Sido Lansari

Artiste.

Sido Lansari est un artiste pluridisciplinaire né en 1988 à Casablanca, au Maroc. Il vit et travaille à Paris. Il est lauréat du Post-diplôme de l’école supérieure d’art de Lyon. En 2014, il s’installe à Tanger et rejoint la Cinémathèque de Tanger, dont il est le directeur de 2019 à 2022.

Sa pratique artistique s’articule autour de questions liées à l’identité, au genre et aux sexualités en explorant les angles morts de la mémoire, du point de vue de l’héritage linguistique, artisanal ou archivistique. À travers des médiums comme la broderie, la photographie et la vidéo, il interroge un récit collectif pour construire une réflexion et une mémoire individuelle.

En 2018, il est artiste résident à la Friche la Belle de Mai à Marseille, il y développe Les Derniers paradis, son premier court-métrage, Grand Prix 2019 du Festival Chéries-Chéris à Paris. Il crée en 2020 divine, fanzine participatif et pluridisciplinaire en ligne, qui favorise la contribution d’artistes d’univers multiples en leur offrant un espace d’expérimentation de la pratique artistique domestique dans un contexte de pandémie. Récemment, le travail de Sido Lansari a été montré à l’Institut du Monde Arabe à Paris dans le cadre de l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour » mais aussi à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin (Italie), au macLyon, Musée d’art contemporain de Lyon, à la BF15 à Lyon (France), ainsi qu’au Medelhavsmuseet, Musée des Antiquités méditerranéennes et du Proche-Orient à Stockholm (Suède). En 2023, il est un des lauréats du Prix Utopi·e qui récompense la création lgbtqia+ en France.

À la Coopérative de recherche, Sido Lansari évoque le déficit de la représentation des personnes queer arabes dans l’histoire lgbtqia+ en France qui le pousse à questionner cette absence et à aller sur ses traces dans les archives, interrogeant ainsi les zones non visibles de la mémoire. Il tente de procéder à l’archéologie d’une histoire qui alterne ostracisation et luttes pour l’émancipation en cherchant à créer un récit contemporain qui révèle les archives invisibles des vies et des luttes des homosexuel·les d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud depuis les années 1970 jusqu’à nos jours. Que ce soit par l’enquête historique, artistique ou médiatique, il cherche à rendre ces processus visibles ou d’invoquer la fiction pour fabriquer des images manquantes.

Rafael Moreno

Artiste.

Rafael Moreno (iel-elle) né·e en Colombie en 1993 vit et travaille actuellement en France. Iel s’intéresse à la notion de technologie et notamment le développement des technologies d’automatisation et de communication en relation avec le corps humain. Iel aborde cette question dans une perspective sudaméricaine pour décrire les relations géopolitiques entre le Sud, l’Europe et les États-Unis, exprimées sous la forme de structures de pouvoir historiques telles que la colonisation, l’industrialisation et la mondialisation. Au cœur de son approche, se trouve le corps humain, qui tout au long de l’histoire a été à la fois le sujet et l’objet des idéologies de progrès, de racialisation et de sexualisation. En tant que méthode, Rafael propose d’approfondir les interactions entre littérature, architecture et économie pour comprendre l’élaboration de ces structures de pouvoir, ainsi que leur infiltration et banalisation dans la culture populaire.

Rafael Moreno a étudié aux Beaux-Arts de Paris, à l’EHESS et iel a participé au programme post-diplôme de l’ENSBA Lyon dirigé par Oulimata Gueye. Son travail a été exposé au CAPC (FR) Palais de Tokyo (FR), la Galerie Gaudel de Stampa (FR), Treize (FR), l’Établissement d’en Face (BE), Les Urbaines (CH), Le 67e Salon de Montrouge (FR) CCA Berlin (GE) entre autres.

Pendant sa première année à la Coopérative de Recherche, Rafael propose de continuer son travail en cours autour de la notion de technologie. Dans ce cadre, Iel cherche à rassembler spécifiquement des documents qui témoignent des technologies collectives, de résistance et d’encryptage d’information dans les périodes de la colonisation d’Amérique puis au moment de la révolution industrielle en Europe. Iel est intéressé·e par l’élaboration d’une archive personnelle de ces événements ainsi que le développement des méthodes plastiques et pédagogiques inspirées de cette archive. Autant l’archive que les méthodes seront développées autour de l’importance de l’opacité en tant qu’outil politique et social.

Janna Zhiri

Artiste.

Je suis histoirienne, je raconte des histoires effrontées de ma troupe imaginaire, les six cochonnex, et je fais aussi du dessin.

L’année dernière, dans le cadre du post-diplôme à la Coopérative de recherche de Clermont-Ferrand, j’ai travaillé sur la mise en place d’ateliers avec les ados au collège où on a croisé des thématiques peu abordées par le système scolaire (la rumeur et la polyphonie ; le romantisme et ses néologismes ; l’oralité et la création de récits ; la manifestation sociale, de soi ; Punchline) en utilisant les outils proposé par les réseaux sociaux et en les détournant.

Cette année, avec l’aide de la Balise, le pôle d’éducation artistique de l’école, on va mettre en place un espace de permanence artistique, chaque semaine, entre la scène ouverte et le cabaret foutraque. Cet espace sera l’occasion de questionner l’interventionnel et la médiation dans un contexte scolaire et de mettre en place des outils hérités de la pensée queer.

Par ailleurs, j’ai plusieurs personnages-alter ego et chacunx a son compte instagram : Franck atoutvu est mon drag qui récupère (fleurs, algues, pâte a pizza périmée, etc) pour faire des « maquillages » et expérimente le genre avec ce qu’il a sous la main, je suis aussi Caniche-pedex-eros qui écrit du q, et je suis janna qui fait du dessin.

En 2014, j’ai été confrontés suite à mon AVC et aux erreurs médicales à un état de mobilité altéré, qui une fois réglé, a fait apparaitre des séquelles nonvisibles, et a achevé l’idée du contenir dans le corps, et les rouleaux de dessins sont apparus, comme une logorrhée qui ne finit pas, une sorte de diarrhée provitale et imaginaire, pro-brut, pro-fantasme, c’est la transgression du narratif coloré, déni du terne, du non-guéri.

Alors comment, une fois que cette chose est passée ont re-réfléchi les formes ? Les images et les narrations ? Se pose la question du subi/ du nonvolontaire, une pratique de réaction mais existe-t-il une pratique réflexive qui prendrait en compte d’autres enjeux ? Ce sont mes réflexions en ce moment de cette expérience j’en garde surtout le rêve glaçant, des possibilités chimériques, poétiques et mélancoliques, politiques, ça n’en finit pas, un oeuf au plat flirt avec une étoile, même loin ; Quand l’attente est longue dans les chambres d’hôpital, on commence à parler avec le plafond, à y imaginer tous les possibles, il reste les histoires et la fiction, la réalité est terre à terre, alors qu’un pétale de géranium peut tomber amoureux d’un balcon.

Passionnée des story-telling dominants, je cherche à ré-utiliser leur forme, contes amoraux pour écrire des histoires d’autostoppeuses gay avec des cornets de glaces sur la tête et qui prennent les voitures pour des saunas (j’adore aller aux soirées olé olé au sauna) avec mon collectif imaginaire les 6 cochonnex, iels imaginent des géographies sexuelles publiques.

Mes récits, mes rouleaux de paroles d’images sont des supports à raconter, à déclarer, à divertir en croisant conviction, humour, traits grossiers et grinçants, de mettre en valeur nos paroles pédéx, nos désir-cruising et nos sexualités douces ou déviantes. Le monde narratif devient sujet à la digression pour un appel à la révolution par le cœur.