Caroline Déodat est artiste, cinéaste et chercheuse. Par le biais de films et d’installations, elle explore les dimensions spectrales de l’image en mouvement dans une circulation entre fabulation et ethnographie. De ses obsessions pour les processus d’archivage et d’aliénation, l’histoire et les mythes de la violence, elle cherche à produire des contextes d’énonciation qui déjouent les cartographies disciplinaires.
Docteure en anthropologie de l’EHESS, elle a été formée à l’École des Beaux-Arts de Lyon.
Ses films ont été montrés au Museo Reina Sofía à Madrid (ES), à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo à Turin (IT), aux rencontres photographiques de Bamako (ML), au Jeu de Paume (FR), à la Brooklyn Academy of Music (USA).
Son essai Dans la polyphonie d’une île. Les fictions coloniales du séga mauricien est paru aux Éditions B42. Il a reçu le Prix Nicolás Cristóbal Guillén Batista Philosophical Literature Outstanding Book de la Caribbean Philosophical Association en 2025.
Archives : Membres Chercheurs
Nesrine Salem
Nesrine Salem est artiste plasticienne et autrice. À travers sa polyglossie écrite et visuelle, elle célèbre la pluralité de son identité et conduit ses recherches autour des traumatismes intergénérationnels, du tokenisme et des pratiques de deuil. Elle élabore des courts-métrages, des performances, et des installations. Ces sujets se rencontrent dans son premier court-métrage What is the residue left from setting a black puddle on fire ? / Que reste-il après avoir foutu le feu à une flaque noire ? (2023) .
Pendant sa résidence dans le centre d’art Triangle-Astérides à Marseille, Nesrine Salem lance SABR/Collection (2024), une série de publications éditées chez Postfirebooks qui tend à rendre visible l’intersectionnalité des luttes et dont elle assure la curation.
Nesrine Salem est lauréate du prix Mécènes du Sud Montpellier- Sète 2022 et du Prix Occitanie-Médicis 2025. Elle a notamment exposé à La ferme du Buisson dans le cadre de l’exposition « Les sillons », au Cnac Magasin pour la deuxième édition d’« En attendant Omar Gatlato : exposition sur la scène artistique en Algérie et dans sa diaspora », au Montpellier Contemporain dans le cadre de la Biennale SOL!, ainsi que dans le Festival Parallèle 15 pour sa première performance en collaboration avec Fanny Souade Sow.
Elle expose prochainement à la Galerie Edouard Manet, Gennevilliers, pour son premier solo « Comme convenu » au Beirut Art Center, et au Crac à Sète pour un deuxième solo qui est en lien avec une résidence à la Villa Médicis.
Ses écrits sont notamment partagés par Manifesto XXI, Extra Collective, Art-O-Rama, Asap Collectif et Postfirebooks.
Haonan He
Haonan HE est un artiste visuel et chercheur, né dans la province du Yunnan (Chine) et basé à Paris. Son travail explore les relations entre plantes, odeurs et technologies à travers des installations immersives, des cartographies expérimentales, la vidéo et l’écriture. Ses recherches mettent en lumière la manière dont les substances végétales – du pavot aux résines, en passant par les fumées rituelles – se transforment en vecteurs de mémoire, de contrôle ou de résistance.
En travaillant la matérialité de la fumée et des odeurs comme médiums, il interroge la perception sensorielle comme espace politique et spirituel. Ses créations relient les rituels biochimiques, les pratiques olfactives et les technologies numériques, esquissant une nouvelle épistémologie sensorielle qui déstabilise les récits dominants de modernisation et de biopolitique.
Haonan HE est diplômé du Master ArTeC (Arts, Technologies, Numérique et Créations) à l’EUR ArTeC, Paris (2022). Il a poursuivi ses recherches dans le cadre du Post-diplôme Art à l’ENSBA Lyon (2023), et occupe actuellement un poste de chercheur à l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole (ÉSACM).
Son travail a été présenté internationalement : Biennale de Chengdu en Chine (2021), Fotogenia Film Poetry Festival en Mexique (2022), Laboratoires d’Aubervilliers (2023), MAC Lyon (2023), Cité Internationale des Arts (2024), Tropiques Atrium en Martinique (2025), ainsi qu’au GMS Festival en Thaïlande (2025)… Il a été sélectionné pour de nombreux programmes de recherche et de résidence, parmi lesquels Culture d’avenir (Centre Pompidou, CCCB, HKW, 2022–2023), In Situ (Cité Internationale des Arts & Fondation Daniel et Nina Carasso, 2023–2024), WHW Akademija (Croatie, 2024), la résidence GMS (Thaïlande, 2025), et Tropical Papers Program (2025)…
Il est également lauréat de plusieurs distinctions, dont le Prix Flair pour l’Art Olfactif (Studio Flair, Paris, 2024), ainsi que le Prix Utopi·e, Édition #4 (Paris, 2025).
Sido Lansari
Artiste.
Sido Lansari est un artiste pluridisciplinaire né en 1988 à Casablanca, au Maroc. Il vit et travaille à Paris. Il est lauréat du Post-diplôme de l’école supérieure d’art de Lyon. En 2014, il s’installe à Tanger et rejoint la Cinémathèque de Tanger, dont il est le directeur de 2019 à 2022.
Sa pratique artistique s’articule autour de questions liées à l’identité, au genre et aux sexualités en explorant les angles morts de la mémoire, du point de vue de l’héritage linguistique, artisanal ou archivistique. À travers des médiums comme la broderie, la photographie et la vidéo, il interroge un récit collectif pour construire une réflexion et une mémoire individuelle.
En 2018, il est artiste résident à la Friche la Belle de Mai à Marseille, il y développe Les Derniers paradis, son premier court-métrage, Grand Prix 2019 du Festival Chéries-Chéris à Paris. Il crée en 2020 divine, fanzine participatif et pluridisciplinaire en ligne, qui favorise la contribution d’artistes d’univers multiples en leur offrant un espace d’expérimentation de la pratique artistique domestique dans un contexte de pandémie. Récemment, le travail de Sido Lansari a été montré à l’Institut du Monde Arabe à Paris dans le cadre de l’exposition « Habibi, les révolutions de l’amour » mais aussi à la Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin (Italie), au macLyon, Musée d’art contemporain de Lyon, à la BF15 à Lyon (France), ainsi qu’au Medelhavsmuseet, Musée des Antiquités méditerranéennes et du Proche-Orient à Stockholm (Suède). En 2023, il est un des lauréats du Prix Utopi·e qui récompense la création lgbtqia+ en France.
À la Coopérative de recherche, Sido Lansari évoque le déficit de la représentation des personnes queer arabes dans l’histoire lgbtqia+ en France qui le pousse à questionner cette absence et à aller sur ses traces dans les archives, interrogeant ainsi les zones non visibles de la mémoire. Il tente de procéder à l’archéologie d’une histoire qui alterne ostracisation et luttes pour l’émancipation en cherchant à créer un récit contemporain qui révèle les archives invisibles des vies et des luttes des homosexuel·les d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud depuis les années 1970 jusqu’à nos jours. Que ce soit par l’enquête historique, artistique ou médiatique, il cherche à rendre ces processus visibles ou d’invoquer la fiction pour fabriquer des images manquantes.
Rafael Moreno
Artiste.
Rafael Moreno (iel-elle) né·e en Colombie en 1993 vit et travaille actuellement en France. Iel s’intéresse à la notion de technologie et notamment le développement des technologies d’automatisation et de communication en relation avec le corps humain. Iel aborde cette question dans une perspective sudaméricaine pour décrire les relations géopolitiques entre le Sud, l’Europe et les États-Unis, exprimées sous la forme de structures de pouvoir historiques telles que la colonisation, l’industrialisation et la mondialisation. Au cœur de son approche, se trouve le corps humain, qui tout au long de l’histoire a été à la fois le sujet et l’objet des idéologies de progrès, de racialisation et de sexualisation. En tant que méthode, Rafael propose d’approfondir les interactions entre littérature, architecture et économie pour comprendre l’élaboration de ces structures de pouvoir, ainsi que leur infiltration et banalisation dans la culture populaire.
Rafael Moreno a étudié aux Beaux-Arts de Paris, à l’EHESS et iel a participé au programme post-diplôme de l’ENSBA Lyon dirigé par Oulimata Gueye. Son travail a été exposé au CAPC (FR) Palais de Tokyo (FR), la Galerie Gaudel de Stampa (FR), Treize (FR), l’Établissement d’en Face (BE), Les Urbaines (CH), Le 67e Salon de Montrouge (FR) CCA Berlin (GE) entre autres.
Pendant sa première année à la Coopérative de Recherche, Rafael propose de continuer son travail en cours autour de la notion de technologie. Dans ce cadre, Iel cherche à rassembler spécifiquement des documents qui témoignent des technologies collectives, de résistance et d’encryptage d’information dans les périodes de la colonisation d’Amérique puis au moment de la révolution industrielle en Europe. Iel est intéressé·e par l’élaboration d’une archive personnelle de ces événements ainsi que le développement des méthodes plastiques et pédagogiques inspirées de cette archive. Autant l’archive que les méthodes seront développées autour de l’importance de l’opacité en tant qu’outil politique et social.
Janna Zhiri
Artiste.
Je suis histoirienne, je raconte des histoires effrontées de ma troupe imaginaire, les six cochonnex, et je fais aussi du dessin.
L’année dernière, dans le cadre du post-diplôme à la Coopérative de recherche de Clermont-Ferrand, j’ai travaillé sur la mise en place d’ateliers avec les ados au collège où on a croisé des thématiques peu abordées par le système scolaire (la rumeur et la polyphonie ; le romantisme et ses néologismes ; l’oralité et la création de récits ; la manifestation sociale, de soi ; Punchline) en utilisant les outils proposé par les réseaux sociaux et en les détournant.
Cette année, avec l’aide de la Balise, le pôle d’éducation artistique de l’école, on va mettre en place un espace de permanence artistique, chaque semaine, entre la scène ouverte et le cabaret foutraque. Cet espace sera l’occasion de questionner l’interventionnel et la médiation dans un contexte scolaire et de mettre en place des outils hérités de la pensée queer.
Par ailleurs, j’ai plusieurs personnages-alter ego et chacunx a son compte instagram : Franck atoutvu est mon drag qui récupère (fleurs, algues, pâte a pizza périmée, etc) pour faire des « maquillages » et expérimente le genre avec ce qu’il a sous la main, je suis aussi Caniche-pedex-eros qui écrit du q, et je suis janna qui fait du dessin.
En 2014, j’ai été confrontés suite à mon AVC et aux erreurs médicales à un état de mobilité altéré, qui une fois réglé, a fait apparaitre des séquelles nonvisibles, et a achevé l’idée du contenir dans le corps, et les rouleaux de dessins sont apparus, comme une logorrhée qui ne finit pas, une sorte de diarrhée provitale et imaginaire, pro-brut, pro-fantasme, c’est la transgression du narratif coloré, déni du terne, du non-guéri.
Alors comment, une fois que cette chose est passée ont re-réfléchi les formes ? Les images et les narrations ? Se pose la question du subi/ du nonvolontaire, une pratique de réaction mais existe-t-il une pratique réflexive qui prendrait en compte d’autres enjeux ? Ce sont mes réflexions en ce moment de cette expérience j’en garde surtout le rêve glaçant, des possibilités chimériques, poétiques et mélancoliques, politiques, ça n’en finit pas, un oeuf au plat flirt avec une étoile, même loin ; Quand l’attente est longue dans les chambres d’hôpital, on commence à parler avec le plafond, à y imaginer tous les possibles, il reste les histoires et la fiction, la réalité est terre à terre, alors qu’un pétale de géranium peut tomber amoureux d’un balcon.
Passionnée des story-telling dominants, je cherche à ré-utiliser leur forme, contes amoraux pour écrire des histoires d’autostoppeuses gay avec des cornets de glaces sur la tête et qui prennent les voitures pour des saunas (j’adore aller aux soirées olé olé au sauna) avec mon collectif imaginaire les 6 cochonnex, iels imaginent des géographies sexuelles publiques.
Mes récits, mes rouleaux de paroles d’images sont des supports à raconter, à déclarer, à divertir en croisant conviction, humour, traits grossiers et grinçants, de mettre en valeur nos paroles pédéx, nos désir-cruising et nos sexualités douces ou déviantes. Le monde narratif devient sujet à la digression pour un appel à la révolution par le cœur.
Salma Mochtari
Curatrice
« Ce que les Black Studies nous font faire »
Chercheuse et curatrice basée entre Marseille et la région parisienne.
Membre du collectif éditorial et curatorial Qalqalah قلقلة.
Ma formation académique en philosophie contemporaine m’a amenée à naviguer entre les modes d’écriture et de raisonnement qu’exige l’université, d’un côté, et ceux moins canonisés, mais tout aussi cadrés, qu’exige le travail au sein des institutions artistiques. En philosophie, je me suis intéressée à la question de l’archive en partant de l’intérêt qu’elle suscite dans les milieux artistiques, par le biais des pensées de Jacques Derrida et de Michel Foucault. Cela m’a ensuite mené vers une exploration de l’histoire du sujet chez Foucault, que je lis avec Saidiya Hartman en la traduisant. Le travail de Hartman est devenu incontournable en ce qu’il trace les lignes d’un possible dépassement de l’absence de récit par la fiction, tout en critiquant la scientificité et l’objectivité présumés de toute archive scientifique.
C’est à partir de ce travail que je voudrais porter un regard sur les déplacements de certaines questions qui viennent du canon philosophique classique et interroger par le biais de l’archive, sujet récurrent et souvent renouvelé dans les pratiques artistiques et curatoriales, nos modalités de travailler la question théorique dans l’art. Spécifiquement, la question théorique noire, et des usages stricts ou moins stricts de concepts comme la fabulation critique de Saidiya Hartman.
En prenant l’usage de ces théories au sérieux, je voudrais explorer la capacité de ces déplacements théoriques — que fait la citation décontextualisée, au milieu d’un texte d’exposition, à un travail de study laborieux et dialectique ? Que fait le name-dropping d’un·e auteurice à la potentialité critique d’un raisonnement ? Autrement dit, y a-t-il des manières de travailler les études noires qui ne seraient pas des esthétisations apolitiques ?
A contrario, l’approche universitaire est-elle suffisamment accessible, suffisamment inclusive pour permettre à des voix autres que celles des Groupes Subalternes universitaires, institués, de dire quelque chose d’elleux-mêmes ?
Sans la romantiser, la pratique artistique telle qu’elle émerge dans des pratiques de traduction partagée, d’écriture collective, de lectures de texte, d’étude même, peut- elle dire autre chose, d’une autre manière, que le langage universitaire qui empêche au moins autant qu’il permet ?
De la fiction, je souhaite que nous puissions faire émerger un sujet collectif en prise avec les questions
posées par ma recherche, habité par l’inquiétude de l’appropriation et le souci de l’efficacité esthétique comme politique.
Projets en cours :
Ne me racontes plus d’Histoire (avec Virginie Bobin), Theory Affiliation, Tanzquartier Wien, Oct 2022 – Fev 2023
Towards NOA#5 (avec Line Ajan and Mounira Al Solh),
Dao Sada
Scénographe et chercheur associé au groupe Figures de transition, porteur du projet Faufilé Sada DAO se lance dans les métiers de la scénographie en 1998, alors que cette profession est peu connue au Burkina Faso. Devenu l’un des scénographes africains les plus confirmés, il fonde et assure la Direction Artistique de Face-O-Scéno (collectif de scénographes et techniciens de scène), qu’il quitte en 2016.
Ayant à son actif de très nombreuses conceptions et réalisations artistiques, il rêve d’ouvrir une école de scénographie au Burkina. Cherchant à inscrire sa démarche de scénographe au départ du continent africain, comme art et technique inhérents aux spectacles vivants qui s’y pratiquent, ses différentes expériences ont bouleversé les codes sur la définition des rôles des artistes et techniciens, et sur le travail d’équipe.
L’impact fédérateur de ses activités et projets, et sa capacité à réfléchir, expérimenter et travailler dans l’espace public, lui permettent de développer des projets artistiques porteurs de changements esthétiques et qui questionnent le sens des pratiques et installations artistiques urbaines.
En 2008, il est nominé Meilleur Scénographe du Grand prix du Théâtre d’Afrique Francophone pour le parcours de Face-O-Scéno. En 2009, il est sélectionné pour le Prix de la Critique en Belgique. En 2016, il reçoit le Lompolo de la meilleure réalisation scénographique au Burkina Faso.
Le scénographe Dao Sada devient chercheur-associé au groupe Figure de transition pour préparer une collaboration autour d’un projet intitulé Faufilés. Le projet Faufilés vise à mener des réflexions, des créations et des productions autour du concept « d’objets » et de « zoos humains » ainsi qu’à partir des questions posées dans le cadre des débats sur la restitution et la décolonisation des Musées. Il s’inscrit dans un partenariat avec le Goethe institut, l’ÉSACM et les Ateliers Nédaere. Le projet Faufilés prendra la forme d’une exposition-rencontres les 13 et 14 octobre 2021, au jardin Lecoq et à l’ÉSACM.
Fabrice Gallis
Initiée en 2017 à l’ÉSACM autour de l’échec, la lenteur et la disparition, ma recherche propose d’étudier par l’action la performativité de ces trois notions. Par des situations expérimentales relativement floues mises en œuvre avec les étudiant·es et les chercheur·es, la part du collectif dans le ratage ou la perte s’est imposée jusqu’à contaminer certains éléments structurels de l’institution. Cette année, je poursuis mon activité de chercheur associé à l’ensemble de la Coopérative en mettant en jeu une conception de la recherche en art qui serait un moment de mise en crise de la visibilité et de la légitimité en laissant la place aux faiblesses. Contre l’idée d’un art qui devrait renforcer sa présence ou son impact dans la société en embrassant les modèles de la réussite, faisons le pari de fragiliser nos pratiques pour travailler avec des modèles faibles dans une société qui n’en veut pas. Pourquoi ne pas concevoir une situation de recherche comme un temps paradoxal, luxueux et précaire, qui permettrait – momentanément – de s’affranchir des relations de domination ? Chercher reviendrait alors à inventer des outils perturbants, collectifs, diluants, qui pourraient être réinjectés dans le champ de l’art et au–delà.
Sarah Netter
iel/il
vit et travaille à Marseille.
Artiste et auteurice, j’envisage les pratiques langagières et textiles comme pratiques vivantes d’autodétermination politique (personnelle et collective), de fluidité, de dé/construction des identités, propices à l’autofiction-théorie J’aime retracer les historiques, étymologies, traductions, et réappropriations des motifs, matières, textures, tendances, pour pouvoir en extraire les stéréotypes, leurs connotations et leurs formations, travailler nos manières de se pimper, de se parer et de se costumer. Je ne travaille quasiment qu’avec de la récup et des restes, j’ai besoin de faire avec ce qu’il y a déjà et qu’on ne considère pas forcément, avec peu de moyens, being crafty pour customiser la vie.
J’aime raconter des histoires, j’ai besoin de décortiquer la fiction, notamment le fantastique, le merveilleux, le réalisme magique comme outils d’empouvoirement, fictions politiques et réparatrices. Traducteur·rice amateur·ice, je travaille sur les traductions militantes et je traduis principalement des textes hispanophones de personnes cuir d’Amérique centrale et latine vers français, notamment Sayak Valencia ou Tadeo Cervantes. Je fais partie d’un groupe de traduction collective en mixité trans, Dans Ma Langue, avec qui nous sortons la traduction de Trans* de Jack Halberstam chez Libertalia.
J’écris aussi des textes d’autofiction, d’auto-théories et poétiques, drôles (j’espère), triste, vener et crus, que je publie parfois et que j’aimerai mettre en scène. J’ai écrit la préface du livre de Marl Brun Hot Wings and Tenders chez Burn-Aout et j’aimerais beaucoup écrire plus sur les gens que j’aime et que j’admire.
Je suis engagé·e dans deux projets collaboratifs au long cours :
« Souci du drame » (avec Camille Brêteau et Julien Carpentier), performeur·es, sculpteur·rices, conteur·euses, nous avons chacun·es exprimé un désir de scène, et de voix. C’est pourquoi nous avons commencé un projet de performance-spectacle, mot/valise, dans lequel nous emportons tout un tas d’autres termes : costumes-décors, ambiances-costumes, décors-parlants, chorégraphies-chorales. Par l’écriture, on entremêle nos volontés prosthétiques et poétiques en créant de nouvelles narrativités ; des fictions non linéaires qui mettent à nu, rejouent et sur-jouent nos affects, peurs et égos.
« Patati Patata » avec HaYoung , nos recherches tournent autour des notions de transformations, de transmission et de traductions des formes et des langages. La patate était notre point de départ, produit comestible et culturel, qui hybride les sens de par son (ses) histoires, différentes expressions et emplois. Nous nous sommes passées des hot potatoes (dans le sens « sexy ») de l’un·e à l’autre, sous forme de vidéos, sculptures, dessins et poèmes.
Au sein de la Coopérative de recherche, je travaille des questions de pratiques textiles comme pratiques vivantes en faisant sculptures et costumes, et avec l’atelier S-Kin que je propose une fois par mois aux élèves et chercheureuses. J’y propose une petite présentation à partir de questions qui n’animent, on discute et on bosse sur des projets qui sont liés de près ou de loin aux pratiques textiles, perso ou collectifs, un peu comme une permanence couture.
Je suis engagé·e dans le groupe (( )) avec Enrico Floriddia et Crys Aslanian où nous formulons des invitations à des pratiques collectives (GUFO, Rosanna Puyol et sa maison d’édition Brooke etc.).
Je fais également partie du groupe de travail d’interprétariat et traduction « Prêter nos voix », proposé par Enrico Floriddia qui nous permet de travailler à plusieurs des formes de traductions lives de contenus non traduits en français (notamment des textes de Trin T Minha)
Avec Enrico on a aussi animé pendant 2 ans TCQTT (‘Tout ce que tu touches, Tu le changes. Tout ce que tu changes, Te change.” Octavia Butler, la Parabole du Semeur)
“De quelle façon qui s’est socialisé·e en tant que blanc·he et en est conscient·e ? Qu’est ce que ça veut dire ? Quels outils nous pouvons partager pour déconstruire le suprématisme blanc et sa présence systémique au quotidien ? Un espace de travail sans but ultime, un lieu de parole bienveillant et critique, une envie de lutte diffuse. “
Sophie Lapalu et Michèle Martel m’ont invité·e à rejoindre le groupe de travail « Nous ne nous savions pas féministe… » ou nous travaillons avec un groupe d’étudiant·es et d’ancien·nes étudiant·es à des retranscriptions, entretiens et textes à partir du cycle d’invitations du même nom, qui a permis des interventions autour des féminismes intersectionnels à l’ÉSACM. Le livre “Pour des écoles d’art féministes” sortira en 2024.
Avec Gérald Kurdian nous avons organisé en mai 2021 un festival HOT BODIES à La Tôlerie à Clermont-Ferrand (“Les pratiques artistiques et militantes queer, éco-féministes et pro-sexe ont en commun de chercher des formes d’émancipation réparatrices pour les corps minorisxs et marginalisxs. Performances, publications, poésie, club ou cinéma, leurs moyens sont multiples, trans-versaux, radicaux, tendres et insolents.”) , et des workshops avec notamment Flo*Souad Benaddi, Gorge Bataille et Hantédemos etc. Et on a envie de recommencer !
Cette année je travaille plus particulièrement dans deux directions : les luttes queer juives et les liens domination adulte / infantilisation des marges notamment queer et trans / réappropriations et déconstructions du fantastique et du merveilleux. Je prépare également mon DSRA, à priori en septembre 2024, on travaille avec Hantédemos, chercheur.e associé, à un mini festival et sur un livre enfant. J’aimerai aussi travailler avec Sarah Chabrier à des readers et clubs de lectures.
Je bosse également sur un zine enfant autour des mouvements sociaux avec Rachele Borghi et Sophie Lapalu dans le cadre du DSRA de Stéphanie Lagarde qui aura lieu le 8 novembre et pour lequel j’ai commencé à écrire et chercher sur la domination adulte et le livre enfant.
Lien vers mon travail : https://www.instagram.com/sarahn.etter/