Portrait ancien étudiant / Clément Murin

Clément Murin a été diplômé du DNSEP à l’ÉSACM en 2012.
Pendant sa formation il développe une pratique du volume, tout en poursuivant en parallèle une pratique de l’illustration. Aujourd’hui il vit et travaille depuis Clermont-Ferrand sur divers projets liés à la calligraphie, la typographie, l’illustration, la scénographie et les arts imprimés, avec des partenaires comme Vuitton, Saint Laurent, Hermès, RadioFrance, Institut Français de la mode, Netflix, Le slip Français ou encore Saint Laurent et Dior.

– Sur votre site vous êtes identifié comme un « créatif », pouvez-vous nous donner une idée du faisceau de vos activités ?

Mes pratiques sont en effet assez variées, c’est une volonté que j’ai toujours eu pour ne pas m’ennuyer et ne jamais faire les même choses.
Mes projets actuels sont principalement en direction artistique / graphisme / calligraphie & illustration, mais j’ai navigué dans différents autres domaines comme : le design textile (dessins de motifs), le décor de cinéma (fresques ou graphisme), la peinture en lettres, l’édition, le web design ou la sérigraphie.

Et en effet aujourd’hui encore c’est assez problématique pour moi de me définir avec toutes ces pratiques, le terme « créatif » est un peu un adjectif par défaut, par dépit de ne pas trouver de terme adéquat qui me convienne , le terme de « designer » ne m’a jamais emballé car fourre-tout et peu clair, « graphiste » un peu trop limitatif de mes pratiques, et « artiste » je l’associe à un peintre, sculpteur, photographe etc. qui vend ses œuvres et ne fait pas de commandes ou de prestations.

– Pour revenir un peu en arrière, pouvez-vous me parler de la raison pour laquelle vous avez souhaité entrer en école d’art ?

Honnêtement, je suis rentré à l’ÉSACM à la sortie du lycée à 17 ans, et je pense que j’étais très jeune pour avoir une vision définie et mature d’un parcours quel qu’il eût été. Je pense que j’ai voulu rentrer en école d’art pour me perfectionner techniquement dans le spectre des pratiques artistiques. Il s’avère que cela n’a pas du tout été le cas à mes yeux, et j’ai souffert d’un manque d’apprentissage technique duquel moi et d’autres élèves étaient très demandeur·euses. C’était peut-être une fausse idée de l’enseignement d’une école d’art ou bien une spécificité qui dépend de l’école vers laquelle on se tourne en France. J’avais en tête l’imaginaire collectif ancien du Maître dans sa pratique qui enseigne ses techniques d’érudit pour que l’on puisse nous perfectionner et les réinvestir dans nos projets.

Mais je définirais plutôt l’ÉSACM (de mon époque) comme une école de la pensée artistique, qui développe la manière de réfléchir autour d’une œuvre, faire ses recherches et défendre son point de vue ; la technique quant a elle doit être apprise majoritairement en autodidacte sur le tas. Il est alors plus compliqué de créer et de se projeter dans des projets quand on n’a pas les connaissances pratiques pour faire (souder, tendre une toile, peindre à l’huile etc.).
En revanche cela m’a appris à me débrouiller pour trouver des solutions aux problèmes que je rencontre, peut-être parfois plus bancales mais qui fonctionnent. C’est ce qui m’a aussi amené à diversifier mes pratiques sans la peur de ne pas savoir faire, car je pouvais toujours apprendre à faire.

– Quelle était la nature de votre travail dans l’école ? Qu’est ce qui a marqué votre pratique actuelle ?

À partir de la fin de 3e année je me suis spécialisé dans une pratique de la sculpture à base d’assemblage de bois, métal et verre, évoquant des reliques de structures architecturales. Cette pratique est née de recherches de petites maquettes de papier et de balsa que je réalisais ensuite à plus grande échelle si la construction paraissait viable. L’idée d’en faire des formats monumentaux n’est venue que dans un second temps de ce qui n’était que des expérimentations à l’image d’un jeu de construction, avant d’y trouver un fil rouge de sujet de créations multiples qui faisait sens.

Ma pratique actuelle est constamment impactée par mon apprentissage à l’école, majoritairement intellectuellement où je pense que l’école d’art amène à traiter tout projet avec un regard transversal, qui peut amener à des propositions originales hors des sentiers battus. Cela peut plaire sur des projets créatifs mais m’a aussi desservi lorsque je montrais mon portfolio aux agences de graphisme/communication où la majorité de leurs projets sont plus corporate et où le profil trop créatif effraie, j’imagine par peur d’un manque de réalisme dans les réalisations.

– Aujourd’hui vous travaillez dans des domaines très différents notamment liés au graphisme, au design, etc. Comment avez-vous développé cette pratique dans une école d’art option art ?

Ces pratiques graphiques diverses étaient en effet déjà un peu présentes lorsque j’étais à l’école. L’illustration notamment, a été assez vite été refoulée par le corps enseignant car elle n’avait pas sa place pour eux dans une école option art (c’est en tout cas mon ressenti). Je peux le comprendre mais c’est dommage car cette appétence pour l’illustration aurait pu être encouragée et reconnue pour sa valeur artistique. Il s’avère que j’ai continué de mon côté pour mon plaisir en dehors du cadre de l’école, telle une activité parallèle de débouchés potentiels, ce qui m’a permis de me faire la main pour ensuite participer à des concours (Hermès) ou des appels à candidature (Robinson-les-Bains, Chromatic Festival) qui m’ont fait rentrer dans le monde de la mode.

– Pouvez vous nous parler de vos projets de calligraphie ?

À l’école je m’étais beaucoup penché sur les mots, leurs sens et perception, pour mon diplôme de 3e année j’avais présenté mes premières sculptures tautologiques à base de mots. L’idée étant de représenter le mot physiquement et que sa représentation emphase sur tout ce qu’évoque ce mot – par exemple avec « ICE » rappelant formellement un iceberg abstrait fait à base d’une plaque de métal pliée peinte en blanc et bleu ciel ou « KLANG » l’onomatopée évoquant le bruit du métal frappé, comme extrudée du sol, en métal peint en vert de gris tel les toits parisiens fait de cuivre. Mon mémoire traitait des enseignes et l’affiche publicitaire dans l’art contemporain, et mon DNSEP imaginait des structures architecturales évoquant les panneaux publicitaires évidés de leurs affiches et donc messages, laissant à voir ce qui se trouve derrière les images. En soi le travail autour de la lettre me trotte depuis longtemps dans la tête.

La calligraphie est un développement de ma pratique du dessin. J’ai découvert une complexité de construction et de justesse très exigeante dans le dessin de lettres : un nouveau challenge. Cela venait compléter un travail d’illustration où dessin et typographie/ calligraphie étaient complémentaires. Je ne me suis professionnalisé que bien plus tard, autour de 2016 lorsque j’ai déménagé à Montreuil pour me rapprocher de l’effervescence artistique. Sur place j’ai rapidement été confronté au coûts de la vie parisienne et que les opportunités artistiques ne tombaient pas forcément du ciel si facilement, surtout en ayant une personnalité plutôt réservée comme la mienne. Je suis tombé sur une annonce d’agence à la recherche de calligraphes freelance, à laquelle j’ai postulé alors que je ne maîtrisais pas tellement le sujet. Mais en m’entrainant quelques semaines/mois j’ai pu être opérationnel pour partir en mission chez les premiers clients ou à l’agence pour écrire des dizaines ou centaines de cartons, enveloppes, sitting cards, etc. Depuis je ne travaille plus qu’occasionnellement avec les agences où les conditions de travail ne sont pas très équitables pour le calligraphe. Je me suis fait mon portefeuille de clients en direct qui font confiance à mon travail pour leur défilé ou évènements.

C’est dans les faits un travail peu créatif qui demande de ré-écrire des pages de tableaux Excel de listings de noms mais dans un milieu privilégié qui estime la belle écriture, je me sens plus artisan qu’artiste sur cette pratique.

– Vous avez aussi été amené à concevoir des motifs pour de nombreuses marques de textile, notamment Rue Begand, Le Slip français ou encore Hermès, quel est votre processus de travail sur ce type de projet ?

La conception de motifs textiles est pour moi un travail d’illustration au même titre qu’une affiche ou une couverture de livre mais devant s’adapter aux contraintes propres au support textile (raccords du motif, gammes colorées textile, trame du tissu etc.)
Le processus est un travail de commande où soit on me donne un thème général dans lequel j’ai carte blanche, je fais mes recherches d’idées de motifs que je propose au directeur artistique qui choisit sa sélection que je peux retravailler ensuite, soit le DA a une idée précise de visuels et on travaille ensemble pour que j’illustre avec ma patte les idées qu’il a en tête.
Je peux autant travailler en illustration digitale qu’en illustration traditionnelle ou en collage numérique intégrant des gravures de la Renaissance ou d’atlas animaliers.
Le déroulement est généralement assez long et les motifs sont souvent créés un an avant la sortie réelle dans les collections, et c’est toujours plaisant de voir un produit fini physique avec ses créations sortir d’un atelier de confection.

– Comment ces marques (LVMH, Netflix, etc), qui sont des entreprises d’une autre échelle, arrivent-elles jusqu’à vous ? En temps que créateur quels sont les leviers que vous avez activé pour faire connaitre votre travail ?

En réalité je pense avoir eu une grande partie de chance dans mes rencontres et opportunités, ce qui ne dénigre pas le travail que j’y ai mis depuis toutes ces années, c’est un mélange des deux qui fait mon parcours. Je suis très mauvais côté relationnel et commercial et je n’ai jamais su me vendre ou démarcher proprement. Les projets sont souvent venues à moi naturellement petit à petit.
Pour les marques dans la mode et le luxe, ce sont des clients pour lesquels j’ai travaillé d’abord en agence et qui ont pu me rappeler après. Un réseau se créer sur le temps long et la confiance vient ensuite quand les projets se passent bien. Ceci dit dans ces milieux rien n’est jamais acquis, le comportement et le travail doivent toujours être exemplaires et compétitifs au niveau des tarifs, malgré les moyens dont disposent ces entreprises.

Pour les travaux de décors pour le cinéma et les séries, c’est l’heureux hasard d’un copain qui était en école d’architecture (en face de l’ESACM à l’époque) qui a bifurqué dans la déco et qui des années après l’école m’a proposé de participer à plusieurs projets très chouettes, on ne peut pas du tout prévoir quelles rencontres passées vont amener à des débouchés à l’avenir. J’ai aussi souvent essayé de rencarder des amis sur des projets que je voyais passer lorsque je les pensais compétents, c’est un échange de bons procédés qui tire tout le monde vers le haut si on essaye de s’entraider.

Donc je n’ai pas tant de leviers, c’est surtout maintenant mon réseau qui me ramène des projet. Je suis encore aujourd’hui en recherche pour améliorer ma visibilité pas excellente, je mise sur Instagram comme vitrine et depuis 1 an ou 2 je commence à avoir des personnes ou entreprises qui me contacte depuis mon site internet.

– En parallèle vous gardez sur certains projets une approche plasticienne, par exemple avec cette installation à la cité de la Mode pour le festival Chromatic en 2015. Est-il difficile ou au contraire naturel d’évoluer avec des pratiques plurielles ?

En effet, cette année j’ai été invité à participer à l’exposition « Anatomie du Labo » qui propose à des artistes de faire une œuvre en rapport à un court-métrage pendant la période du festival, j’ai été très content de pouvoir re-produire dans un cadre artistique sans la contrainte d’un client. Mais ce travail je n’arrive pas vraiment à le faire tout seul lorsque j’ai des creux entre 2 projets pro, sans cadre précis auquel je me suis habitué, je me perds dans mes idées et mes pratiques diverses et n’arrive pas à aboutir à des créations qui me satisfassent. J’ai aussi un degré d’exigence très élevé avec moi-même et j’estime devoir sortir des projets « parfaits » au vu de mon expérience et je me met une certaine pression de productivité qui est aussi symptomatique de la société aujourd’hui.

Dans l’idéal je souhaiterais vraiment trouver une forme artistique qui mêle les différents médiums que je pratique et pourquoi pas partager mon temps à 50/50 entre créations personnelles et travail de commande, c’est encore un axe d’amélioration auquel j’aspire.

– Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je travaille actuellement sur la refonte de l’identité visuelle de Maison Vieillard, un chocolatier historique de Clermont datant de 1781. Mi-juin je calligraphie pour le défilé Dior Homme pour la collection été 2025, et normalement un déplacement pour un défilé croisière à Hong Kong avec eux se profile également dans le courant d’année. Autrement je travaille sur des recherches pour des projets personnels de sérigraphie et de linogravure. J’ai peu de visibilité à moyen terme sur le travail dans les mois à venir, c’est un des défauts du métier où il est assez dur de se projeter à long terme.

  Je suis aussi membre à l’atelier Amicale Graphique, qui est mon bureau au quotidien, c’est un regroupement de free-lance/graphistes où nous produisons aussi de la sérigraphie, gravure, letterpress et céramique, et nous  visons à developper plus de projets communs d’arts graphiques et d’expositions collectives.

https://clementmurin.com/work

Exposition « Itinérance ferroviaire »

Questionner le territoire, arpenter la géographie ou se perdre dans les imaginaires du voyage. Voilà les sujets qui ont réuni la fabrique « Les vallées de l’Hydre », un groupe de travail composé d’étudiant·es et d’enseignantes de l’ÉSACM, pendant toute l’année 2023-2024. Le chemin de fer a alors été un outil pour regarder, traverser le monde, interagir avec le paysage, ou parfois simplement le décrire ou le représenter.

Avec l’idée de pouvoir créer hors de l’atelier, et confronter l’artiste au territoire, un groupe de 13 étudiant·es et leurs enseignants se sont investi·es dans la conception d’ateliers nomades, d’espaces qui puissent accueillir la création, voire la stimuler. Le tout en s’adaptant aux contraintes techniques du voyage sur rails.  Ces structures mobiles ont permis aux étudiant·es de poursuivre leurs recherches artistiques individuelles et collectives, en itinérance ferroviaire.

Du 17 au 20 mai 2024, parcourant 28km sur les voies ferrées entre Ambert et La Chaise-Dieu, le groupe a mis à l’épreuve ses créations, faisant à la fois l’expérience de ces ateliers mobiles et du paysage.

Une exposition à découvrir au centre d’art Madeleine Lambert de Vénissieux :

Des productions issues de leur périple, des travaux réalisés tout au long de l’année, ainsi qu’une documentation et des éditions témoignant des différentes étapes de ce voyage, seront présentées au centre d’art Madeleine Lambert, dans le cadre de l’exposition « Itinérance ferroviaire »

→ du 13 au 15 juin 2024,  de 14h à 18h (12 Rue Eugène Peloux, 69200 Vénissieux)

→ Vernissage jeudi 13 juin à 17h

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Conception et réalisation : 

Les étudiant.es de la Fabrique Les vallées de l’hydre :

Blandine Ballaz 3a, Léon Bernard 3a, Adrien Berthelemot 2a, Nina Durel 3a, Hilal Eramil 3a, Romane Febvre 3a, Morgane Floquet 3a, Agathe Foray 1a, Olivier Fourre 1a, Shitong He 2a, Malo Lagabrielle 3a, Naël Lomprez 1a, Marylou Ojeda 3a, Cyrille Seneze 2a, Cézar Servant 1a.

Un projet suivi par : 

Serge Lhermitte (artiste, professeur de photographie) et Cédric Loire (critique, historien de l’art, professeur d’histoire de l’art)

Conseillers techniques : Yves Potin et Arnaud Frappart, créateur de l’atelier « la libre roue » à Clermont-Ferrand.

Partenaires : Marcos Merchan des services SNCF voyageurs, direction des lignes citi lyon ainsi que Karine Chany et Corinne Bayet des services SNCF voyageurs, direction des lignes Auvergne.

Un remerciement particulier à Jean-Michel Debly et Olivier Gachon ainsi qu’à l’ensemble de l’association Agrivap.

Exposition des élèves des cours publics

Du 3 au 5 juillet 2024, les élèves des cours publics hebdomadaires de l’ÉSACM présenteront des travaux issus d’une année d’exploration plastiques accompagné·es par les plasticien·nes Hélène Latte, David Blasco et Audrey Galais, au sein des cours « Dessin d’après modèle vivant », « Peinture », « Approche technique et expressive du dessin. »

Trois propositions différentes, pour développer un travail personnel depuis une approche contemporaine, dans des formats de cours hebdomadaires de 3 heures, au sein d’une école supérieure d’art.

Pour participer aux cours et stages publics 2024-2025, le programme sera bientôt disponible sur cette page, et les inscriptions s’ouvriront le lundi 24 juin 2024 à partir de 9h. (Les formulaires d’inscription à jour seront publiés le jour même.)

 

 

Restitution du projet danse et performance « Sol commun »

« Un sol commun » est un groupe de travail autour de la danse, qui propose de réfléchir collectivement aux pratiques de danse à l’école et en dehors de l’école, et créer des ponts entre ces pratiques.

Une soirée de restitution ouverte à tous·tes est proposée, avec des performances, chorégraphies, échanges, mix, etc.

→ Jeudi 30 mai 2024, à partir de 20h, aux Ateliers, à la Diode (190 Bd Gustave Flaubert, 63000 Clermont-Ferrand)

Image : restitution de mai 2023

Restitution publique du focus « Projet extérieur / Live »

Le focus « Projet extérieur / live » propose une restitution de résidence,  avec les étudiant.e.s  Marjolaine Müller, Ismaël Peltreau & Elena Malakhova, Yombo Bahonda & Wilma Burguière.

Une soirée de performances publique qui aura lieu mercredi 29 mai 2024 au Lieu-Dit (rue Fontgiève) à 18h00.

 

Diplôme supérieur de recherche en art de Marion Balac

L’artiste Marion Balac, chercheuse à la coopérative de recherche de l’ESACM de 2019 à 2023, présente son DSRA (Diplôme Supérieur de Recherche en Art) le 27 mai 2024 à la Jetée (Clermont-Ferrand) – l’occasion de projeter et de présenter deux films qu’elle a réalisés : Copie double, accompagné du réalisateur Naïm Aït-Sidhoum, et How to Excel at Everything. Dans ces deux projets librement inspirés du roman inachevé Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert, deux amis cherchent à acquérir une multiplicité de savoirs grâce aux ressources infinies des tutoriels consultables sur Internet.

En écho à ces deux films, Marion Balac a demandé à deux auteur-ices, Lucie Rico et Anthony Poiraudeau, d’écrire un texte de création abordant les questions d’apprentissage, de transmission de connaissances et compétences par tutoriels et écrans interposés, de savoir encyclopédique et d’amateurisme dans l’enseignement. Le texte produit sera publié dans une édition conçue et réalisée par l’artiste Léticia Chanliau en tant que Companion book des films, à la fois livre accompagnant le travail de Marion Balac et édition à part entière. Ce projet sera également présenté lors de ce temps de projections, de lectures et d’échanges.

→ Le lundi 27 mai 2024 à 18h

À la Jetée, 6 Pl. Michel de l’Hospital, 63000 Clermont-Ferrand

En présence de Naïm Aït-Sidhoum, Leticia Chanliau, Anthony Poiraudeau et Lucie Rico.

Image : Marion Balac, Copie double, 2024

Trois binômes d’étudiant·es et diplômé·es exposent à la Fondation Ricard

La Traverse est un programme d’expositions de la Fondation Ricard visant à favoriser la visibilité des jeunes artistes de la scène française.

Dans une démarche de soutien des écoles territoriales, la Fondation Ricard et l’ÉSACM ont proposé conjointement 3 expositions présentant des binômes de diplômé·es et étudiant·es de l’ÉSACM, tou·tes accompagné·es par la commissaire Chloé Poulain.

Les deux premières expositions présentaient le travail de :

Cette troisième et dernière exposition propose de découvrir :

Image : Charlotte Durand, Travail, Tracas, Traffic, 2023, performance de 20 min, lors du vernissage le 15 mai 2024. Photo : Fondation Pernod Ricard.

Portrait ancien étudiant / Anthony Duranthon

Anthony Duranthon a été diplômé du DNSEP en 2009. Entre photographie et peinture, il travaille à des objets hybrides qui questionnent les notions d’identité, de généalogie, travaille le corps comme motif. Après son DNSEP il ajoute à son bagage un Diplôme Universitaire en Art Thérapie qui le conduit à travailler avec des adolescent·es hospitalisé·es en centres médico psychologiques, ou des adultes touchés par des lésions cérébrales. Un parcours qui entremêle pratique artistique, transmission, et métiers du soin.

 

Quelles étaient tes attentes quand tu as intégré l’école d’art ?

Je suis passé par les Beaux-Arts de Lyon avant d’intégrer l’école de Clermont. La première année de Beaux-Arts à Lyon ça a été comme une classe prépa pour moi. J’ai découvert les techniques, touché un peu à tout. Je savais que j’étais intéressé par le fait de travailler dans ce corpus de métiers, de travailler avec l’image. L’art est communicatif. J’avais l’idée de travailler au contact de tout ça.

Je ne suis pas issu d’une famille très axée sur la culture, mais au lycée je suivais une option arts plastiques. Et à ce moment-là je travaillais déjà des portraits, j’explorais la peinture, la gravure, la photo, la sérigraphie. Une fois dans l’école j’ai beaucoup travaillé au contact d’enseignant·es comme Christelle Familiari, qui avait une pratique de la vidéo, la performance, le corps/action ; mais aussi Jean Nanni, peintre ; et Christophe Cuzin qui pratiquait la peinture espace. Jean Nanni par exemple m’a amené à considérer les encres, et les travailler en transparence. Il me manque des savoirs faire techniques, mais j’ai pu développer et formuler ma démarche en tant qu’artiste.

Tu ne t’es pas arrêté au DNSEP ?

J’ai enchaîné avec une formation en Art thérapie, un Diplôme Universitaire qui était délivré par l’Université de Médecine de Grenoble. Dans ce cadre-là je me suis retrouvé à faire un stage au centre médico psychologique de Clermont-Ferrand auprès d’adolescent·es hospitalisé·es. Ces patient·es vivaient des situations marquées par des questions d’identité, qui sont des questions qui traversaient aussi mon travail plastique. J’ai aussi travaillé à l’Hôpital Sainte-Marie à Clermont-Ferrand, et auprès de personnes cérébro-lésées. Après ces expériences-là je suis reparti à Lyon, et j’ai essayé de combiner l’art et le soin. J’ai suivi une formation pour être AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) dans une école lyonnaise, et intégré le Centre social pour proposer de l’aide aux devoirs à de nouvelles·aux arrivant·es. Ces expériences-là faisaient encore partie de mon apprentissage. Jusqu’ici j’ai beaucoup travaillé avec le jeune public. Dans l’avenir j’aimerais me rapprocher des EHPAD et travailler autour de la mémoire. Je pense à créer une sorte de dispositif mobile qui permettent à ces personnes d’expérimenter le cyanotype, car ce processus ne demande aucune compétence préalable.

Depuis 2022 tu as intégré les ateliers Bains d’Huile, un dispositif d’ateliers-logements proposé par la Ville de Clermont dans le cadre d’un partenariat avec l’OPHIS. La ville prend en charge une partie du loyer, avec l’idée de garder sur le territoire des artistes qui contribuent à la création contemporaine. Peux-tu nous en parler ?

J’ai candidaté trois fois avant d’être sélectionné. Les ateliers Bains d’Huile mettent à disposition ces ateliers logements pour 3 artistes et pour 3 ans. On a chacun un espace dédié à notre pratique. Pour moi, intégrer les ateliers ça représente un engagement. J’ai quitté Lyon, mis de côté mes activités professionnelles autres, un certain confort financier, et je vois ça comme une période d’expérimentation. C’est un gros coup de boost pour ma pratique. Je n’ai pas encore fait tout ce que j’aurais aimé faire pendant cette expérience. Sur la dernière année qui me reste, je lève le pied sur les appels à candidature et je vais vraiment me consacrer à la création.

Pour financer mon matériel j’ai accepté plusieurs contrats et vacations, et je m’étais dit que je ne voulais travailler que dans le milieu de la culture. Donc j’ai proposé des ateliers, contribué à des mises en espace d’expositions, fait du gardiennage d’expo, et là aussi d’une certaine façon je suis encore en formation. J’apprends du travail des autres. J’ai pu travailler avec l’ITSRA (l’Institut du Travail Social de la Région Auvergne), et proposé des ateliers à Mille formes par exemple. Ces expériences nourrissent aussi mes sujets de peinture, et leur accessibilité.

Tu travailles la peinture, en lien avec la photographie. Peux-tu nous parler de ta pratique ?

La photo pour moi c’est un outil, jamais une fin en soi. J’ai besoin qu’il y ait un geste, un ajout qui soit manuel. Retravailler, redigérer ces images, à ma façon. Je travaille sur toile, sur papier, en couleur ou en noir et blanc, j’essaie de faire des choses hybrides.

Mon processus de création commence en général par le fait de travailler numériquement sur une base photographique afin d’obtenir des zones de couleur, similaires aux figurés utilisés en cartographie. Ensuite, ces zones sont redéfinies à travers le dessin.
Lorsque le dessin est transféré sur la toile ou le papier, je travaille à plat en utilisant des lavis d’encre successifs pour couvrir et recouvrir les zones délimitées. Les bordures respectives font réapparaître le dessin, tandis que le séchage à plat permet une sédimentation des pigments.

Tu travailles beaucoup le portrait, des personnages seuls, mais aussi en groupe ?

Oui j’ai développé plusieurs peintures autour de la notion de groupe en me demandant comment le corps peut faire motif.  J’ai même encore la photo d’un grand format que j’avais peint pour fêter l’installation des Beaux-Arts dans cette nouvelle école de la rue Kessler (voir ESACC, 2009, encre et acrylique sur toile)

 

J’ai aussi besoin de questionner l’individu au sein d’un groupe. La peinture « Grey Pride », qui était exposée au Centre Camille-Claudel dans le cadre de l’exposition « Impulsions collectives » le mois dernier s’inscrit dans cette logique.  C’est une peinture à l’encre de Chine sur toile, qui émerge d’une photo prise à la Gay Pride de Lyon. Un individu, coiffé d’un chapeau, tente de téléphoner tout en se bouchant les oreilles au cœur de la parade. Ce qui m’intéressait dans cette image était d’explorer l’individualité au sein de la célébration collective.

Tu as réalisé je crois une série de peintures inspirées des portraits présidentiels ?

En fait cette série des présidents s’est formée au fil des expositions. En 2010, j’ai réalisé le portrait de Nicolas Sarkozy comme une mise en abîme de la photographie officielle qui devait rester dans l’espace d’exposition à la mairie de Chanonat.
En 2015, j’ai été invité à participer au dispositif « Plasticiens en territoire » et à exposer dans une autre mairie à Mons. J’ai décidé de réaliser le portrait de François Hollande, qui a été présenté aux côtés de la photographie officielle.
J’ai réalisé le portrait de Emmanuel Macron suite à son élection pour présenter cette série dans l’espace d’exposition « La Passerelle » à Avermes.
La comparaison de la construction des images avec leurs différents symboles et postures témoigne d’un certain climat historique.

Ton travail aborde la question de l’identité et je crois que tu t’es intéressé aussi à ta généalogie dans le cadre de ton travail plastique ? 

Oui j’ai participé à 3 workshops à Stary Sacz, en Pologne, dont ma famille est originaire.

La première fois c’était en 2014. J’ai travaillé autour de l’omniprésence du Pape Jean Paul II sur les murs de la ville, et de la présence de nombreuses clarisses sur la place du village. Durant ce workshop, j’ai appris à poser de la feuille d’or (autour du portrait de Jean Paul II) avec une technique japonaise enseignée par l’artiste Komoko Hisamitsu.
En 2018, deuxième workshop, j’ai peint les portraits de Marian Nowinski qui est un affichiste polonais qui était à l’origine du workshop, décédé l’année précédente, et de sa femme Teresa Plat.
En 2022, j’ai profité d’un nouveau workshop pour rencontrer ma famille polonaise. J’ai décidé d’y développer des portraits de mes grands-parents en cyanotype pour symboliquement laisser leur image dans leur pays d’origine.

 

Quelles sont tes projets en cours ?

Dans le cadre des ateliers Bains d’Huile j’ai été accueilli en résidence plusieurs mois à Regensburg en Allemagne, l’été dernier. Chaque année un artiste des ateliers est en échange avec un artiste allemand, qui sera ensuite accueilli à son tour au chalet Lecoq. Là-bas j’ai rencontré Barbara Muhr avec qui je proposerais une exposition intitulée « I’ll be your mirror ».  C’est une proposition qui s’intègre dans l’évènement « Le mois de la créativité » du réseau CréArt. Elle sera visible du 17 au 20 mai 2024, pendant le weekend des Arts en balade.

https://anthonyduranthon.wordpress.com/

Une table ronde dans le cadre du programme « Travailler dans le champ de la création »

Le cycle Travailler dans le champ de la création a pour objectif d’accompagner les travailleur·euses de l’art (artistes, technicien·nes, diffuseur·ses, médiateur·rice, etc.) et de proposer un espace de questionnement et de réflexion sur les modèles de production et de diffusion de l’art. Ce cycle est construit en partenariat par l’association Culture en danger 63, l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme et avec le soutien de La SAIF.

Face à la précarité à laquelle les travailleur·euses de l’art sont confronté·es et à leur faible niveau de protection sociale, des syndicats et associations (SNAP-CGT, STAA CNT-SO, La Buse, la SRF, l’AFD) ont rédigé un projet de loi  « pour la continuité des revenus des artistes-auteur·rices » qui visent à intégrer les artistes-auteur·rices dans la caisse commune de l’assurance chômage.Il s’agira ainsi de mieux comprendre les enjeux de cette proposition de loi, les contraintes à sa mise en oeuvre et ses apports aux conditions de travail dans le secteur de la création.

Intervenant·es :

Clélia Barthelon est artiste plasticienne, membre du SNAP-CGT, membre de l’association somme toute, et anciennement coordinatrice des Arts en Balade.

Aurélien Catin est auteur et militant, membre de l’association d’éducation populaire Réseau Salariat et du collectif La Buse.

Sébastien Guerrier est musicien, militant, et membre du SNAM-CGT.

Découvrez le programme complet « Travailler dans le champ de la création »