L’exposition des diplômé.e.s 2020 est à découvrir du 1er au 16 octobre

:cerise: :cerise: :cloche:

Exposition des diplômé.e.s 2020, à découvrir du 1er au 16 octobre, dans le Grand atelier de l’ÉSACM. Vernissage le 6 octobre.
Une exposition à découvrir du lundi au vendredi, de 10h à 19h, à l’ÉSACM.

Avec :
ANTUNES Théo / ARNAUD Élise / BASIRI Niloufar / BEAUCOURT Antoine / BISSON Léa / CHOPY Jeanne / COMBRET Hortense / FERREIRA Stefan / FONTANIÉ Lola /LIÈVRE Jade / PAILLASSOU Maxime / PALLUY Clémentine / PRETTO Manon / SERIN-TUIKALEPA To’a /STORUP Frédéric / TORNAMBE Robin / VARIN Hippolyte / VILLATTE Élisa / YAHFOUFI Malak.

Le masque est obligatoire dans l’enceinte de l’établissement, et du gel hydroalcoolique sera mis à votre disposition.

Un workshop « Chœur de costumes », pour la parade inaugurale du FITE – Festival International des Textiles Extraordinaires

Cette semaine, une dizaine d’étudiant.e.s de l’ÉSACM participent au workshop « Chœur de costumes », accompagné.e.s par les artistes Shivay la Multiple et Eddy Ekete, sur une proposition de Camille Varenne et Philippe Eydieu.
À partir de la mise en mouvement des corps, des costumes seront pensés, individuels, collectifs, un chœur de costumes. Le workshop se terminera par une parade qui cheminera jusqu’au musée Bargoin, pour l’inauguration du FITE-Festival International des Textiles Extra Ordinaires, mardi 22 septembre, à 18h30 ! (RDV devant l’ÉSACM)

Les rendez-vous de l’ÉSACM pour le FITE :

– Parade inaugurale : mardi 22 septembre à 18h30 devant l’ÉSACM, 25 rue Kessler
– Participation des artistes Shivay la Multiple et Eddy Ekete au café / rencontre au Musée Bargoin mercredi 23 septembre à 10h30
– Participation des artistes Shivay la Multiple et Eddy Ekete à la causerie de la librairie Le Grin, « Poésie et incertitude, le love etc. Est un espace où il n’y a pas la solution », mercredi 23 septembre à 12h30

Portrait de diplômé·es / Marjolaine Turpin

Marjolaine Turpin a obtenu un DNSEP à l’ÉSACM en 2015. Artiste plasticienne, ses recherches s’articulent autour de questions liées au monde végétal, l’observation de la nature, et le rapport au geste. 

Pouvez-vous nous parler de votre travail plastique ?

Mon travail est lié au végétal, même si ce n’est pas forcément une matière première visible dans les œuvres. Les questions de lenteur, de formes endormies, de présences silencieuses et de croissance constituent une base sur laquelle je m’appuie beaucoup. Ensuite vient la question du geste qui est souvent intimement liée à la matière que j’utilise, comme par exemple dans ajour, qui se présente sous la forme d’un aplat enduit, qui est simplement lissé jusqu’à ce qu’il miroite dans l’espace. L’enduit est poussé au bout de sa fonction, et il révèle un dessin à toucher, très lisse, mat ou brillant selon les endroits. C’est une installation dont la réalisation est plutôt physique, elle nécessite beaucoup de couches à appliquer et à poncer pour arriver à cette brillance, mais ce qui me plaît, c’est que sa présence dans l’espace reste discrète et silencieuse, comme pourrait l’être une image de neige.

Ces derniers temps je travaille aussi le textile, j’ai notamment engagé un processus de broderie sur un grand format, paroi, qui continue d’évoluer et de se remplir depuis 2018. C’est une broderie dite « au poinçon » qui est une technique où le geste est très simple, et qui permet de ne jamais faire de nœuds, le fil et le tissu sont liés par des jeux de tensions. Le fait que rien ne soit noué, et que les fils et le tissu tiennent en équilibre l’un avec l’autre est un aspect qui me plaît beaucoup.

Depuis votre sortie de l’école, sur quels projets marquants avez-vous travaillé ? 

En 2018, l’ÉSACM m’a présentée au jury des Galeries Nomades, pour lesquelles j’ai été sélectionnée. C’est un programme de soutien à la jeune création de l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne/Rhône-Alpes, qui m’a permis de réaliser une résidence à Moly-Sabata, une exposition personnelle à l’espace d’art contemporain Les Roches, et d’avoir un très beau texte sur mon travail par Mathilde Villeneuve dans la Belle Revue #9. C’est une expérience importante qui m’a permis de rencontrer des personnes bienveillantes vis à vis de ma pratique. Ces personnes ont suivi une grande partie du processus de travail pour cette exposition, et ça a créé des liens qui continuent à nourrir et influencer mon parcours deux ans plus tard.

D’ailleurs, en ce moment, je suis en train de préparer des projets qui découlent directement de cette expérience. Je prépare une exposition personnelle à l’espace Jean de Joigny, dans l’Yonne, sur l’invitation de Cécile Desbaudard qui a découvert mon travail dans La Belle Revue, ainsi qu’une résidence de production prévue en 2021 sur une invitation de l’IAC, qui continue à suivre mon travail.

En dehors des retombées directes de ces expériences, tout cela m’a aussi permis de vraiment prendre confiance en mon travail et de réussir à construire une pratique professionnelle.

Pouvez-vous nous parler du passage vers l’après-école ? 

À la sortie de l’école en 2015, j’ai commencé par m’assurer un travail alimentaire à La Poste. J’étais alors agent de tri à Lempdes, pendant presqu’un an, et en parallèle je participais à certains projets accompagnés par l’ÉSACM, comme l’exposition des diplômé.e.s, celle des Enfants du Sabbat au centre d’art du Creux de l’Enfer. C’était un moment de mutation et j’avais besoin de m’assurer un début de stabilité financière, que je n’avais pas pendant mes études. Mais cette expérience m’a permis de découvrir le monde du travail industriel, très différent du domaine culturel dans lequel j’avais évolué pendant ces cinq années à l’école.

Avez-vous intégré des processus ou des esthétiques issus du monde industriel dans votre pratique ?

Non, les enjeux du travail en industrie ne sont jamais devenus un sujet en soi dans mon travail, mais la question du geste par exemple, qui était déjà présente dans mon travail d’étudiante, a pris une place différente, devenant un mouvement plus contextualisé, chargé d’une persistance plus laborieuse. Je pense toutefois que cette expérience m’a permis d’influencer ma réflexion sur la question de l’adresse. À qui s’adresse une exposition d’art contemporain ? Sortir d’un contexte où la culture est un enjeu central, pour rencontrer tout un écosystème au sein duquel la culture est parfois vraiment secondaire, m’a permis de prendre le temps de réfléchir à la raison pour laquelle les arts plastiques sont importants pour moi, et ce qu’ils peuvent apporter d’un point de vue culturel et social. Je ne prétends évidemment pas avoir trouvé de réponses à ces questions-là, mais ça me permet au moins de les garder en tête dans les différents projets auxquels je participe, et de porter une attention particulière aux contextes dans lesquels j’inscris mon travail.

Pouvez-vous nous parler de vos engagements associatifs ?

J’ai eu la chance de faire partie d’une association qui s’appelait La Cabine, montée lorsque j’étais encore en 5e année, avec d’autres étudiant.e.s et jeunes diplômé.e.s. Nous avions un local commercial d’une centaine de mètres carrés où nous organisions des événements ponctuels (expositions, concerts, écoutes radiophoniques…), et dans lequel nous nous retrouvions pour travailler. Cet espace a été comme une passerelle entre l’école et la vie professionnelle. J’avais donc toujours un espace où travailler, et je pouvais continuer à partager des envies et des questionnements avec d’autres artistes.

La Cabine a fermé en 2016. L’association était entièrement autofinancée, et au bout de deux ans d’activité, certains membres avaient déménagé, et d’autres commençaient à être sollicités par de nouveaux projets.  Il a donc fallu choisir entre s’impliquer plus sérieusement pour réfléchir à un modèle viable financièrement, ou alors choisir de terminer en beauté cette expérience qui nous avait beaucoup appris à tou.te.s, et passer à autre chose. C’est ce qu’on a fait, et ça a été une belle fête de fermeture. La Cabine nous a permis de vivre une première expérience dans l’organisation d’événements artistiques, et de tisser des liens avec le milieu associatif clermontois.

Suite à ça, j’ai candidaté pour bénéficier d’un espace temporaire au sein de l’association Les Ateliers que j’ai intégrée quelques mois plus tard, ainsi que l’association Non-breaking space, à Clermont-Ferrand.

Non-breaking space a pris en charge la gestion et la programmation de l’espace de la Tôlerie début 2017 et elle a organisé des événements réguliers, tous les jours de pleine lune jusqu’à fin 2019.

L’association Les Ateliers a pour mission de fournir des espaces d’ateliers pour un loyer modique à ses membres et à des artistes du territoire ou d’ailleurs qui voudraient s’installer quelques temps à Clermont-Ferrand. J’y ai mon atelier, et quand je ne suis pas en résidence, j’y travaille de façon quotidienne pour faire évoluer mes travaux et recherches, et préparer les projets d’expositions.

Que retenez-vous de l’apprentissage en école d’art ?

L’apprentissage en école d’art a été assez déstabilisant pour moi au début. Il offre une grande liberté à ses étudiant.e.s., dans le sens où il diffère beaucoup du système universitaire, bien que cette autonomie soit bien sûr progressive, car en première année nous sommes très accompagné.e.s. Mais il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre que c’était à moi de définir ma pratique. Je me souviens que j’ai longtemps produit et présenté des productions qui imitaient et ressemblaient à l’idée que je me faisais d’une exposition, tout en ayant conscience que ça ne fonctionnait évidemment pas. Puis plusieurs expériences au sein de l’école m’ont permis de réévaluer et de décomplexer ma pratique. Je pense notamment au groupe de recherche l’Intercalaire, mis en place par Lina Jabbour, Philippe Eydieu et Julien Sallé, qui explorait la question de la latence et de l’ennui dans une dynamique de travail. Ces moments de partage et ces réflexions m’ont  permis d’accepter et d’intégrer dans mon processus de travail les périodes où les choses ont encore besoin d’infuser, où il n’est pas encore l’heure de les formuler. L’accompagnement pédagogique a aussi été fondamental pour l’évolution de ma pratique, et pour comprendre que les formes plastiques pouvaient être en travail, et surtout qu’elles pouvaient être partagées comme telles. D’ailleurs, cette idée constitue toujours une base solide de mes recherches.

Et aujourd’hui comment vivez-vous ce rapport aux attentes de ce que doit être une « exposition » ?

En fait, j’ai arrêté de réfléchir à ces questions, car je n’ai pas l’impression que ce soit le bon schéma de réflexion. Ce qui me pousse à continuer à produire, ce sont évidemment les questions qui me portent, mais aussi l’envie de partager mon travail. Il est donc forcément influencé, orienté, nourri par les différentes personnes avec qui j’ai le plaisir d’en discuter, qu’ils fassent partie du champ de l’art ou pas. C’est un cheminement dans lequel je ne suis pas du tout seule. Donc pour moi, une exposition, c’est trouver la meilleure façon, formellement, de partager avec les visiteurs des questionnements autour de gestes, de matières, de formes. Des questionnements qui sont évidemment intimement ancrés au sein de préoccupations qui m’appartiennent, comme la question de la persistance, du travail lent, de la non-rentabilité, du végétal…

Et ce rapport au travail, à la latence, comment l’abordez-vous aujourd’hui ?

En tant que jeune artiste, il y a des milliers de façon de s’y prendre pour pouvoir continuer à exercer sa pratique, participer à des projets, rencontrer des personnes qui pourront accompagner le travail, permettre une visibilité. Ça peut être très laborieux parfois. De mon côté, il peut se passer de longues périodes où je ne suis pas du tout productive. D’ailleurs je n’ai pas une pratique très prolifique. Ce rapport à la latence m’a permis d’accepter ça et de ne pas me mettre trop de pression si je ne me sens pas bien dans mon travail, de ne pas forcer une production, et en conséquence, de profiter aussi des moments où je me sens mieux portée par mes réflexions pour passer plus de temps à l’atelier, à expérimenter.

 

Quel regard portez-vous sur ces cinq dernières années ?

J’ai fait beaucoup d’expériences qui m’ont permis de rencontrer des personnes passionnantes depuis ma sortie d’école. Certaines concernent ma pratique, d’autres mon engagement associatif. J’ai eu la chance d’être vite entourée de personnes très bienveillantes au sein des Ateliers et de Non-breaking space, qui m’ont intégrée dans une dynamique de travail, d’échanges, et surtout de partage de connaissances et de conseils sur toutes les choses qui composent le quotidien d’une jeune diplômée (l’échange autour du travail, comment réussir à partager ses préoccupations plastiques, les portfolios et dossiers de candidature, etc.). Ça a beaucoup joué sur ma façon d’appréhender un début de vie professionnelle en tant qu’artiste, et ça m’a permis de me positionner sur des questions de fond comme le travail, l’art et ses modes de diffusion, des questions financières, etc.

Du 19 septembre au 10 octobre 2020, la proposition « C’était peut-être hier » de Marjolaine Turpin sera visible à Off the Rail, au 44 rue du Port, à Clermont-Ferrand. 

https://marjolaineturpin.fr/

 

Portrait de diplômé·es / Florent Poussineau

Florent Poussineau obtient un DNSEP à l’ÉSACM en 2015. Fils de pâtissier, il poursuit ensuite son cursus par une formation Design & Culinaire à l’ESAD de Reims. Aujourd’hui, il est artiste et propose, à travers diverses expositions collectives et personnelles en France et à l’étranger, un travail à la croisée de la performance, la vidéo et l’installation, traversé par des explorations culinaires et un attachement aux métiers de bouche.

Exposition « Esthétique éphémère » à la galerie Premier Regard.

Quels sont vos projets actuels ?

En raison de l’épidémie de COVID-19, mes projets sont quelque peu chamboulés. Ce qui devait être présenté au printemps est déplacé à l’automne ou reporté à l’année prochaine. Ma prochaine exposition personnelle, «Transmission», sera présentée en septembre à la Maison des arts d’Aime, en Savoie. Suivra, de novembre à janvier, une exposition personnelle, « Sensibilité idéale », à l’École municipale des Beaux-Arts de Châteauroux. Puis une résidence au Palais des paris à Tokyo est programmée en début d’année prochaine, ainsi qu’une résidence-mission, organisée par le Centre d’art le Lait, dans le centre pénitencier d’Albi.

Quelles étapes ont le plus compté dans votre parcours ?

Tout a compté. Toutes les étapes méritent de compter, les erreurs comme les réussites, mais avant tout ce sont les rencontres qui m’ont le plus marqué. Une première exposition personnelle dans une galerie est une expérience mémorable, en particulier dans le cas où elle est accueillie à la galerie Tator, à Lyon, où Marie Bassano, Laurent Lucas et Félix Lachaize proposent une programmation d’artistes émergents. J’ai aussi vécu une première exposition personnelle dans une galerie parisienne, grâce à l’accueil de Laurence Fontaine et Laurence Poirel à la galerie Premier Regard. Cette exposition m’a permis de travailler ensuite avec Catherine Baÿ à The Window. Les voyages à l’étranger apportent aussi leur lot d’apprentissage concret du monde artistique. J’ai réalisé une résidence dans le sud du Japon, une autre à Beyrouth, une exposition personnelle dans une galerie new-yorkaise et également une résidence en Hollande. Organisée en collaboration avec Tair-Pair et SIGN à Groningen, cette résidence m’a permis de rencontrer Klaas Koetje (artiste plasticien et dirigeant de SIGN), qui est pour moi un fidèle allié et maître artistique.

Exposition « Générosité égoïste » à la galerie Tator

À quoi ressemble votre quotidien de travail ?

C’est un quotidien changeant qui n’a rien de routinier. Mon travail se divise en plusieurs étapes avec des intensités différentes. Un temps de recherche et d’élaboration de dossiers afin de candidater à différents appels à projets, et un temps de réflexion et création à l’atelier. En ce moment, je suis résident à la Fileuse, une friche artistique à Reims, et ces résidences sont le moment où les pièces pérennes sont mises en forme avant d’être déplacées dans les futures expositions, ou livrées à des collectionneurs. Pour le reste du temps, soit environ la moitié de l’année, je suis en déplacement, dans le cadre de résidences artistiques à l’étranger ou en France, ou pour monter mes expositions. La durée du séjour est souvent plus longue qu’un simple montage car je fais beaucoup de médiation artistique autour de mon travail. Ayant bénéficié d’une formation « culture et santé » organisée par la Direction régionale des affaires cultruelles (DRAC) et l’Agence régionale de santé (ARS), je propose des ateliers à des publics enfants, adolescents et leurs parents, mais également à des résidents d’EPHAD et des personnes en situation de handicap physique et/ou mental.

Cette formation « culture et santé » a-t-elle influencé votre travail ? 

Suite à une résidence-mission, la DRAC et l’ARS ont invité différents acteurs de la médiation artistique à réfléchir ensemble aux questions de l’environnement et de la transmission liées à la santé. Ce n’est pas de l’art-thérapie. Il s’agit simplement d’associer un artiste à une équipe soignante, pour faciliter l’expression et la compréhension artistique. Ces propositions s’adressent à ce que l’on appelle « les publics empêchés » pour lesquels l’accès aux lieux de diffusion de l’art est difficile, voire impossible, pour des raisons physiques, financières ou symboliques.

Ces expériences ont surtout marqué le rapport que j’entretiens à mon travail en me contraignant à en parler différemment, car ce public n’a pas de repères face à l’art contemporain, l’abstraction, la performance, etc. C’est une situation souvent complexe mais ces échanges sont enrichissants pour tous, car ils remettent en question le beau, l’utilité de l’art, la philosophie, l’architecture d’une peinture, etc.

Comment avez-vous commencé à vous intéresser aux enjeux de la médiation ?

Simplement par étapes, d’intervention en intervention, dès le début de mes études en classe prépa où l’on m’a demandé d’intervenir auprès de centres aérés pour réaliser des fresques collectives dans la ville de Châteauroux.

Toutes les galeries et centres d’art ne se trouvent pas dans des grandes villes, et leur but dans ce cas est de rendre accessible la recherche artistique à un plus large public. En zone rurale, il est très facile d’être soutenu et engagé pour ce type d’actions. Dans les grandes villes, les préoccupations vont être de démocratiser l’art, à des endroits où il est parfois resté élitiste.

Comment s’est passée pour vous la transition entre le diplôme et la vie professionnelle ?

Plutôt simple à dire, moins à réaliser. Il faut utiliser l’environnement offert par une école pour un début de carrière artistique. L’école est d’abord un lieu d’apprentissage, mais les personnes qui la composent font partie d’un réseau qui permet de provoquer des opportunités et des rencontres. Pendant les études, il faut se rendre aux vernissages, aller voir des expositions, visiter des ateliers. Il faut pleinement tirer parti des opportunités offertes à un.e jeune étudiant.e. Suite au DNSEP à l’ÉSACM, j’ai consacré une année à travailler sur un dossier de candidature pour le post-diplôme Design & Culinaire à l’ESAD de Reims. Parallèlement je partageais l’atelier de Corentin Massaux aux Ateliers du Brézet et je montrais le résultat de ce travail à La Cabine (espace de monstration et atelier à Clermont-Ferrand, fermé depuis). À la fin du post-diplôme, j’ai intégré la pépinière de l’ESAD de Reims et j’ai quitté mon emploi alimentaire pour prendre le risque de vivre du métier pour lequel j’ai fait six années d’études.

En quoi votre activité fait écho ou non à votre parcours et à vos choix lorsque vous étiez étudiant à l’ÉSACM ?

Mon activité professionnelle est intimement liée à cette école. J’espère que c’est toujours le cas. Lorsque j’étais étudiant à l’ÉSACM, il était possible pour des personnes qui n’avaient pas le baccalauréat de pouvoir intégrer le cursus. Ayant arrêté mes études à 15 ans, les Beaux-Arts ont été une véritable opportunité. Grâce à une dérogation accordée par Muriel Lepage, la directrice en 2010, j’ai pu présenter le concours et faire des études supérieures.

C’est durant la troisièmes année aux Beaux-Arts que mes premières recherches artistiques liées au domaine culinaire se sont développées, pendant un cours de volume dispensé par Roland Cognet et Stéphane Tidet. Puis le budget qui nous était alloué  pour le DNAP (aujourd’hui le DNA, Diplôme national d’art, Ndlr) m’a permis de créer dans l’atelier volume deux colonnes d’éclairs au chocolat, avec 500 éclairs pour la première et 1000 pour la seconde.

 

Quel est le rôle d’un artiste pour vous ?

Un artiste plasticien met en forme, plastiquement, une recherche philosophique, poétique ou une pensée. À la manière d’un chercheur ou d’un scientifique, il doit avoir une bonne connaissance des travaux réalisés précédemment par ses pairs, pour tenter de faire évoluer l’art, de le transmettre au plus grand nombre. Le métier d’artiste plasticien est complexe et demande beaucoup d’énergie, mais désormais je ne peux et ne veux plus rien faire d’autre.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Les envies sont variées. Ma préoccupation première est de continuer à produire une recherche artistique intéressante, continuer à rencontrer des personnes passionnantes et d’en apprendre plus sur les interactions sociales à travers le monde. En ce qui concerne les projets qui arriveront dans les prochaines années, il y a l’envie grandissante de devenir professeur en école d’art, et une série d’ouvrages en cours de rédaction. Ce ne sont pas les idées qui manquent et certaines envies qui deviennent concrètes procurent beaucoup d’émotions.

Instagram : https://www.instagram.com/florent_poussineau/?hl=fr

Facebook : https://www.facebook.com/florent.pousspouss

Portrait de diplômé·es / Golnaz Payani

Golnaz Payani est née à Téhéran en 1986. Après une Licence en peinture obtenue à la Faculté d’art et d’architecture de Téhéran, elle entre à l’ÉSACM où elle obtient le DNSEP en 2013. Elle participe à des expositions personnelles ou collectives depuis 2011, en France (Paris, Clermont-Ferrand, Thiers, Toulouse, Châteauroux, Annemasse, Chanonat, Grenoble) et à l’étranger (Téhéran, Londres, New York, Turin).

Installée en France depuis 2009, elle développe une pratique ouverte où des médiums variés sont sollicités : film, vidéo, travaux sur tissus, installation, céramique, poésie.

Vue de l’exposition L’ombre des oasis, de Golnaz Payani à la galerie Praz-Delavallade Paris, du 14 novembre 2019 au 11 janvier 2020.

Quels sont vos projets ?

Ma première exposition personnelle à la galerie Praz-Delavallade à Paris s’est terminée début janvier. Cette galerie me représente depuis 2019. Je participe à une exposition collective en ce moment à la Manufacture, le musée de la broderie à Roubaix. Les autres projets sont suspendus à cause de la situation sanitaire actuelle.

Que vous a apporté cette première exposition personnelle ?

C’était une superbe expérience à plusieurs points de vue. J’ai bénéficié d’un vrai soutien de la part de presse, avec des articles dans Le Quotidien de l’art, Artforum, La République de l’art etc. J’aurais aimé faire plus de rencontres et avoir l’occasion d’échanger davantage avec les visiteurs, mais malheureusement cela n’a pas été possible à cause de la grève des transports qui a eu lieu pendant mon exposition.

Comment avez-vous été approchée par la galerie Praz-Delavallade ? À quelle occasion ces professionnels ont-ils découvert votre travail ?

En 2016, j’ai été sélectionnée pour participer au Salon de Montrouge, au Beffroi. Une exposition annuelle collective qui présente de jeunes artistes. C’est une exposition très importante, car elle est visitée par des professionnels du milieu de l’art contemporain, des galeristes et des collectionneurs. J’ai rencontré René-Julien Praz et Bruno Delavallade pour la première fois lors du vernissage de cette exposition. Nous avons échangé quelques mots et nos coordonnées.
Suite à cette rencontre, ils sont venus visiter mon atelier, et ils ont apprécié mon travail. Nous avons gardé contact et pendant deux ans ils m’ont régulièrement invitée aux vernissages des expositions organisées dans leur galerie. De mon côté je les invitais également à mes expositions. Puis en 2018 ils m’ont proposé de participer à une exposition collective dans leur galerie. Depuis nous travaillons ensemble.


Pouvez-vous nous parler de la relation entre un artiste et sa galerie ?

Comme dans beaucoup d’autres activités artistiques, ces types de coopération ne sont pas basées sur des lois écrites. Donc la relation d’un artiste avec sa galerie dépend avant tout des personnes. J’ai participé à quatre expositions avec cette galerie : deux collectives à Paris, une à Los Angeles, et une exposition personnelle à Paris. À chaque fois nous nous sommes très bien entendus, avec René-Julien Praz, Bruno Delavallade, et toute l’équipe de la galerie. Nous avons une belle relation professionnelle, amicale et courtoise.

Golnaz Payani à la galerie Praz-Delavallde en novembre 2019, en train de préparer l’exposition.
Oasis, 40 x 30 x 5 cm, papier, 2015.

À quoi ressemble votre quotidien de travail ?

Mon quotidien de travail ressemble exactement au confinement. Ce n’est sans doute pas le cas de tout le monde, mais pour moi c’est un métier solitaire. Parfois je ne vois personnes pendant plusieurs jours.
Je vais presque tous les jours à l’atelier, qui est en face de mon appartement, et j’y passe 7 à 8 heures par jour. À l’atelier, je travaille parfois à la mise en forme d’une idée, à des projets personnels pour lesquels je n’ai pas de date de présentation, mais qui font partie de mes recherches. Il y a donc souvent une part d’expérimentation dans ces projets. Parfois, je travaille sur un projet précis et concret, comme pour préparer une exposition. Mais il arrive aussi que pendant plusieurs jours je ne fasse qu’écrire des projets, des lettres de motivation et des dossiers de candidature.

L’atelier actuel de Golnaz Payani à Torcy

Pouvez-vous nous parler de l’après-école ? 

La transition pour moi s’est très bien passée.  J’ai eu la chance d’être soutenue par quatre organismes qui proposaient des appels à participation pour des expositions collectives réservées aux diplômés. Ces expositions ont été organisées à l’ÉSACM (Les  XV de France, Clermont-Ferrand, 2013), au BBB (Première, Toulouse, 2014), au Creux de L’enfer (Les enfants du Sabbat n°15, Thiers, 2014) et à Chanonat (Tropisme(S) #5, 2014).

Ces expositions m’ont permis de rencontrer des gens et de développer mon réseau professionnel. Mais ce qui m’a le plus accompagné dans cette progression, c’est ma motivation. Car il y a eu aussi des périodes creuses. Mais cela ne m’a pas empêché de continuer mon travail et de postuler à des projets d’expositions. C’est ce qui m’a permis de garder le moteur toujours allumé !
Bien entendu, même la meilleure volonté du monde ne suffit pas à payer les loyers parisiens ! J’ai aussi eu des jobs alimentaires.

Quels sont les liens entre votre pratique actuelle et votre parcours d’étudiante à l’école ?

Mon parcours est très cohérent avec la pratique que je développais à l’école. Je travaille sur les mêmes thématiques, je suis la même personne, avec la même volonté, les mêmes centres d’intérêts, les mêmes interrogations, mais avec sept ans d’expériences supplémentaires.

À mon avis, faire une école d’art est très important, voir primordial lorsque l’on a réellement la volonté d’exercer le métier d’artiste. Il y a beaucoup de débats à ce sujet, pour certains l’art ne s’apprend pas ! Mais selon moi, dans une école d’art nous apprenons surtout deux choses : à se situer dans l’histoire de l’art, et à se connaître, c’est-à-dire à comprendre de quoi nous avons besoin dans notre atelier, ce que nous pouvons faire lorsque nous n’avons plus d’idée, comment gérer le stress face aux présentations, etc. L’école est un plus, qui nous maintient sur les rails en même temps qu’elle accélère notre carrière.

Paysage avec du violet, vidéo, 15’27 », 2018. ( Conteur : Michel Cegarra. Musique : Nicolas Laferrerie)

Qu’est-ce qu’être artiste ?

Être artiste pour moi est un mode de vie. Celui qui me permet de rester curieuse. C’est comme un livre ouvert qui ne se ferme jamais. Mais cette ouverture à l’infini, si elle n’est pas pleinement consciente, peut devenir douloureuse. Pour la majorité des métiers, les gens candidatent pour un poste. Ils écrivent une lettre de motivation et un curriculum, et au bout de plusieurs essais, ils décrochent un travail. Le métier d’artiste ne permet pas de s’arrêter au bout de quelques essais. Le rapport au travail ne tend pas vers l’obtention d’un emploi, vers la stabilité. Il se renouvelle en permanence. C’est comme préparer une grande fête. C’est génial, excitant, enthousiasmant, mais il faut beaucoup d’énergie, de courage et d’ambition, avec le risque d’organiser beaucoup de fêtes ratées avant d’en réussir vraiment une.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Travailler à l’atelier, répondre à des appels à projets, agrandir mon réseau, changer l’échelle de mon travail, trouver une résidence aux Etat-Unis, lire les livres de Didi-Huberman, connaitre mieux Derrida et son idée de la « déconstruction » … continuer à être curieuse!

Golnazpayani.com

Le cercle et la forêt, 90 x 64 cm, Tissu et bois, 2019

Opération Fortitude, une exposition virtuelle par les étudiant.e.s de l’ÉSACM

Une exposition proposée par des étudiant.e.s de 2année de l’ÉSACM (École Supérieure d’Art de Clermont-Ferrand) accompagnés par Clémence Agnez, enseignante en philosophie, et Émilie Brout & Maxime Marion, enseignant.e.s en pratiques numériques. Pièces et exposition proposées par : Gabin Larouere – Голубая Рыба (Edouard Rieutord / w8.p4int.ed)- Cec Storf – Post Amp (Alexandre Fouilhoux) – Naomi Razafindrokoto – Lisa-Line De Jesus – Tim Dury – Théo Levillain – Swane Vieira – Léo Reichling – Aurore Chailler – Lucie Carrere Gee – Nelly Catheland – Jean Caunet

Le vernissage aura lieu en direct sur youtube. Le lien sera disponible ici, à partir du 1er juin à 18h.

Image 3D, vidéo, installation, cette proposition a eu pour contexte de production la situation particulière du confinement. Les étudiant.e.s et enseignant.e.s se sont interrogés sur la façon d’organiser une exposition à distance, et sur la façon d’utiliser cette situation pour ne pas simplement rejouer une exposition standard, mais s’emparer des moyens numériques pour penser une proposition autre.

Ces questionnements se sont développés dans le cadre du workshop « Accrochage / exposition » mené par Clémence Agnez avec les étudiant.e.s de 2année. Le nom de l’exposition fait référence à « l’opération fortitude », pendant la seconde guerre mondiale, pendant laquelle les Alliés déployaient de faux chars et avions, en utilisant des matériaux gonflables, des structures en bois, des bâches, afin de tromper les Allemands sur le lieu de Débarquement. C’est ce rapport vrai/faux, la question de l’illusion, qui est en jeu ici.

Une équipe de communication, et une de médiation, ont été composées.  L’équipe de médiation a travaillé sur la réalisation d’audio-guides pour chaque pièce.

Rendez-vous lundi 1er juin à 18h en ligne pour le vernissage.

 

[DERNIER] POINT FILMS 23 à 25 – Propositions de lectures et de films par l’ÉSACM, pendant le confinement

Des ressources réunies et sélectionnées par Alex Pou, enseignant en vidéo et cinéma, dans le cadre du programme Point Films.

Le programme Point Films propose depuis plusieurs années des projections régulières à la communauté de l’école. Avec le confinement, ces rendez-vous se transforment, se poursuivent, et se partagent avec le plus grand nombre.

Voici donc des suggestions « de films, de textes autour du cinéma, mais pas que… un peu comme un fleuve. »

POINT FILM 23 /  Fantôme

« Un film magnifique de Ken McMullen, Ghost Dance de 1983 avec la fameuse scène entre Jacques Derrida et Pascale Ogier! Aussi, un texte de Jean-Michel Durafour dans la revue « Débordements » qui parle de ce film mais aussi des fantômes dans le cinéma. Et pour finir des chants de chamans enregistrés au Venezuela en 1949… De quoi réveiller les morts…»
– Ken McMullen, Ghost Dance (1983) : https://www.youtube.com/watch?v=SwkjAuN-_-k&feature=youtu.be&fbclid=IwAR370sJByN4tSb4bnQSTUxdEBQEQMy-hXSfGfr7EOnzAwTHFJy23Du-McVs
– Chants chamaniques, Venezuela (1949) : https://archives.crem-cnrs.fr/archives/collections/CNRSMH_E_1955_006_001/?fbclid=IwAR10ByeZvkaymh6ldWZofzCdaPIDRqdOGLUb-l9zWQy-Q-GK0kCOPlZynKo
– Entretien « Cinéma et fantômes »

POINT FILM 24 /  Harun Farocki & Yves Citton

« Ce Point film est l’avant dernier ! L’avant dernier, car j’ai encore deux ou trois choses que je voulais vous montrer. Il y a tant de choses à voir encore, mais il est temps de finir ces séances et de sortir, voir dehors si la réalité est encore là. Avant cela, deux films de Harun Farocki filmant ses deux filles dans un lit racontant leurs rêves dans lesquels elles construisent des ponts, traversent des fleuves et des rivières. Magnifique ! Et un texte de Yves Citton interrogeant notre rapport à la réalité en questionnant notre désir de fiction.
Ces séances ne pourront jamais remplacer celles que nous avons vécu et que nous vivrons encore ensemble, assis les uns à côté des autres pour voir un film, aller boire un verre après la séance et s’envoyer des gouttelettes en pleine figure. »
– Harun Farocki, Bedtime stories (1977) Vostfr : http://derives.tv/bedtime-stories/
Entretien avec Yves Citton, « Contre-fictions en médiarchie »

POINT FILM 24 / Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, Hollis Frampton

«Dernier Point Films avant l’année prochaine, dans sa version originale, ensemble, vraiment. Pour cette dernière séance, on entend des voix, ce qu’elles disent et leur texture, singulières, leur timbre, leur musicalité. Il y a tant à montrer autour de la voix au cinéma que cela pourrait être le fil rouge de l’année prochaine…

Un jour un étudiant m’a demandé ce qu’était la pauvreté dont je parle souvent avec vous. « La pauvreté est un luxe » disent Danièle Huillet et Jean-Marie Straub dans cet extrait des 6 bagatelles filmées par Pedro Costa qu’il faut écouter jusqu’au bout pour voir comment Straub s’agace comme d’habitude de ne pas en dire assez, et elle, comme d’habitude, d’en dire trop.

Et en contre point, un texte et le film culte Nostalgia (1976) de Hollis Frampton qui rappelle étrangement l’étrange période que nous venons de vivre : seul.e.s devant le temps. Sur un commentaire lu par Michael Snow, des photographies en noir et blanc sont lentement brulées sur une plaque chauffante. Le commentaire décrit la photographie suivante, celle qui n’a pas encore été consumée.
A bientôt, je serai heureux de vous revoir !  »
– Hollis Frampton : NOSTALGIA (1971 – 36mn) : https://www.youtube.com/watch?v=voMDL1TgTh4
– extraits de 6 bagatelles de Pedro Costa, filmant Danièle Huillet et Jean-Marie Straub au travail et au jardin : https://www.youtube.com/watch?v=2gWjcERhQLI
– « Pentacle pour conjurer la narration« , Texte de Hollis Frampton, 1972

 

Portrait de diplômé·es / Martin Belou, artiste

Diplômé du DNSEP en 2009, Martin Belou, artiste, travaille entre Marseille et Bruxelles. Dans cet entretien il évoque l’après-école, son parcours, ainsi que l’actualité de son travail, dont une exposition personnelle à la Kunsthalle de Gand en Belgique, deux expositions collectives, l’une au Palais de Tokyo, l’autre à la Tôlerie à Clermont-Ferrand.

Installation « Demain les chiens » au Palais de Tokyo, 2019 © A. Molle

Qu’est-ce qu’être artiste ? 

Être artiste, c’est pour moi, hors de considérations philosophiques, politiques ou poétiques, un travail. Il s’agit de développer, produire et montrer un travail, accessoirement de le vendre et donc de pouvoir vivre de celui-ci. Ça a l’air banal mais c’est vrai. Beaucoup de gens idéalisent ce qu’est un artiste, alors qu’il s’agit vraiment d’une profession, d’un« vrai » travail,  c’est concret. Même si il est particulier, je trouve important de rappeler cela.

Être artiste signifie aussi une manière de penser sa vie, travailler pour s’offrir la liberté de penser sa vie, amenant certes une marginalité, une certaine précarité aussi, une sorte d’urgence, qui si elle peut être parfois un peu fatigante, est aussi très stimulante et épanouissante.

À quoi ressemble votre quotidien de travail ?

Il s’organise autour de plusieurs temps. Celui de la recherche, du travail de conception dans l’atelier, de la production, des déplacements entre l’atelier, les collaborateurs, les visites des lieux des projets futurs, le suivi des projets, le temps de montage des expositions, l’échange avec les personnes impliquées…

Quelles sont vos projets en cours ?

Cette année était l’année la plus chargée en projets. Avec la crise du Covid tout cela est chamboulé. J’ai cependant la chance qu’aucun des projets prévus ne soient annulés, ils sont juste reportés.

Le projet le plus important est une exposition personnelle à la Kunsthalle de Gand en Belgique. Le lieu est immense, le projet très ambitieux, et les personnes en charge sont des gens que j’adore et avec qui j’ai déjà travaillé.

De manière générale, j’ai eu la chance jusqu’à présent de pouvoir développer des projets avec des institutions et c’est ce qui me plaît le plus, en terme de liberté de conception et de développement d’une idée. Le dernier projet de ce type est l’installation que j’ai réalisé pour l’exposition Futur ancien fugitif l’automne dernier au Palais de Tokyo.

Pendant que je préparais ce projet, je suis revenu à Clermont-Ferrand pour une proposition en deux parties, l’une dans La Chapelle des Carmes, et l’autre à la Tôlerie. C’était très intense car cela s’est fait presqu’en même temps que la production de la pièce pour le Palais, mais j’étais très heureux d’être invité à montrer mon travail à Clermont, dans des lieux que je fréquentais lorsque j’étais étudiant. 10 ans après la fin de l’école, cette invitation m’a beaucoup touché, et le projet développé m’a permis de comprendre de nouvelles choses sur mon travail. Je commence aussi une collaboration avec une galerie, ce qui est une autre manière de travailler mais tout aussi passionnante.

Je fonctionne un peu en vase communiquant, chaque projet en amène souvent un autre, tout comme une idée, qui germe quelque part pour se développer ensuite dans une nouvelle proposition. Et je dois dire que j’ai la chance d’être de plus en plus sollicité et de voir les moyens de m’exprimer s’élargir. Je prends donc chaque projet très au sérieux, qu’il s’agisse d’une grande exposition dans un lieu prestigieux ou d’une petite présentation de trois jours dans un project space. Je considère ça de la même manière car je sais que chaque opportunité de montrer son travail est une chance qui permet de le faire avancer, d’apprendre sur son travail et sur soi-même et qui permet donc in fine d’être artiste.
Chaque projet compte.

Garde Fou, 2019
© JC LETT

 

Pouvez-vous nous parler de l’après-école ? Comment organise-t-on la transition entre le diplôme et la vie professionnelle ?

Quand j’étais encore étudiant il y avait un cours donné par Odile Plassard qui s’appelait « Réalités de l’art » (cours qui existe toujours Ndlr) dans lequel intervenaient divers professionnels du monde de l’art, artistes, galeristes, commissaires etc, qui venaient nous parler de leur « réalité ».
Je me souviens avoir été marqué par les propos d’un intervenant : « Sauf quelques exceptions, avait-t-il dit, à la sortie c’est 10 ans de trou noir et vous pouvez vous arranger pour rendre ce trou gris… », ajoutant qu’il n’y avait pas de « marche à suivre ». Je dois dire que ce principe s’est vérifié, pour moi, et aussi pour pas mal d’amis autour de moi. J’ai fait plein de choses différentes après l’école et, en étant sorti très jeune, j’ai pris le temps de comprendre et de développer ce que je voulais vraiment faire avant d’arriver à ce qui est aujourd’hui mon travail.

Je dirais qu’il n’y a effectivement pas de marche à suivre, que c’est assez différent pour chacun et que, quels que soient ses choix de vie, cela prend du temps. Malgré tous ses efforts, je crois que l’école d’art ne peut pas vraiment préparer à ce qui se passe après. Elle peut armer, aider, mais la transition entre le diplôme et la vie professionnelle dépend de tellement de facteurs subjectifs – le lieu où l’on se trouve, les gens que l’on rencontre, la chance aussi etc. – qu’elle dépend donc de chacun. La seule chose que j’ai pu « vérifier » chez beaucoup de mes amis sortis d’école d’art c’est qu’en effet, ça prend du temps ! Je crois que c’est normal car une carrière d’artiste c’est quelque chose qui demande du temps, qui doit prendre du temps, et je vois vraiment tout ça comme une course de fond, intimement liée à sa propre vie.

L’école est un lieu formidable et assez unique en son genre qui permet de comprendre sa propre subjectivité et qui nous pousse à affirmer ou chercher qui l’on est vraiment, qui laisse de la place pour se poser ces questions, et où l’on rencontre des gens formidables. Que l’on devienne artiste ou non, je crois que c’est un lieu et un moment fondateurs.
Hors des techniques et des choses que l’on apprend, le processus qui s’enclenche à l’école se poursuit bien longtemps après. Mon travail a formellement énormément changé entre ce que j’ai pu présenter lors de mon DNSEP et ce que je fais aujourd’hui, il investit des champs et des techniques complètement différentes, mais il n’a pas rien à voir, les idées, les questions que j’ai pu developper au sein de mon cursus y sont toujours présentes en filigrane. Je dirais que l’école et ce qu’on y apprend agissent comme un déclencheur, et c’est à chacun de venir ensuite enrichir, pousser ou non ce qui s’y déclenche.

Objetcs love and patterns © Michiel de Cleene

 

https://artviewer.org/tag/martin-belou/

https://www.instagram.com/studiobelou/

« A successful failure », une performance sonore et collaborative en réseau

Samedi 2 mai, dans le cadre du labo Rainforest mené avec Gregoire Lauvin, les étudiant.e.s ont proposé une performance sonore live, confinée, et partagée en réseau, avec le soutien de Locus Sonus (PRIMS-CNRS, AMU, ESAAix).

Confiné.e.s chez eux, les participant.e.s du labo Rainforest s’adaptent à la situation. Sur le modèle des œuvres Rainforest de David Tudor et Public Supply de Max Neuhaus, ils se transmettent par internet un flux audio que chacun.e modifie à sa façon. L’œuvre produite, baptisée A Successful Failure, est le résultat de cet échange : un son passe ainsi par les espaces de confinement de chacun.e avant d’être proposé à l’écoute publique

La performance a également été diffusée dans le cadre du Soundcamp, un évènement annuel d’art sonore en streaming.

Réecouter la performance ici !

 

POINT FILMS 20 à 22 – Propositions de lectures et de films par l’ÉSACM, pendant le confinement

Des ressources réunies et sélectionnées par Alex Pou, enseignant en vidéo et cinéma, dans le cadre du programme Point Films.

Le programme Point Films propose depuis plusieurs années des projections régulières à la communauté de l’école. Avec le confinement, ces rendez-vous se transforment, se poursuivent, et se partagent avec le plus grand nombre.

Voici donc des suggestions « de films, de textes autour du cinéma, mais pas que… un peu comme un fleuve. »

POINT FILM 20 /  Pierre Clémenti

«Pierre Clémenti dit « j’ai vu ta face regardant Dieu, Soleil, Soleil qui me sourit. » Un entretien rare et un film à dormir debout !»
– Soleil, 1988, 16 min. : https://www.cinematheque.fr/henri/film/76293-soleil-pierre-clementi-1988/
Entretien, « Refuser de faire carrière »

 

POINT FILM 21 /Johan Grimonprez

« Deux films et un entretien de Johan Grimonprez, dont l’historique et culte DIAL H.I.S.T.O.R.Y de 1997, incroyable tour de montagnes russes à travers l’histoire. Les deux films sont un travail d’orfèvre autour du montage et du mensonge, et du pouvoir qu’entretiennent les images avec les différents modes de récits, historiques, fictionnels, romanesques, cinématographiques. »
– Grimonprez Johan – Dial H-I-S-T-O-R-Y (1997) : https://vimeo.com/231411671?fbclid=IwAR3goSasyRkGqmQO0msPXdMpWUtwWJ-nz0h4cALF2qgwmZe1jFQ978iDeLg
– Grimonprez Johan – Double Take (2009) : https://vimeo.com/302864500?fbclid=IwAR0tRJ2QP3D_JGvGx7VfDfttAbDFQ2Axav2sqMBYGOf-yyY6zjeW6ADfylw
Entretien, Double Take

 

POINT FILM 22 Shirley Clarke

« Aujourd’hui, un épisode de la série « Cinéaste de notre temps » sur Shirley Clarke qui parle de son travail magnifiquement bien et un de ses films The Cool World (sous-titré en français). Malheureusement, ses films les plus représentatifs et connus The Connection et Portrait of Jason ne sont pas visibles sur le net. Shirley Clarke est une cinéaste qu’il faut connaître pour son cinéma magnifique et troublant, mais aussi pour avoir fondé avec Jonas Mekas la mythique Film Makers’ Cooperative à New York. »
– Rome is burning, Cinéaste de notre temps sur Shirley Clarke, vostfr : https://vimeo.com/20737456
– The Cool World (1964), vostfr : http://derives.tv/the-cool-world/