Conférence « Nos territoires à l’épreuve de l’anthropocène à partir du cas de Saint-Pierre-et-Miquelon »

Stéphane Cordobes, Directeur Général de l’Agence d’Urbanisme et de Développement Clermont Métropole (AUDCM) proposera une conférence suivie d’un débat sur les territoires anthropocènes, en compagnie de Gregory Bernard, Conseiller métropolitain délégué, Président de l’AUDCM ; Laurent Rieutort, Professeur des Universités et Directeur de l’IADT ; Emmanuel Hermange, Directeur de l’ÉSACM ; Serge Lhermitte, Photographe, Professeur à l’ÉSACM.

La conférence s’appuie sur l’exposition photographique « L’exotisme anthropocène de Saint-Pierre-et-Miquelon », visible dans les mêmes locaux.
Cet événement s’inscrit dans le cadre du programme de prospective «Territoires, Culture et redirection écologique» mis en oeuvre par l’Agence d’urbanisme en partenariat avec l’Institut d’Auvergne du Développement des Territoires (IADT), l’ÉSACM et Clermont-Massif Central 2028.

→ le jeudi 17 novembre à l’IADT (51 boulevard François-Mitterand, 63000 Clermont-Ferrand).
Inscriptions ici

DSRA de Léticia Chanliau

Léticia Chanliau a intégré la Coopérative de recherche de l’ÉSACM en 2018. Elle est co-fondatrice de l’atelier Flamme, la maison d’édition Repro et de l’association Woman Cave Collective. Bien que pluridisciplinaire, son travail s’articule autour de trois pôles majeurs : l’écriture, l’installation et la vidéo.

« Après 4 ans à la coopérative de recherche, je me rends enfin compte que j’aime créer des contextes de rencontre, de discussion et d’échange, que ce soit par le jeu, le format de la revue ou la construction de mobilier !
 Proposer des espaces de pensées ou physiques qui soient « safes » et accueillants est une utopie, mais y réfléchir m’intéresse ; je souhaite faire cohabiter différents points de vue et donner la parole à d’autres.
Je présente le jeu de plateau Ascenseurs et technicien.ne.s pour mon DRSA . Il invite à s’interroger sur le concept de méritocratie et tente d’explorer le caractère synthétique des inégalités sociales et clivages classistes de la société française.
C’est aussi l’occasion de lancer le Woman Journal Vol.2, revue d’architecture féministe intersectionnel cofondée avec Chloé Macary Carney, qui se penche sur les espaces que nous habitons et leurs usages. »

→ Jeudi 3 novembre à partir de 19h : 
Lancement du Woman Journal Vol.2 (lecture, présentation et performance)

→ Vendredi 4 novembre à 9h30 : Jury et parties de jeu

À somme toute, 13 rue Neyron, 63000 Clermont Ferrand

 

Avec la participation de : Chloé Macary Carney, Jules Rouxel, Cécilia Lopez et Johana Blanc

Avec l’aide de : Adrien Fricheteau et Brieg Huon

Référente : Sophie Lapalu

Facilitateur·ices : Philippe Eydieu, Michèle Martel

Remerciements : Chloé Macary Carney, Brieg Huon, Adrien Fricheteau, Samuel Lecocq, Valentine Franc, Sophie Lapalu, Philippe Eydieu, Michèle Martel, Carin Klonowski, Cécilia Lopez, Isabelle Chanliau, Jean-Marc Chanliau, les équipes de l’ESACM, les chercheur.euse.s de la coopérative de recherche et les membres de Somme toute

Jury de DSRA : Nicolas Framont, Marion Bonjour et Mathilde Ehret-Zoghi

 

Evgeny Granilshchikov, artiste en résidence à l’ÉSACM.

L’Association nationale des écoles d’art (ANDEA) organise actuellement un accueil d’urgence d’artistes ukrainiens et russes au sein du réseau des écoles auquel l’ÉSACM contribue en recevant Evgeny Granilschikov en résidence jusqu’au 31 décembre 2022, avec le soutien de l’Institut Français près l’Ambassade de France en Fédération de Russie.

Artiste et réalisateur de films indépendant, Evgeny Granilshchikov a étudié la littérature et l’animation à l’École Rodchenko de photographie et d’art multimédia à Moscou. Il appartient à une communauté de jeunes artistes moscovites engagé·es. Son travail explore toute sorte de formats, de la courte vidéo filmée au smartphone jusqu’à la captation haute résolution, en passant par le live ou l’installation. Evgeny Granilshchikov questionne le cinéma en tant que médium, et s’en approprie les codes en travaillant à faire coexister plusieurs situations narratives dans un même temps. Il avait déjà réalisé en 2015 une résidence d’artiste en France, à la Cité internationale des arts.

https://www.instagram.com/granilshchikov/https://vimeo.com/granilschikovhttp://cargocollective.com/granilshchikov

→ Evgeny Granilshchikov donnera une conférence de présentation de son travail lundi 21 novembre à 18h, dans l’amphithéâtre de l’ÉSACM.

Image : capture d’écran de « I’m not me and life is not needed », videoperformance, 2022, 11,30′

 

Une conférence par Fanny Taillandier, écrivaine en résidence à l’ÉSACM POUR 2022-2023

Depuis 2011, l’ÉSACM accueille avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes, un·e écrivain·e en résidence afin de soutenir la place importante que l’école souhaite donner à l’écriture et à la littérature dans son projet. Il s’agit d’une résidence de création au cours de laquelle, l’écrivain·e intervient ponctuellement auprès des étudiant·es.

Au cours de l’année 2022-2023, l’ÉSACM accueille Fanny Taillandier dont les livres questionnent les rapports politiques entre espaces, récits et pouvoirs en Europe et autour de la Méditerranée. Agrégée de lettres et urbaniste, elle écrit des chroniques et des enquêtes urbaines pour différents magazines et revues et collabore régulièrement avec des photographes. Son travail d’écriture explore la porosité entre la fiction et le réel à travers des romans et des essais qui croisent géographie, récits et littérature de genre (polar, science-fiction…) : Les Confessions du monstre (Flammarion, 2013), Les États et empires du lotissement grand siècle (PUF, 2016), Par les écrans du monde (Seuil, 2018), Farouches (Seuil, 2021) et récemment Delta (Le Pommier, 2022).

Depuis 2018, Fanny Taillandier travaille sur une série ouverte intitulée « Empires » et constituée de formes textuelles qui peuvent être des fictions, des essais, mais aussi des livres de photographie, des installations dans des lieux patrimoniaux ou d’exposition, voire tout autre support que l’autrice aura l’idée d’y inclure par la suite. Le lien entre ces objets, tous indépendants les uns des autres, est celui d’une méditation commune initiée par ces vers d’un poème d’Ulysse de Benjamin Fondane (1898-1944), philosophe, poète, migrant et persécuté : « Empires nés / Empires écroulés / Surgissant l’un de l’autre et l’un dans l’autre / Disparaissant. Pressés de s’écouler… »
Les empires, ce serait les formes de pouvoir et d’imaginaires se succédant et se générant sur un territoire. L’idée est de travailler ensemble le territoire et les récits qui le fondent et l’irriguent. Dévoiler ces strates dans l’histoire d’un territoire, faire résonner ensemble les échos d’imaginaires différents, mettre au jour et mettre en jeu les rapports de domination qui sous-tendent les empires.

C’est cette exploration que Fanny Taillandier poursuivra durant sa résidence à l’ÉSACM.

SOMME TOUXTES, exposition des diplômé·es 2022

« Somme toute des signes s’imposent. Ceux d’un ordre social et symbolique en crise dans ses catégories normatives, perceptives et cognitives. Iels les repèrent à même leurs vies et leurs corps et s’en saisissent comme autant d’occasions pour imaginer un nouveau système de coordonnées. Ainsi, depuis la brèche où se dévoile le caractère contingent de toute formation sociale, iels fabriquent des identités affranchies des binarismes de genre et des dualismes humain/non-humain, nature/culture sur lesquels s’adossent les modes de production capitalistes. Dans le même mouvement, ce sont des rapports sociaux, une distribution des rôles et des effets de structure qui sont épinglés et dépliés. Et des affects mobilisés : tristesse, colère, allégresse — ceux qui infléchissent ou redressent le corps et l’esprit lorsque, de sources d’aliénation et de domination, les valeurs, les significations et les représentations qui organisent un monde social sont réfléchies et réagencées. »

Sarah Ihler Meyer, commissaire de l’exposition

AVEC : Louise Beaucourt, Raoul Bonnefoy, Emma Caquineau, Rodrigo Cespedes Del Aguila, Cléo, Noémie Diaz, Thibaud Duffet, Assia Ermolova, Erika Fournel, Juliette Gaillard, Eden Lebegue, David Lennon, Mauve Pérolari, Emma Merlet, Eva Morin, Célestine Munch, Armineh Negahdari,  Simon Pastoors,  Tristan Robert, Nina*Rune Segaut, Danaé Seigneur.

Vernissage le mardi 4 octobre 2022 à partir 18h30 à l’ÉSACM puis à 20h à somme toute

Exposition à découvrir du 4 au 14 octobre 2022 

– à l’ÉSACM du lundi au vendredi de 10h à 18h

– à somme toute, 13 rue Neyron, du mercredi au samedi de 14h à 18h

Design, ana crews (Police de caractères : BBB Baskervvol par Bye Bye Binary et Denim par Displaay)

8936 chansons – DSRA de Melis Tezkan, dans le cadre de la Coopérative de recherche de l’ÉSACM

Le vendredi 28 octobre 2022, à 15h00

à Boom’Structr’- Pôle chorégraphique, La Diode, Clermont-Ferrand.

On liste pour se confronter à l’idée de l’infini, comme l’écrit Ege Berensel. La liste inachevable des compilations offertes, reçues, publiées, jouées, détruites, archivées ou cachées m’aide à déconstruire le trajet qui semble être le mien mais qui n’est pas isolé de ceux des autres. Ici une compilation de vues sur l’autoroute, la mer, la chambre, le club, l’école, le gratte-ciel, l’hôpital, la forêt, le cimetière, l’anniversaire, la manif, la rupture, la télé, le projet… Dans cette recherche, je me penche sur des constructions narratives autour de la musique et sur mon rapport à l’écoute. Pour sa restitution, je travaille sur une forme de mise en scène dans laquelle des aspirations personnelles et collectives dialoguent entre elles.

Avec Éden Lebegue et Enrico Floriddia (interprètes), Nicolas Marie (éclairagiste), Ömer Sarıgedik (musicien)

Artistes-chercheur·euses ayant participé aux sessions de recherche : Leticia Chanliau, Sarah Netter

Référent·es (artistes-chercheur·euses associé·es) : Banu Cennetoğlu, Jan Kopp

Facilitateur·ices : Philippe Eydieu, Michèle Martel

Partenaires extérieurs : Boom’Structur’ (Clermont-Ferrand), Les Subs (Lyon)

Remerciements : Marion Balac, Armelle Coquart, Berk Çakmakçı, Gærald Kurdian, Okan Urun, Manon Pretto, Nil Yalter et les équipes de l’ÉSACM, celles de Boom’Structur et des Subs.

Jury de DSRA : Philippine Hoegen, Jennifer Lacey et Aslı Seven

Vendredi 28 octobre 2022, à 15h à Boom’Structur – Pôle chorégraphique, La Diode (190 Bd Gustave Flaubert, 63000 Clermont-Ferrand)

Soutenance sur inscription, dans la limite des places disponibles.

crédit photo © Nicolas Marie

Portrait ancien étudiant / Yann Lacroix

Diplômé du DNSEP à l’ÉSACM en 2010, Yann Lacroix a développé une pratique presque exclusive de la peinture depuis les premières années de sa formation. Il convoque des paysages sans figurant·es, dont l’échelle enveloppe le·la visiteur·se. Yann Lacroix a participé à de nombreuses résidences, en France et à l’étranger, comme à la Tars Gallery de Bangkok, ou à la Casa de Velasquez à Madrid.
Blue Lagoon, huile sur toile, 37 x 46 cm, 2017

Qu’attendiez-vous d’une école d’art ?

Je dessine depuis toujours, mais jusqu’au milieu de l’année de ma terminale je n’avais pas envisagé faire une école d’art. Un ami m’en a parlé un mois avant le concours, et c’est comme ça que je suis entré à l’ÉSACM. Mon expérience dans l’école a été très riche humainement et intellectuellement. Ça a été pour moi un lieu très stimulant, où j’ai trouvé les outils pour mettre en forme ce qui m’anime, me questionne et constitue même ma manière d’être. Comme tou·tes les autres étudiant·es, j’ai essayé le plus grand nombre de médiums possibles au cours des 1ère et 2e années. Mais la peinture a pris assez vite une place importante. Mon diplôme de 3e année était déjà presque exclusivement constitué de peintures.

On retrouve beaucoup de motifs végétaux et architecturaux dans vos toiles, et de grands formats. Quelle est votre méthodologie de travail ?

Je peins exclusivement en atelier. Je m’inspire et m’appuie sur des photos que je prends dans mon quotidien, que je sois ici ou là. Je photographie des espaces et des motifs pour leur potentiel pictural. Mais je pioche et collecte également des images et documents dans des livres, des documentaires, des films ou sur internet.

Je travaille sur plusieurs types de formats : petits, moyens, et grands. Les petits parce qu’il y a une dimension intimiste. J’ai commencé à travailler sur ces formats il y a plus de dix ans après avoir observé les petits formats de Camille Corot, peints lors de ses voyages en Italie, dans les années 1820-1830.  Il y a beaucoup de peinture, de perspective et de force sur une si petite surface. Les grands formats disposent d’une échelle physique, on les appréhende avec son corps entier. Ils sont proche du champ de vision humain. Au cours des années, j’ai également commencé à travailler sur des moyens formats, sur lesquels je peux développer des problématiques intéressantes.

India Song, huile sur toile, 185 x 160 cm, 2018

Où travaillez-vous et comment s’organise votre temps de travail ?

Mon atelier se trouve à Saint-Ouen. Je travaille tous les jours et ne prends que très peu de temps pendant lequel je ne suis pas en train de penser à mon travail, à la peinture, aux projets et aux expos.

Je pars souvent en résidence en France, mais aussi à l’étranger, comme à Bangkok, à la Casa de Velasquez à Madrid ou à Tunis. Le travail en résidence nourrit beaucoup ma pratique. Ces situations me permettent de réfléchir différemment, de prendre de la distance avec le quotidien, et de prendre soin de l’avenir en convoquant des questions vers lesquelles je ne serai pas allé en restant dans mes habitudes.

Nice place for good value and the swimming pool was clean, huile sur toile, 230×200 cm, 2016

Travaillez-vous avec des musées, des galeries ?

Je travaille avec la galeriste Anne-Sarah Bénichou depuis 2019. Anne-Sarah m’avait repéré au Salon de Montrouge en 2018 alors qu’elle faisait partie du jury. Nous étions en contact depuis quelques mois quand elle m’a contacté en juin 2019, à la fin de ma résidence à Madrid, pour me proposer une exposition personnelle dans sa galerie au mois de septembre suivant. J’ai poursuivi mon travail avec elle depuis.

Je travaille également avec la galerie Selma Feriani à Tunis et Londres. Je prépare en ce moment une exposition personnelle à la galerie Selma Feriani à Londres et une à la Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis, pour 2023.

 

https://www.yannlacroix.com/

https://www.instagram.com/_yann_lacroix_/

https://www.facebook.com/yann.lacroix.92

https://www.arte.tv/fr/videos/081647-009-A/yann-lacroix/

Tennis Club, huile sur toile, 195 x 240 cm, 2018

Un atelier hebdomadaire pour les 12-17 ans

Pour la première fois, un atelier hebdomadaire spécifiquement pour les 12-17 ans va être proposé par l’ÉSACM, en partenariat avec le centre Camille-Claudel. Il reste des places !
Début des ateliers le samedi 1er octobre 2022.

Cet atelier permettra de découvrir plusieurs techniques d’arts plastiques tout au long de l’année. Lors du premier rendez-vous, une balade sera proposée pour photographier les végétaux dans la ville. Ensuite, ces images serviront à pratiquer le dessin, le modelage en argile, à fabriquer des tampons, etc.

INFOS PRATIQUES
les samedis de 14h à 17h, du 1er octobre 2022 au 1er avril 2023.
Inscriptions auprès du secrétariat du Centre Camille-Claudel, 3 rue Maréchal Joffre à Clermont-Ferrand, ou par téléphone au 04 73 42 37 27, à partir du lundi 5 septembre 2022.

Les ateliers auront lieu au Centre Camille-Claudel et à l’École supérieure d’art de Clermont Métropole (25 rue Kessler, 63000 Clermont-Fd)
Tarifs : entre 33,60€/an et 92,80€/an en fonction du quotient familial.

« Le Récit la Muraille », dans le cadre des journées du Patrimoine

Une restitution du projet Le récit de la Muraille 
Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine

La Balise, pôle d’éducation artistique et culturelle de l’école supérieure d’art de Clermont Métropole inscrit son action au cœur des enjeux de la rénovation et des bouleversements urbains dans les quartiers prioritaires de Clermont-Ferrand.

Depuis 2015, La Balise a consacré l’essentiel de ses actions au quartier Saint-Jacques, voisin de l’école et ce notamment dans « La Muraille de Chine », une barre d’habitation emblématique de Clermont-Ferrand.

À l’annonce de la déconstruction du bâtiment en 2016, La Balise a initié le projet Le récit de la Muraille, un travail de mémoire autour du bâtiment qui s’est développé à la fois à travers des ateliers d’éducation artistique mais aussi de la recherche et des projets menés par des étudiant·es et des artistes invité·es avec les habitant·es.

Pour les journées européennes du patrimoine, l’exposition présentée aux 7e étage du bâtiment rend compte des projets menés depuis 2016 par La Balise et l’ensemble des artistes invité·es.

Uniquement samedi 17 septembre 2022, de 10h à 18h
Attention, la journée du dimanche 18 dans la Muraille a été annulée.
Entrée au 2, rue Henry Andraud

Avec les artistes :

Amélie Sounalet, David Blasco, Marina Guyot, Clara Puleio, Chlöé Bedet, Benoit Vidal, Claire Gonçalves, et Matthieu Dussol, Sarah Vigier, ainsi que l’artiste mi-lan dans le cadre d’un partenariat avec le programme Veduta de la Biennale de Lyon.

 

http://lerecitdelamuraille.com/

 

image : extraits / captures du film Les destructeurs avec les enfants des accueils loisirs Jean-Macé et Pierre-Mendès-France, réalisé par Chlöé Bedet et Juliette Derutin.

Portrait ancien·ne étudiant·e / Leslie Pranal

Diplômée du DNSEP en 2014, Leslie Pranal poursuit son parcours au Laboratoire de Formation au Théâtre Physique à Montreuil, puis entre à la FAI-AR À Marseille, une formation supérieure d’art en espace public. Elle est interprête dans plusieurs compagnies de théâtre de rue, et travaille actuellement sur une performance cinématographique immersive pour l’espace public intitulée Grosse production.

Leslie Pranal par Philippe Lebruman

Tu as un parcours très marqué par la performance, la danse, le spectacle vivant. Est-ce que cette orientation était déjà visible ton cursus à l’école ?

Avant d’entrer à l’ÉSACM, j’ai fait un lycée d’arts appliqués à Saint-Géraud, à Aurillac. On étudiait le design d’espace, le design d’objet, le design de mode, le design de communication visuel, l’histoire de l’art, l’expression plastique, etc. Après mon bac, j’ai passé l’examen d’entrée pour intégrer l’école d’art. À l’époque, il y avait un dossier de productions à fournir pour être admissible, autour d’un thème donné. Le thème était le rythme. J’avais réalisé un happening hommage au futurisme : j’avais réuni des ami·es dans mon garage, vétu·es d’une combinaison jetable blanche. Ils et elles avaient un protocole, écrire des onomatopées et les dire face caméra.  J’ai filmé l’ensemble pour intégrer la vidéo au dossier de candidature.

Au lycée, en visitant différents espaces d’exposition, je me suis questionnée sur le rapport entre le·la regardeur·euse avec les œuvres. Comment dynamiser un espace d’exposition ?  Comment « faire de l’art en se bougeant » ? L’idée nous est venue de proposer aux visiteur·euses d’inventer un mouvement avec le corps qui résonne avec l’œuvre, et d’en faire une image photographiée. On a appelé ça l’« l’art sport ».

Avant même d’entrer à l’école, j’avais commencé à penser des actions, pour sortir du réel, par la vidéo ou la performance, sans nécessairement les nommer comme des actes artistiques.

Une fois dans l’école, comment as-tu employé ces intuitions-là ?

À l’école je me suis rapidement aperçue que les murs me faisaient peur. Le réflexe du « white cube » [espace exposition épuré dont le concept est apparu dans les années 1970, ndlr] me paraissait anxiogène. J’avais besoin de mouvement, de gestes qui ont une existence en eux-même. J ’ai développé ma pratique autour de la danse, de la performance, de la vidéo, etc. J’avais envie de rencontrer les personnes, investir des espaces plus vastes, et qui ont d’autres fonctions.

Ce rapport à l’espace public je ne le nommais pas encore. Mais je saisissais aussi souvent que possible l’occasion de montrer mon travail. Par exemple, j’ai proposé pendant mon parcours une chorégraphie en scooter dans l’allée de l’école. C’était ça qui m’intéressait, trouver par quel moyen on peut proposer une action festive et originale dans une école d’enseignement supérieur, et passer du réel vers l’irréel.

J’avais aussi été invitée à participer à une exposition dans un appartement du centre-ville de Clermont-Ferrand. Je ne savais pas quoi faire de cet espace-là, mais j’avais repéré un passage souterrain dans l’immeuble, qui m’avait fait penser à une grotte. J’avais une amie qui travaillait comme guide dans une véritable grotte, et je lui ai demandé de refaire la même visite, mot pour mot, avec les mêmes gestes et les mêmes contenus, mais dans le passage souterrain, en faisant imaginer aux spectateur·rices qu’ils et elles se trouvaient dans la grotte. Pendant qu’elle parlait, je déplaçais ma lampe torche au plafond pour simuler la présence d’éléments de cette grotte fictionnelle.

Voilà quelques exemples des sujets qui travaillaient mon imaginaire à l’école. J’y ai aussi acquis une méthode de travail, autour de l’expérimentation. Accepter les ratés, et en tirer des ressources nouvelles. Je pense, par exemple, à mon travail d’essai [mémoire de master 2, ndlr], pour lequel je me suis intéressée au personnage de Robinson. J’ai créée une embarcation pour quitter la terre, et j’ai filmé le processus de fabrication. On me voit découper des troncs à la tronçonneuse pour faire un radeau, puis couler avec. Mais l’important c’était ce qui se passait dans l’instant, l’intention, et la trace que j’en ai gardée.

Comment s’est passée ta sortie de l’école ?

À ma sortie de l’école en 2014, j’ai intégré les ateliers de la Cabine, lieu associatif situé au 16 rue du Port qui disposait d’ateliers partagés. J’allais voir beaucoup de spectacles et je me rendais compte que je préférais suivre des stages et des cours de danse et de théâtre, ou participer à des performances avec la Compagnie des Guêpes rouges, plutôt que travailler à l’atelier.
J’ai rejoint la Compagnie des Guêpes rouges pour une performance qui consistait en une lecture pour les droits des femmes. C’était la première fois que je jouais. Après ça, je les ai suivi pour deux ans de tournée.
Je participais aussi à un projet de danse qui s’appelait « Dancing museum », qui réunissait des danseur·euses amateur·rices pour danser dans les musées, au Mac Val, à la Briqueterie, au Grand palais.
Toutes ces expériences m’ont mené à intégrer le Laboratoire de Formation au Théâtre Physique à Montreuil, en 2017.

Au LFTP, on aborde la position de l’acteur·rice comme créateur·rice, l’interprétation en théorie et pratique, mais aussi la mise en scène, la régie lumière et son. Il est question d’apprendre à connaître son corps, pour être en mesure de prendre la parole. Un·e danseur·euse qui parle avec le corps est toujours juste.

Tu as enchainé avec une autre formation, la FAI-AR ?

La FAI-AR permet d’être auteur·rice de projets en espace public. C’est une formation professionnelle qui dure deux ans et qui permet de se pencher sur les enjeux de l’espace public et de développer un projet personnel de A à Z en termes de production, de création, d’interventions, de workshops, mais aussi sur les aspects administratifs, financiers et juridiques. On aborde tous les rôles liés au spectacle vivant et aux arts plastiques, pour être en mesure de porter des projets en autonomie. Le fait de suivre la formation permet d’avoir accès au statut d’intermittent·e.
À la fin de la formation, les apprenti·es présentent des « maquettes », de petites pièces de 20 minutes qui sont comme des « crash test » publics de notre projet personnel de création. Pendant ces deux années, il faut trouver des résidences, monter une équipe, faire des stages administratifs et des stages artistiques. C’est une formation publique, pendant laquelle les cours théoriques sont dispensés à l’université d’Aix-Marseille, ce qui m’a permis de valider un master Art et scène d’aujourd’hui. Comme dans la plupart des master, il m’a fallu rédiger un mémoire lié à mon projet personnel de création. Il prenait la forme d’un cahier d’avancée du projet, organisation, étapes, échecs, intentions, aspects philosophiques et théoriques de la création.
La FAI-AR était d’une certaine façon la synthèse de l’ÉSACM et du LFTP. J’avais jusqu’ici rencontré l’espace public malgré moi, et j’ai rejoint la FAI-AR pour comprendre cet espace particulier, comprendre le public, le grand public, réfléchir à l’accueil, sortir de l’entre-soi, et aller vers l’instantané, l’instant présent, l’impromptu.

Quel était ton projet de création à la fin de ces deux années à la FAI-AR ?

Mon projet personnel de création s’intitulait « Grosse production présente Tournage en cours ». Lors de mes performances, j’ai pour habitude de partir de la grande histoire pour aller vers la petite, du réel vers la fiction. Partir de l’espace public comme terrain de jeu c’était vertigineux. J’avais besoin d’un espace restreint pour m’appuyer contre. Je me suis imposée un espace : nous avons bloqué la rue. Mon équipe artistique a privatisé cette petite portion d’espace urbain, pour en faire un espace poétique, une performance cinématographique immersive et sans caméra. La consigne était partagée avec les passant·es : tout ce qu’on va faire ensemble va faire partie du film. Cette fiction, cet antidote au réel, se met à exister grâce à de la rubalise, avec une voix diffusée dans toutes les langues par un haut-parleur.

Ce projet-là a été déclenché par une expérience précédente, lorsque je travaillais comme assistante d’un réalisateur qui m’avait chargé d’absolument tous les aspects techniques en amont et pendant le tournage d’un film : régisseuse, chargée de casting, conceptrice de décors, de costumes, habilleuse, coiffeuse, cadreuse pour les temps de répétition. J’ai inventé la casquette d’assistante artistique, et ça m’a permis de voir l’envers du décor. J’avais envie de montrer ces coulisses-là au public, d’entrer dans le « méta-cinéma », la mise en abyme, en me demandant ce que donnerait un « méta-espace public ». Ça donne une vraie matière plastique, visuelle, poétique, avec des gestes techniques très chorégraphiques, comme, par exemple, la posture du perchiste. Mon mémoire s’est alors intitulé « LE MÉTA-ESPACE PUBLIC (ou comment fabriquer du réel à vue). » Ce projet a donné lieu à des ateliers, avec des habitant·es, des personnes de tous les âges.

Que fais-tu en ce moment ?

J’ai plusieurs projets en cours avec la compagnie AlixM. Nous avons joué début juin un spectacle de théâtre de rue intitulé Brèches ou faute de révolution nous appuierons sur la ville.
Nous travaillons parallèlement à une carte blanche de trois années sur les aires d’autoroute de l’A63. Il s’agit d’une carte blanche d’écriture, d’actions artistiques pour lier les routier·es et les patrouilleur·euses, avec des enjeux sociaux et de prévention, par l’art.

Je travaille aussi avec une compagnie suisse qui s’appelle Les Trois Points de suspension. Ce sont des scientifiques de l’absurde, qui détournent le réel à travers des théories scientifiques. Parmi différentes actions, on a déjà proposé une dégustation d’huîtres de Clermont-Ferrand, par exemple, pendant laquelle un plongeur va chercher des huîtres dans les égouts pour les déguster avec les passant·es.
Mais en ce moment on travaille sur Bains publics : une pièce autour de l’eau, des thermes mobiles, bains chauds, hamams, etc. Les passant·es se changent, on leur prête des maillots, des claquettes, des peignoirs, on leur demande de pleurer, de rire, pour récolter des larmes, que l’on appelle de l’huile essentielle de festivalier·es.

Cet été, j’ai aussi été sélectionnée pour participer à la table ronde des porteur·euses de projets de la journée professionnelle du Festival du Théâtre de rue d’Aurillac.

Je travaille avec une compagnie qui s’appelle KompleX KapharnaüM, pour une carte blanche pour la Ville d’Angers. Nous jouerons les 9 et 10 septembre à 22h dans les rues d’Angers dans le cadre du festival Les accroches-cœurs.

Je joue également le 6 octobre une performance subaquatique intitulée Fantastic drama et crée pour le FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur.

http://www.lesliepranal.com/

instagram : leslie_pranal

Compagnie AlixM « Aire d’un possible départ »