A partir d’un brouhaha de matériaux récupéré et de multiples intentions qui s’accumulent, des formes émergent: des figures, des présences.

 

Intérieur jour et chaussettes bleues, exposition des diplômés 2018

EXPOSITION DU 3 AU 27 OCTOBRE 2018

Vernissage mardi 2 octobre 2018 à 18h à l’ESACM, puis à 19H30 à l’association « Somme toute »

« L’atelier comme un projet artistique et collectif. Quitter une école d’art est un moment important. Partir d’un lieu connu et formateur, qui pendant plusieurs années a été source de rencontres et d’expériences enrichissantes. La multitude de connaissances et de compétences ont été étudiées, enregistrées, digérées, recrachées, déformées, présentées, exposées, analysées, pour enfin être diplômées. À présent, il est nécessaire de s’en émanciper, voire de s’en débarrasser. Non pas qu’elles soient embarrassantes mais elles appartiennent à une étape pédagogique, de formation et de transmission, au sein de l’institution. Les ancien.ne.s étudiant·e·s de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole ont eu envie de concevoir leur propre espace pour poursuivre et initier des expérimentations. En 2018, ils.elles ont créé l’association « Somme toute » et investissent un atelier au numéro 1 de la rue Saint-Eutrope à Clermont-Ferrand. L’espace est une ancienne boulangerie située en rez-de-chaussée dont les vitrines donnent sur la rue. Le projet « Intérieur jour et chaussettes bleues » est l’occasion de fêter son inauguration et d’y réaliser l’exposition des diplômé·e·s. Tel un prologue, un objet éditorial collectif est présenté au sein de l’ESACM et indique la dynamique vers l’atelier. Imaginant la rencontre de différents intérieurs, les oeuvres s’y déguisent parfois sous les traits d’un mobilier mêlant le vrai, le faux et le fictif, des performances et des actions furtives invitent les visiteurs à porter une attention aux détails, aux simulacres et aux doubles.

L’atelier comme un lieu d’exposition pour inviter d’autres artistes, créer des événements et provoquer de nouvelles connaissances. Progressivement se définir comme collectif, groupe, communauté, pour affirmer son parcours, sa pratique en dialogue avec d’autres, et le partager avec des publics conquis, familiers et curieux. 
L’atelier comme un espace de travail pour la production et la recherche. Où il est possible de tester, faire, défaire, refaire, laisser de côté, détruire, récupérer. Tout bouge, rien n’est figé. Tout peut basculer dans un nouvel état, une nouvelle forme. Sont visibles l’inachèvement, le processus et l’échec. Les outils, les matériaux, la poussière. Exposées, les œuvres font belle figure, ne montrent pas les essais préalables, les versions successives, les tentatives ratées. 
L’atelier comme un appartement en colocation. Avec son mobilier à plusieurs usages et effets : tables, chaises, vaisselle, bibliothèque, cheminée, etc. Avec ses réunions, ses pauses café-cigarette, ses repas, ses tensions et ses débats.
L’atelier comme une décision de prolonger un temps commun où se mêle l’art et la vie. Permettre que la fiction surgisse là où l’on ne l’attendait pas. Saisir la chance que tout soit encore à construire. »

Marie Bechetoille, curatrice et critique d’art

Avec :

Emma Baffet / Clélia Barthelon / Chlöé Bedet / Louis Ngoa Chambon / Benjamin Debord / Pierre-Olivier Dosquet / Sébastien Lacour / Emmanuelle Lambin-Quesney / Emmy Ols / Marguerite Soulier / Anaïs Tison / Louise Thomas / Valentine Traverse

 

Infos pratiques : 

-À l’ÉCOLE SUPÉRIEURE D’ART DE CLERMONT MÉTROPOLE

Prologue à l’exposition, du 3 au 19 octobre 2018

Du lundi au vendredi, de 9h à 19h

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-À L’ASSOCIATION « SOMME TOUTE »

Exposition du 3 au 27 octobre 2018

Du mercredi au samedi de 14h à 18H

1, rue Saint-Eutrope, Clermont-Ferrand

T. 06 32 30 03 94 / sommetoute-clermontferrand@gmail.com