Conférence « Oiseaux : attachés à ce qui tombe » par Marielle Macé

Nous sommes attachés aux oiseaux, de beaucoup de façons : par l’émerveillement, la familiarité, le savoir, par les pratiques de chasse et de capture, par des conversations ou des compagnonnages, et même “par la langue”… Mais voici que les oiseaux tombent. Que deviennent ces attachements ? Sans doute peut-on, doit-on tenter de les rejouer, de se souvenir des plus robustes, d’en inventer de nouveaux, et de témoigner de cette solidarité qui continue d’associer des hommes et des oiseaux dans toutes sortes de situations quotidiennes et de cultures vivantes.

Marielle Macé est écrivaine et chercheuse. Directrice de recherche au CNRS et directrice d’études à l’EHESS, elle est spécialiste de littérature française.

Elle travaille notamment sur les solidarités entre la poésie et une anthropologie élargie (aux choses, aux environnements, aux communs, aux zones à défendre, aux plantes, aux animaux…).

Ses livres prennent la littérature pour alliée dans la compréhension de la vie commune. Ils font des manières d’être et des façons de faire l’arène même de nos disputes et de nos engagements.

Elle a, entre autres, publié les livres Façons de lire, manières d’être (éditions Gallimard, 2011) ; Styles : critique de nos formes de vie (éditions Gallimard, 2016) ; Sidérer, considérer : migrants en France, 2017 (éditions Verdier, 2017) ; Nos Cabanes (éditions Verdier, 2019) ; Parole et pollution (éditions AOC, 2021) ; Une pluie d’oiseaux (éditions José Corti, 2022).

Gratuit et ouvert à tou·tes

Image : Fabrice Hyber, Placenta, 2017

Rencontre « La photographie au chevet des territoires en transition écologique »

Fruit d’un partenariat avec l’Agence d’urbanisme Clermont Métropole, et Clermont-Ferrand Massif Central, candidature capitale européenne de la culture 2028, une rencontre aura lieu mardi 14 mars à l’ÉSACM, autour du thème « La photographie au chevet des territoires en transition écologique ». Des échanges avec plusieurs professionnels du monde de la photographie et/ou de l’urbanisme seront proposés, afin d’élaborer des hypothèses permettant d’œuvrer collectivement à la réorientation écologique des territoires.

→ Ouvert à tou·tes sur inscription, mardi 14 mars de 9h à 17h

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PROGRAMME

9h00-9h30
La place de la culture dans la transition écologique des territoires

Échange avec Grégory Bernard, adjoint au maire de Clermont-Ferrand en charge de l’urbanisme et de l’habitat, conseiller métropolitain, Président de l’Agence d’urbanisme et de Développement Clermont Métropole.

9h30-12h30
Des pratiques photographiques à l’épreuve de l’anthropocène

Avec :

  • Emmanuelle Blanc, artiste visuelle
  • Serge Lhermitte, plasticien et enseignant à Ecole Supérieure d’Art de Clermont Métropole
  • Jürgen Nefzger, photographe et enseignant à l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence
  • Bertrand Stofleth, artiste et photographe

14h00-17h00
Des dispositifs photographiques pour œuvrer à la réorientation écologique des territoires

Avec :

  • Raphaële Bertho, Maîtresse de conférences en Arts à l’Université de Tours
  • Stéphane Cordobes – Directeur de l’Agence d’Urbanisme et de Développement Clermont Métropole et photographe
  • François-Nicolas L’Hardy – Directeur de l’Hôtel Fonfreyde – centre photographique, coordinateur des résidences photographiques, Ville de Clermont-Ferrand
  • Florent Perroud – Architecte-urbaniste et photographe au CAUE Rhône Métropole, responsable de l’Observatoire photographique des paysages de la Vallée de la chimie

Introduction, animation et conclusion

  • Benoît Bouscarel, Président de L’Onde porteuse
  • Rosalie Lakatos, Chargée d’études urbanisme culturel à AUDCM

Image : – Mission photographique Grand Est – Rethel, Ardennes, août 2019. Zone d’activité commerciale, supermarché low cost et culture en openfield de blé, orge et betteraves sur le plus grand parc éolien terrestre de France. © Bertrand Stofelth

Conférence Anna Longo

Anna Longo est docteur en esthétique (Paris 1) et directrice de programme au collège international de Philosophie. Elle a enseigné à l’École d’art de la Sorbonne, à CalArts (Los Angeles) et à l’Institut Mines Telecom Business School. Sa recherche actuelle porte sur l’histoire et les limites de l’actuel système de production automatisée d’information. Elle a dirigé plusieurs ouvrages (Le paradoxe de la finitude ; La genèse du transcendantal ; Time without becoming; Breaking the Spell) et elle est autrice de la monographie Le jeu de l’induction : automatisation de la connaissance et réflexion philosophique (éditions Mimesis 2022).

L’art à l’époque de la production automatisée d’information
L’information est aujourd’hui le bien de consommation indispensable et la ressource qu’on ne cesse de reproduire en la consommant ; l’information est ce qui permet de faire évoluer la connaissance et ce qu’on communique en agissant d’une manière conforme à la connaissance dont on dispose. en tant qu’information, la connaissance est une ressource économique, et l’économie une compétition pour l’innovation des stratégies de production d’information. Est-ce que la création artistique est condamnée à contribuer au bon fonctionnement de la competition pour la production d’informations toujours nouvelles, ou bien, peut-elle être considérée comme une forme de résistance ?

Dans l’amphithéâtre de l’ÉSACM.

Ouvert à tou·tes sans inscription

Conférence Sharon Alfassi

Née en 1993.
Vit et travaille à Paris.
Diplômée de la Villa Arson en 2018 et de Sciences Po Paris en 2019.
Résidente du Wonder Fortin, artist-run space et co-monitrice du pôle céramique.

La pratique de Sharon Alfassi reflète une certaine idée de la polyvalence et de la fluidité de l’artisanat dans l’art contemporain, et comment les techniques s’interfèrent et se complètent au service des narrations qu’elle déploie.

Sa pratique est à l’image d’un carrefour entre de multiples media, dans lesquels la performance, l’installation et l’écriture, la fabrication de costumes sont intimement liées.

Si l’habit ne fait pas le moine, elle lui fait néanmoins la peau.
Elle détourne la signification et les clichés associés aux vêtements, non sans un certain humour (les titres de ses œuvres font souvent référence à des chansons).

Son travail met en scène des figures hautement référencées, du chevalier en passant par le cowboy. L’artiste les questionne, les tord, les repense. Et chacune de leur représentation est l’occasion de déconstruire l’évidence des clichés, de les prendre à rebours pour mieux raconter les histoires qu’elle joue dans ses tableaux vivants.

Lauréate du programme de mentorat « Passerelles 2020 » impulsé par l’association Contemporaines en binôme avec l’artiste Liv Schulman, elle est lauréate du Prix des ateliers Médecis pour l’année 2022/2023.

Elle fait à présent partie de la sélection de la Cinémathèque idéale des banlieues du Monde, associant le Centre Pompidou et les Ateliers Médicis.

Portrait diplomée / Niloufar Basiri

Niloufar Basiri est née à Isaphan, en Iran. Après des études en architecture et un apprentissage en peinture en Iran, Niloufar a obtenu son visa pour la France et intégré l’ÉSACM en 2016. Elle a obtenu un DNSEP en 2020. Depuis, elle a intégré les ateliers du GrandLarge à Lyon.

Peux-tu revenir sur ton parcours avant l’école ?

Avant d’arriver en France, j’avais étudié l’architecture en Iran. Après les études j’ai intégré le monde du travail quelques temps, mais l’art et la création me manquaient beaucoup. J’ai alors quitté le travail et repris des cours de peinture chez un maitre de la miniature persane pendant 5 ans. Je suis devenue son assistante. En parallèle, je donnais des cours de peinture, suivant différentes techniques. L’apprentissage était très académique, et concernait la peinture figurative, réaliste. J’étudiais à partir de modèles vivants ou de photos la plupart du temps, mais j’avais envie de créer mon propre art, trouver un langage à travers lequel je pourrais m’exprimer. C’est avec ce projet que j’ai décidé de poursuivre mes études en France, pour avoir plus de liberté et échapper à la censure dans mon pays. Apres deux ans d’apprentissage de la langue française j’ai obtenu mon visa, et en septembre 2016 j’ai intégré la 2eme année à l’ÉSACM.

Jusqu’à là je n’avais appris que la technique, et l’école m’a accompagné dans un processus de création plus libre, plus porté sur les idées et la réflexion. Le monde de l’art contemporain était pour moi un tout nouveau territoire. Au début, je me sentais perdue, surtout avec la barrière de la langue et de la culture. L’aide des professeurs et des autres étudiants a été très rassurante pour que je puisse traverser cette phase, et trouver progressivement ma voie.
À l’école nous apprenons à développer nos idées, à les transcrire sous forme plastique, à présenter notre travail, et à appréhender les aspects administratifs liés à la création.

Comment s’est passée ta sortie de l’école ?

Après mon diplôme, j’ai déménagé à Lyon. Pour des raisons personnelles mais aussi pour changer d’environnement et découvrir un nouveau réseau dans une grande ville. La première année après l’obtention du diplôme était pour moi un temps de transition entre les études et la vie professionnelle, entre Clermont-Ferrand et Lyon. J’avais lancé un projet collaboratif qui m’a apporté beaucoup de choses mais qui n’a pas abouti. En parallèle je travaillais chez moi, dans des conditions parfois compliquées selon le format du projet, les matériaux choisis, et au vu de la taille de mon appartement.

Cette année-là, j’ai participé à l’exposition collective « Les une et mille nuits » dans le cadre du festival C’Mouvoir à Champs-sur-Tarentaine et « AIMANT, AIMANT » dans le cadre du festival des Arts en Balade à Clermont-Ferrand.  J’ai également accompagné un groupe d’étudiant·es de l’école pour une résidence d’un mois au PAF (Performing Art Forum) à St-Erme.

J’ai ensuite postulé pour un atelier au Grand Large, l’association pour la jeune création en Auvergne-Rhône-Alpes à Lyon où je suis résidente depuis. Nous sommes 33 artistes dont la plupart sont diplômé·es des écoles de la région. Il y a des évènements et des visites organisées qui permettent de rencontrer des professionnelles du milieu de l’art et élargir son réseau. Grâce à cet atelier j’ai participé à des expositions collectives dont « Paysages, grands formats » à Saint Gervais-les-Bains, ainsi qu’à « Exposition d’art urbain » et « Chemin de traverse » à Lyon, dans le cadre du programme « Résonance » de la Biennale de Lyon.

Peux-tu développer sur ta pratique et de ta méthodologie de travail ?

Ma pratique est beaucoup inspirée de mon expérience de vie en France en tant qu’étrangère. Elle est centrée autour des questions de l’identité culturelle et linguistique, de la dislocation et la transculturation.

J’aborde des aspects communs à chaque nation, comme la langue, les traditions ou encore la géographie, et j’en explore les différences. Ma pratique explore deux types d’identité, comme l’énonce le théoricien de la culture, Stuart Hall : l’une fondée sur des similitudes, une unité qui vient de l’appartenance à une culture commune ; et l’autre basée sur un processus actif d’identification, qui répond aux points de différence évoluant toujours à travers un jeu continu d’histoire, de culture et de pouvoir.

Je ne me limite pas à un medium ou une technique. Je choisi la forme qui sert le mieux mon idée. Ça peut être la broderie, le dessin, la vidéo ou la performance.
Par exemple, dans une de mes performances j’ai utilisé des mots persans qui ont été empruntés par la langue française. Une répétition, un amalgame, des mots qui, accompagnés par mon corps en mouvement, installent une ambiance ambigüe et équivoque.
Depuis mon diplôme je travaille sur une série de broderies sur les toiles de Jouy, où des éléments de miniatures persanes s’intègrent dans cette étoffe typiquement française. Ces éléments cohabitent alors dans les scènes de la vie quotidienne, de la faune et la flore.
Une autre série de broderies et de dessin représente une carte mentale, un « ailleurs » qui n’est pas forcément un lieu géographique réel, mais un endroit imaginaire.
Dans mon travail, le choix des mediums et des techniques implique un processus lent. Cela fait écho à la lenteur et à l’effort du processus d’intégration, qui sous-tend l’ensemble de mon travail : comment s’assimiler au pays d’accueil en conservant une conscience identitaire liée à la mémoire collective du territoire, de la société d’origine et de son histoire ?

Sur quels projets travailles-tu en ce moment ?

Je travaille sur une installation textile pour le festival de l’Art et la Matière en Drôme des Collines pour le mois juin 2023. L’objectif du festival est de mettre en résonance des œuvres contemporaines et des lieux chargés d’histoire. Le projet s’inspire de la chapelle Saint-Roch et du paysage qui l’entoure.
En parallèle je travaille à un projet avec « l’envers des pentes », un programme de recherche, d’expérimentation et de création en territoire de montagne, qui me permettra de participer à une résidence en refuge de montagne cet été.
En automne 2023, je présenterai une exposition personnelle à MAPRAA (Maison des Arts Plastiques et visuels Auvergne Rhône-Alpes) et une exposition collective à l’espace d’art contemporain H2M à Bourg-en-Bresse.

https://www.legrandlarge.org/les-artistes/niloufar-basiri

https://www.instagram.com/niloufar.basiri/?hl=fr

NOUVEAU !

Il reste des places !

Un nouveau format de stage préparatoire est inauguré cette année en partenariat avec l’École d’art de Riom. Ce stage se déroulera du jeudi 9 au dimanche 12 février.

Il s’adresse qui souhaitent se présenter aux examens d’entrée des écoles supérieures d’art en 2023.
Il regroupe sur quatre jours, une approche pratique et théorique des arts, et se déroulera sur deux établissements. Le jeudi 09 et vendredi 10 février 2023 à l’École d’Art de Riom et le samedi 11 et dimanche 12 février 2023 à l’ÉSACM à Clermont-Ferrand. Ce sera aussi l’occasion de découvrir ces deux structures qui proposent un cursus artistique.
Les élèves seront amené·es à découvrir de nouvelles pratiques, nourrir leur culture artistique et leur curiosité pour mieux préciser leur orientation en vue d’une préparation aux examens d’entrée des écoles d’art. Une immersion dans des conditions proches de celles des examens d’entrée leur est proposé sur les deux derniers jours du stage pour les préparer au rythme aux situations de production et aux attentes d’une école d’art. La dimension collective est valorisée afin de favoriser les échanges et la mise en confiance.

+ d’infos ici

 

« And history will be forgotten », une exposition des travaux d’Evgeny Granilshchikov, à l’ÉSACM

« And history will be forgotten », une exposition des travaux d’Evgeny Granilshchikov, à l’ÉSACM

Evgeny Granilshchikov, artiste et réalisateur de films indépendant en résidence à l’ÉSACM, présentera un ensemble de dessins et de films, lors d’une exposition proposée dans le cadre du Festival International du Court-Métrage de Clermont-Ferrand.

L’Association nationale des écoles d’art (ANDEA) organise actuellement un accueil d’urgence d’artistes ukrainiens et russes au sein du réseau des écoles auquel l’ÉSACM contribue en recevant Evgeny Granilschchikov en résidence depuis octobre 2022, avec le soutien de l’Institut Français près l’Ambassade de France en Fédération de Russie.

→ Vernissage mercredi 1er février 2023, à 18h

→ Exposition ouverte jusqu’au 10 février, du lundi au vendredi, de 10h à 18h

 

https://www.instagram.com/granilshchikov/

https://vimeo.com/granilschikov

http://cargocollective.com/granilshchikov

 

Conférence de la photographe Leslie Moquin

Leslie MOQUIN est photographe. Elle travaille avec Fanny TAILLANDIER, actuellement en résidence d’écriture à l’ÉSACM sur un projet commun intitulé : L’affaire de la D904. 

Ce projet prendra la forme d’un livre d’artiste dont le sujet convoque la disparition mystérieuse, et fictive, d’un couple. Autour de cette intrigue, il s’agira d’explorer les registres visuels et textuels associés au genre du « fait divers ». 

Ce projet est lauréat de la bourse Arcane de la SGDL et de l’ADGAP en 2022.

Leslie MOQUIN est diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles (2013), et d’un Magistère de Relations internationales (MRIAE) de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Paris (2010). 

Son travail a été exposé aux Rencontres d’Arles, au Musée d’Art Moderne de Bogota, à l’Ambassade de France à Rome (Palais Farnese) ou encore chez Agnès b. 

Ces deux derniers projets portent sur le pistage animal («Les pisteurs», avec le soutien du CNAP) et sur le microbiome océanique («l’hypothèse du rayon vert», avec le soutien de la fondation Tara Océan). 

«Sensuelles et sensibles, les images de Leslie MOQUIN jouent sur les formes et les couleurs pour faire parler le monde dans ses détails quotidiens, laissant la part belle aux formes de vie qui le peuplent. Les clichés, faussement spontanés, pointent avec humour nos façons de l’arpenter, de l’habiter et de le représenter. L’attention portée aux symboles, aux croyances contenues en germes dans des éléments a priori banals qui nous entourent (dessins, vêtements, décorations), dessine une poésie discrète, parfois doucement moqueuse, mais où la confiance donnée au regard photographique est palpable. En réveillant l’érotisme caché dans des codes culturels, en révélant la magie associée à une nature plus ou moins reconstruite par la main humaine, ses photos donnent à voir les strates concrètes et imaginaires qui forment notre réalité, mystérieuse et joyeusement traversée par nos désirs.» Baya JOHNSON, novembre 2020 

« Dispersions – Restitutions » DSRA de Constantin Jopeck

Diplôme Supérieur de Recherche en Art de Constantin Jopeck
À la Tôlerie (10 rue de Bien Assis)

VERNISSAGE – Vendredi 9 décembre à 18h
À la Tôlerie
Dans le cadre de son diplôme supérieur de recherche en art à la Coopérative de recherche de l’ÉSACM, Constantin Jopeck investit l’espace de la Tôlerie et déploie les restitutions de sa recherche autour de plusieurs films: le voyage interdit de la dentelle, le chemin évasif du serpent, la réunion rebelle des espèces… Ses propositions s’harmonisent le temps d’une exposition, ouverte du mercredi 14 au samedi 17 décembre, de 14h à 18h.

JURY – Diplôme Supérieur de Recherche en Art
Les lundi 12 et mardi 13 décembre 2022, La Coopérative de Recherche de l’ÉSACM et Constantin Jopeck organisent plusieurs temps de présentation et de discussion autour de son travail avec un jury invité et composé de Rebecca Digne, artiste plasticienne, vidéaste et cinéaste; Geneviève Loup, chercheuse et enseignante de l’histoire du cinéma expérimental et de l’art vidéo à l’École
Cantonale d’Art du Valais et à la Haute École d’Art et de Design de Genève et Simon Ripoll-Hurier, artiste visuel, cinéaste, co-fondateur de radio *DUUU.

PROGRAMME :

Lundi 12 décembre à 17h
À la Tôlerie – ouvert à tousxtes
Présentation des travaux et discussion avec le jury du diplôme supérieur de recherche en art de Constantin Jopeck.

Mardi 13 décembre à 10h
À la Coopérative de recherche – ouvert à tousxtes
Discussion avec le jury à la Coopérative de recherche autour de différents objets de la recherche.

Mardi 13 décembre à 15h
À la Tôlerie – ouvert à tousxtes
Discussion et délibération du jury dans l’exposition à la Tôlerie.

Mercredi 14 décembre à 19h
À la Tôlerie – Double soirée organisée à la Tôlerie : « Pourquoi regarder les animaux? » – Traduction et Projections
Traduction live ouverte à tousxtes avec les artistes-chercheur•es enrico floriddia, Stéphanie Lagarde et Constantin Jopeck du texte « A Wombat Wake: In Memoriam Birubi » (2000) de la philosophe et militante éco-féministe Val Plumwood.
Suivi d’un programme de films d’artistes autour de la figure de l’animal comme entité mythologique et opérateur d’images et qui ont inspiré fortement le travail et la recherche de Constantin Jopeck.

Image : Le chemin du serpent, Constantin Jopeck

Portrait ancienne étudiante / Marion Jhöaner, réalisatrice

Marion Jhöaner est réalisatrice. Elle a passé ses deux premières années de DNA à l’École supérieure d’art de Clermont Métropole avant d’intégrer l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris et l’Edinburgh College of Arts en Écosse. Elle a réalisé plusieurs films documentaires en Scandinavie, mais aussi plusieurs courts-métrages de fiction. Elle vient d’obtenir le prix de la Liberté du 43e Festival du Court de Villeurbanne, en novembre 2022, avec la fiction Ce qui vient la nuit.

Ce qui vient la nuit, Batysphère production, 27’30 », 2022. 3 sélections en festival et le Prix de la Liberté au Festival du Film Court de Villeurbanne 2022 (voir le site de Marion Jhöaner)

Qu’attendiez-vous d’une école, et qu’est-ce qui motivait votre envie de vous investir dans un cursus artistique ?

Avant d’intégrer l’ÉSACM, je venais de terminer trois ans d’arts appliqués : j’étais donc déjà investie dans un cursus artistique depuis le lycée. J’avais choisi cette section parce que j’avais besoin de comprendre le monde à travers une approche plus sensorielle. Je pratiquais la photographie et l’écriture au quotidien et je ne me voyais pas rester assise toute la journée en classe sans pouvoir donner libre cours à mon imagination.

Ces trois années se sont révélées extrêmement riches et intenses, ce qui a soudé la promo dans laquelle j’étais. On attendait beaucoup de nous, aussi nous travaillions tout le temps, y compris la nuit à l’internat, même si nous n’avions pas le droit… Je n’ai pas le souvenir d’une vraie compétition entre les un·es et les autres, mais on était tou·tes porté·es par le désir de se surpasser, d’être toujours plus exigeant·es envers nous-mêmes. Il y avait aussi l’inquiétude du bac et des bons résultats dans les matières générales.

Au moment de choisir ma voie dans les études supérieures, cet environnement scolaire produisait une forte pression sur moi. Les noms des grandes écoles nationales revenaient en permanence avec le rêve d’y entrer. Et du côté de ma famille, on me poussait à intégrer une classe prépa dans le but d’entrer dans l’une de ces grandes écoles.

Mais pour ma part, j’étais épuisée de ces trois années de lycée et cette voie vers la prépa me semblait me précipiter, encore, vers une logique de concours et de productivité qui allait à l’encontre de la recherche intérieure dont j’avais besoin. Je sentais la nécessité de calmer le rythme, de réfléchir à la manière dont je souhaitais m’exprimer, identifier les pratiques artistiques que je voulais explorer. J’avais besoin de plus de liberté et c’est la raison pour laquelle j’ai tenté les Beaux-Arts de Clermont.

Dans une école d’art où il n’y a que l’option art, comment avez-vous nourri un projet de faire du cinéma ?

Je suis entrée à l’ÉSACM avec le désir de poursuivre la pratique photographique et vidéo que je cultivais déjà au lycée. Sans encore parler de cinéma, c’était la mise en scène qui m’intéressait, et les histoires qui découlaient de ces images, les atmosphères qu’elles suggéraient. J’ai développé mon goût pour le travail sonore également. Au départ, j’étais encore très tournée vers une recherche esthétique, au détriment du sens ; mais j’avais besoin d’en passer par là pour comprendre les thèmes qui m’animaient.

Mon parcours à l’ÉSACM a été déterminant en cela grâce à la rencontre d’un enseignant, Alex Pou et d’une chercheuse en particulier, Sarah Ritter. Ces discussions m’ont véritablement marquée. Il et elle ont aussi bousculé ma vision du travail, l’ont rendue moins rigide. En cernant mes préoccupations, ils m’ont dirigé vers le travail de cinéastes et d’artistes, souvent finlandais·es ou russes, qui sont toujours les piliers de mes inspirations aujourd’hui. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que j’étais profondément touchée et attirée par l’âme des pays nordiques et slaves.

Vous avez ensuite intégré l’EnsAD ?

Sur les conseils de Muriel Lepage, j’ai tenté le concours de l’EnsAD dès ma deuxième année, pour pouvoir avoir une chance de l’intégrer après ma licence, comme il est rare d’être retenu dès la première tentative. Toutefois, j’ai eu la chance d’être sélectionnée tout de suite et je suis entrée en deuxième année dans le département Photo/Vidéo.

Je souhaitais entrer à l’EnsAD depuis longtemps, c’était donc un rêve qui se réalisait. Malheureusement, la transition a été assez difficile. Contrairement à l’ÉSACM où le cheminement de l’étudiant·e est pris en compte de manière globale et où les enseignant.es forment un collectif, notamment au moment des bilans, l’EnsAD a un système très scolaire et moins familial, assez proche de celui du lycée, avec des notes, et des feuilles de présence, ce qui ne me correspondait pas du tout.

J’ai ressenti cela comme une méfiance à l’égard des étudiant·es, comme si l’on nous soupçonnait de ne pas avoir envie de travailler alors que nous nous étions battu·es pour entrer dans l’une des écoles d’arts les plus sélectives de France… Paradoxalement, on nous demandait de développer tout un travail personnel porté sur le monde extérieur, alors que l’on nous obligeait à rester dans l’école, en 2e et 3e année.

Cela a été très douloureux de constater que l’école rêvée n’était pas en adéquation avec mes attentes. Le fait d’être entrée en cours de cursus n’a probablement pas aidé à mon intégration, mais je ne me suis pas sentie très accompagnée.

J’ai eu davantage d’échanges fructueux en dehors de ma section, avec les professeur·es de Cinéma d’Animation qui m’ont guidée notamment pour mon mémoire – et ce malgré le fait que je n’ai jamais fait de projets d’animation. La transversalité est l’un des meilleurs aspects de cette école, tout comme les nombreuses options qui existent, par exemple, l’écriture de scénario où j’ai fait mes premiers pas. L’école dispose également de nombreux équipements, dans de nombreux domaines, ce qui reste un atout incroyable en tant qu’étudiante, notamment en vidéo puisque le matériel est très onéreux.

Mais c’est en dehors de l’EnsAD que j’ai commencé à réaliser des films de fiction, avec des collaborateur·rices et des mentors extérieurs à l’école. C’est donc en me professionnalisant que j’ai retrouvé une manière personnelle de tracer mon parcours, tout en me confrontant à la réalité du travail. J’ai intégré ces films à mon cursus, de manière un peu hybride, pour pouvoir poursuivre mes études jusqu’à mon diplôme. Il s’agissait de projets trop longs et trop conséquents pour être véritablement encadrés dans le système de l’EnsAD – du moins tel que l’école fonctionnait à l’époque, car il y a eu un changement de direction depuis. Je ne sais pas comment les choses ont évolué aujourd’hui.

 

Sur la Terre, des Orages, IKO productions, 2018. Acheté par TV5 Monde et Ciné+. 4 sélections en festivals et 4 prix dont celui du Meilleur film de fiction au Redline International Film Festival 2019, Toronto, Canada. (voir le site de Marion Jhöaner)

Votre séjour au sein du département cinéma d’Edinburgh était-il rendu possible par un accord Erasmus ?

La renommée de l’EnsAD est évidemment un atout dont j’ai bénéficié au moment de ma recherche de mobilité dans le cadre d’Erasmus. Le département cinéma de l’école d’art d’Edinburgh a accepté de m’accueillir et c’est là que j’ai véritablement développé ma pratique de cinéma documentaire avec Tracey Fearnehough et Itandehui Jansen. Elles m’ont poussé à sortir de l’école et à filmer, à surmonter l’appréhension de l’inconnu : un nouvel environnement, une nouvelle langue, un nouveau pays… J’ai donc réalisé Les vivants, les morts et les marins, un court documentaire qui se déroule sur un chalutier, et qui nous immerge dans le monde des pêcheurs que je découvrais pour la première fois.

D’un point de vue plus global sur l’enseignement, j’ai été extrêmement surprise de l’inversion des rapports entre professeur·es et étudiant·es. Les professeur·es étaient très soucieux de l’intérêt que les étudiant·es portaient au contenu de leurs cours, qu’ils et elles amélioraient en fonction de ce qui nous intéressait. Et les étudiant·es locaux, eux, n’hésitaient pas à exprimer ce qu’ils attendaient de ces cours. Cela me semblait très mature, égalitaire, à l’inverse d’un rapport plus pyramidal en France. Cette différence s’explique peut-être en partie par le fait que les études supérieures au Royaume-Uni sont payantes.

Bien sûr, ce séjour à Edinburgh m’a permis de m’ouvrir à un nouveau pays, de nouvelles cultures car le campus universitaire était très cosmopolite et pas seulement centré sur les arts. Je suis devenue bilingue aussi, ce qui a été extrêmement précieux pour mes projets documentaires suivants.

Vous étiez à Clermont-Ferrand la semaine dernière pour la projection du film Synti, synti (l’île écorchée). Pouvez-vous nous en parler ?

Synti, synti (l’île écorchée) est un documentaire qui poursuit mes recherches sur le rapport entre l’Homme et la nature. Il dresse un portrait des Îles Vestmann en Islande à partir d’une histoire tristement célèbre, celle d’un homme ayant miraculeusement survécu à un naufrage. Au-delà de ce récit emblématique, le film explore le quotidien des pêcheurs de manière sensorielle et délivre les histoires qui imprègnent le territoire de ces îles. C’est un documentaire que j’ai réalisé au cours de ma cinquième année à l’EnsAD, en 2018, et que j’ai donc choisi de développer dans le cadre de mon diplôme.

Cela comportait des avantages matériels conséquents mais, comme je le disais précédemment, il fait partie de ces projets que j’ai en grande partie développé en dehors de l’école. J’ai travaillé avec une productrice, Julia Fougeray (Azadi Productions), que j’avais rencontrée en 2017 sur le tournage de Sur la Terre des Orages, produit par IKO et soutenu par la région Grand Est – mon premier film de fiction complètement extérieur à l’école. C’est elle qui a trouvé les fonds nécessaires pour partir en Islande et organiser la post-production du film.

Comme le film devait répondre aux critères du diplôme, c’est à dire être terminé pour juin 2018, le développement s’est fait très rapidement et le tournage a été très court, ce qui est inhabituel pour un documentaire ! L’écriture du film s’est donc véritablement déroulée sur le tournage, et au moment du montage.

Synti, Synti (L’île écorchée), Azadi productions, 30’00 ». 11 sélections en festival et 4 prix (voir le site de Marion Jhöaner)

Quels sont vos projets en cours ?

Cette année (2022, ndlr), je viens de terminer mon troisième film de fiction, Ce qui vient la nuit, soutenu par la région Grand Est et le département des Vosges et produit par bathysphere. Le film commence à être sélectionné dans les festivals, notamment au festival du Film Court de Villeurbanne ce mois-ci.

J’écris également mon premier long-métrage de fiction, Sans sommeil, ainsi qu’un autre court-métrage de fiction sélectionné l’année passée à la résidence du Tilleul dans le Morvan. Je recherche une production pour ces deux projets.

Je développe également un projet de long-métrage documentaire, Nuna, qui s’intéresse à la communauté inughuit du Nord du Groenland. J’ai obtenu une bourse de la région de l’île-de-France qui m’a permise de me rendre sur place durant six semaines cet été, pour de premiers repérages. J’aborde donc l’écriture documentaire pour la première fois de façon plus traditionnelle, et je poursuis ce travail avec Azadi Productions.

Enfin, je travaille à la commande d’un scénario de long-métrage de science-fiction pour une importante société de production. Ce sont des projets très enthousiasmants, très différents, qui demandent tous énormément d’exigence, mais qui n’évoluent pas à la même vitesse.

Il faut s’adapter en fonction du projet à chaque fois, la méthode de travail est toujours différente. Comme je suis particulièrement attachée au collectif, je suis profondément touchée par cette symbiose avec l’équipe que l’on peut ressentir au moment de la préparation et du tournage. Mais j’aime tout autant la recherche et l’intériorité des périodes d’écriture, qui sont plus solitaires et plus longues.

Vous réalisez par ailleurs des missions de consultante et lectrice pour des institutions ?

Depuis cinq ans, je suis en effet lectrice de scénarios pour différentes sociétés et institutions. L’enjeu est un peu différent à chaque fois selon les activités de la société, mais il s’agit globalement de lire les scénarios dans un temps relativement court, d’en rédiger les synopsis et de développer une analyse en mettant en lumière les points forts et les fragilités des projets, soit pour aider les commissions à se positionner dans leurs sélections ou acquisitions, soit pour aider un·e producteur·rice à prendre du recul quant à la réception du projet par des personnes extérieures et rediriger l’écriture avec ses auteur·rices avant de débuter le financement. En tant que consultante, je suis parfois amenée à suggérer des pistes de réécriture en fonction des intentions des auteur·rices.

La fiction est un domaine extrêmement exigeant où la réception des spectateur·rices est fondamentale, même dans le cinéma d’auteur où les propositions se jouent parfois des codes narratifs. C’est ce lien fort avec le public et cette quête de l’émotion, qui circule de l’écran à la salle, qui me plaît tant dans le cinéma.

Teaser pour Les vivants, les morts et les marins : https://vimeo.com/320340537

Teaser pour Synti, synti : https://vimeo.com/307028286