« Faufilés », exposition rencontres, les 13 et 14 octobre 2021

En 1910 Clermont-Ferrand accueille comme de nombreuses autres villes en France une exposition coloniale « Le village Noir » au cours de laquelle des « zoos humains » sont mis en place. Des hommes, femmes, enfants ont été exposés afin de présenter aux yeux du grand public français les richesses et la puissance de l’empire colonial français. « Faufilés », ce projet artistique multidisciplinaire, vise à mener des réflexions, des créations et des productions autour du concept « d’objets » et de « zoos humains » et des questions posées dans le cadre des débats sur la restitution et la décolonisation des musées. L’évènement réunira des intervenant.es issus d’horizons géographiques et artistiques variés, et issus du monde de l’art contemporain, que ce soit dans les domaines des arts plastiques ou de l’univers du spectacle vivant.

L’exposition « Faufilés » marquera la conclusion du programme de recherche Figures de transition (Surexpositions) menés par les chercheur.es de l’ÉSACM, qui traitait de la question de l’intérêt renouvelé pour l’art contemporain d’Afrique.

Mercredi 13 octobre => exposition, Jardin Lecoq

Jeudi 14 octobre => rencontres, ÉSACM

—————————————

Mercredi 13 octobre 2021 = > Jardin Lecoq

• 10h Accueil du public

• 11h30 Session de performances

• 15h Session de performances

• 17h30 vernissage

• 18h Session de performances

Artistes et intervenant·es : Edwige Aplogan, Blaise Bang, Hélène Bardot, Bienvenue Bazié, Axel Brauch, Koko Confiteor, Jacques Duault, Enrico Floriddia, Hermas Gbaguidi, Jocelyn Wagninlba Kone, Papa Kouyaté, Marie-Pierre Loncan, Gesine Mahr, Jacques Malgorn, Laure Manéja, Ildévert Méda, Jenny Mezile, Lazare Minoungou, Thierry Oueda, Désiré Sankara, Anne Sarda, Wilfried Souly, Moïse Touré, Marielle Vichard, Charles Wattara, Eric Zongo, et les étudiant·es de l’ÉSACM.

Jeudi 14 octobre 2021 = > ÉSACM

• 10h Accueil du public

• 11h30 Intervention de Moïse Touré, metteur en scène, compagnie Les Inachevés, Grenoble

• 14h Intervention de Anna Seiderer, historienne de l’art, Université Paris 8

• 16h Discussion de clôture

Intervenant·es : Anna Seiderer, Moïse Touré, les étudiant·es de l’ÉSACM, et les artistes de l’exposition au Jardin Lecoq. Complété par des œuvres de Nico Joana Weber, et de la collection du musée Bargoin

Le Film infini (le travail)

Ce livre est une édition corrigée du prototype montré lors de l’exposition Un film infini (le travail) produite par le groupe de recherche éponyme à Clermont-Ferrand en mai 2016.
Cette exposition présentait le film tourné les deux années précédentes dans les usines Michelin de Clermont-Ferrand et de Shanghaï, un cabinet d’écoute ainsi qu’un ensemble d’images à emporter.

Ce livre montre une partie ou la somme des textes écrits, des images tournées, des dossiers produits, des livres lus, des films vus, des voyages partagés, des workshops réalisés, des expositions conçues, des expériences vécues qui ont été produits et ont permis au programme de recherche Un film infini (le travail) d’exister entre 2013 et 2016 à l’ESACM.
Il essaie de montrer aussi simplement que possible le travail produit pendant ces trois années par les enseignants, les chercheurs les étudiants et leurs invités.

Ce livre n’est pas l’aboutissement du programme de recherche puisqu’il ne montre pas le film réalisé, cœur de notre programme, mais la matière périphérique nécessaire à son élaboration mettant à plat et sans volonté de hiérarchisation les sources et les fruits de ce travail.
Ce livre est une étape. Le film continue.

Photos : Vincent Blesbois

Les Espaces des paysages – premier temps, quatre mouvements

« Les espaces des paysages – Premier temps, quatre mouvements inaugure la série de publications témoignant des activités de recherche menées au sein de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole.
Développée à partir des expériences et des acquis de l’Arc «Paysage» dont une précédente publication dressait un inventaire provisoire, la thématique de recherche des «Espaces des paysages» s’est révélée être un vaste et généreux territoire de réflexion, où les enjeux artistiques croisent les problématiques culturelles et sociales, économiques et politiques.
Il était nécessaire et opportun, au terme de ce «premier temps», de réunir la totalité (ou presque) des contributions des nombreux intervenants aux quatre journées d’études – «quatre mouvements» – organisées depuis 20103. Sont venues s’y glisser les propositions d’enseignants-artistes et d’étudiants de l’école : propositions qui enrichissent le propos général de cet ouvrage dont elles croisent les perspectives ; et qui démontrent «en acte» ce qui constitue la recherche telle qu’elle est envisagée à l’ESACM – à savoir que «la recherche en art» peut aussi (et d’abord) prendre la forme d’œuvres à part entière.
Cette publication dresse donc un premier bilan de l’état de la recherche portant sur les paysages ; elle est évidemment un vecteur de diffusion de ses contenus, et constitue le socle de référence pour les perspectives qu’il nous reste à explorer. Elle offre une somme conséquente autant qu’hétérogène, tant par les personnalités qui y ont contribué (artistes et théoriciens d’horizons divers…) que par les sujets abordés et les angles d’approche retenus, empruntant à l’histoire de l’art, la géographie, la philosophie politique, les post-colonial studies, et les pratiques artistiques, leurs méthodes, leurs langages et leurs formes. »

Cédric Loire

Vega

Retour à Marfa, un an après. Impression d’un retour à la maison (même si l’équipe est en grande partie renouvelée) tant la ville demeure semblable à elle-même — tranquille îlot de résistance au désert qui l’entoure. Lieux et visages connus, amis ou qui le deviennent bientôt. Marfa, cette fois ultime étape d’un périple dans l’Ouest américain. Départ dans l’air immobile d’un après-midi tiède au pied des Watts Towers. Derrière nous bientôt le soir baigné par les amples rouleaux du Pacifique, sous la jetée de Santa Monica. Derrière nous le petit matin encombré des bretelles autoroutières. Franchi le col des San Gabriel Mountains, l’Interstate 15 file droit dans le désert nord californien du Mohave.
Escale à Shoshone, avant la descente au cœur de la Death Valley — plus de 80 mètres sous le niveau de la mer. Paysage aride, salé, désespérant — Badwater — solitude infinie. Soleil couchant sur Zabriskie Point ; hôtel perdu en bord de route. Dunes solitaires d’un sable dont la présence semble relever de l’anomalie géologique. Loin après Ubehebe Crater, au bout de la piste, des pierres mouvantes tracent, sur le fond d’une ancienne mer, des sillons dans la boue qui, durcie, les fossilise — mais pleut-il seulement parfois ?

Les plaines fertiles…
Les vallées n’existent pas.

C’est en quittant le désert que surgit le mirage — fata morgana. Lueur étrange derrière les crètes… la nuit disparaît. Ciel électrique.

Entertainment et paranoïa : faune de zombies accrochés à des bandits-manchots cliquetant et clignotant, à la dérive sur Fremont Street ; paysages en négatif — invisible Zone 51, évidée la montagne aux yuccas. À quelques miles, la Virgin River que surplombe une tranchée en ruines.

Le chaos géologique de la Valley of Fire — des morceaux de temps basculés, jetés là. Le perpétuel présent sans profondeur du Strip — une illusion de plus — ghost-town en sursis. Lieu de nulle part (et de partout à la fois, si l’on en croit l’architecture) ; peut-être un bel endroit pour une rencontre, une histoire, l’Histoire. Une femme, forcément (cinéma). Ou une déesse bâtisseuse. Ou une étoile lointaine. L’histoire du monde. Un mythe. Un homme aussi. Ou tous les hommes peut-être, ou alors aucun d’eux vraiment. L’histoire des Etats-Unis. Un mythe.

Et sous la Stratosphere, l’eau — silencieuse

Lost Horses

Printemps 2012. Quatre étudiants et trois enseignants de l’École Supérieure d’Art de Clermont-Métropole partent pour Marfa, dans l’ouest du Texas. Sur les traces de Donald Judd. Motivé à la fois par la présence à Marfa d’artistes en résidence, par l’existence des fondations Judd et Chinati, ce premier séjour dans cette région est aussi — surtout ? — animé du désir de partager l’expérience du désert.

C’est une équipe de recherche qui se retrouve là, sillonnant la région des heures et des jours durant, dans une voiture devenue laboratoire mobile, d’El Paso à Big Bend State Park, de Fort Davis à Candelaria, de Pinto Canyon Ranch à White Sands, Nouveau Mexique. Chacun est là pour poursuivre et nourrir son propre travail ; pour tenter de concrétiser un projet. Chacun mesure aussi combien la rudesse du pays, la puissance des paysages, sont à même de le tenir en échec — mais cette sorte d’échec qui vaut plus qu’une réussite, car les choses s’en trouvent profondément déplacées, rétablies dans leurs rapports d’échelle et de force. Ces projets constituent l’amorce d’un projet collectif qui s’impose bientôt : un film.

Pas un film documentaire, ni même un récit de voyage : plutôt une forme de recherche — une forme en recherche. Un film tourné dans une région vue et vécue dans le long travelling avant de la route et de la marche. Un film qui restitue moins le déroulé objectif des événements qu’il ne s’offre comme un partage d’intensités. Un film sur, dans, des paysages déjà cinématographiques. Un film nourri de cette ambivalence entre le sentiment de « déjà vu », l’imaginaire collectif que le cinéma, justement, a contribué à façonner, et l’expérience vécue, le choc du retour sur soi qu’impose le désert. Sur les traces de Donald Judd, c’est peut-être d’abord à la recherche d’eux-mêmes qu’ils sont partis.

Cédric Loire