Janna Zhiri

Je me nomme Janna et je suis arrivée l’année dernière.

Je suis histoirienne, je raconte des histoires effrontées de ma troupe imaginaire, les six cochonnex. Fan des histoires d’amour en général, j’aime celles qui sont complexes, entre chien.nex et chat.tex. Fantômes de figures piochées dans une littérature de l’amour non-romantique comme dans Peau de Dorothy Allison ou totalement romantique, écrasante de bonheur-heureux-coup de foudre, mes personnages et moi-même sommes troublées par l’intensité du badinage consentant où les rêves les plus flous prennent voix d’identités multiples. Ces récits existent en performance, en textes et mettent en valeur noz paroles pédéx, nos désir-cruising et nos sexualités douces ou déviantes. Le monde narratif devient sujet à la digression pour un appel à la révolution par le coeur.
En parallèle j’ai un travail plastique de pastel sec qui prend forme de rouleaux de loghorée ou de mes vomissures de rêves et de fantasmes. C’est un imaginaire pro-vital, pro-couleurs, pro-enfantin, pro-spontanée, un espace de divagation, de connection main-pigment-papier-ciseaux.

Je suis tout autant artiste qu’intervenante en milieu scolaire ou associatif : j’ai travaillé dans le cadre de Rouvrir le monde à deux reprises, avec l’association CDD et en tant que médiatrice (Fondation Lafayette, Villa Arson, etc). Dans le cadre de Création en cours des Ateliers médicis en 2022, j’ai proposé un programme « One artist show » destiné à un jeune public en milieu rural et qui se présente comme une version artistique du « One man/woman/non-binary/ trans show ».
« One artist show » c’est amener les élèves par l’intermédiaire d’un filtre de leur alter ego créée par leur soin à des pratiques performatives fondées sur l’art de la punchline, de l’humour et de la poésie. Je déconnecte néanmoins lesdits filtres des réseaux sociaux car mon projet ne consiste pas à une incitation mais à un détournement.

En faisant ce projet, des questions sont apparues : l’alter ego dans les réseaux sociaux est une hégémonie mais que se passe t-il si les réseaux sociaux challenge cette hégémonie pré-construite ? Ce qui rejoint la question de l’archivage. Quelle place les récits prédominants occupent ? Quelle histoire a t-on envie de partager ? Avec ou sans fiction ? Quelle narrativité ? Quelle oralité pratique t-on ? D’ou vient cette oralité, celle de tous les jours et celle de nos héritages ? Et comment trouver des brèches au sein d’outils technologique afin qu’ils deviennent des révélateurs d’identité, des révélateurs de créativité sans limites, des révélateurs de récits pluriels et d’imaginaires flamboyants ?
Il s’agit ici dans le cadre de la Coopérative de recherche, d’actionner des outils en libre service sur le net pour révéler une technologie creative, fondée sur un esprit irrationnel, emphatique et émotionnel.
Il me tient à coeur de faire de la recherche appliquée et de travailler ces questions auprès d’un dit « jeune public » : enfants et adolescent

En lien avec la Balise, pôle d’éducation artistique de l’école, je commencerai l’année prochaine des modules auprès d’un collège de Clermont Ferrand.

La recherche se diffère d’intervention, et repose sur des questions, des problématiques, des outils, il est un endroit de construction commun, sans forcement de réponses immédiates. Concrètement, ce sera des ateliers d’expérimentations mêlant des problématiques qui génère des formes artistiques et un contenu DIY internet/réseaux filtres, trend, applications etc). Moi-même je serai en exploration.
Il y aura par exemple : le module identité , un module posture, module conte/histoirienn.e, module manif, module rumeur, module hacking, module romantisme, etc., Il s’agit ici aussi d’aborder des thèmes d’adolescence et des thèmes dits « politiques ».

Salma Mochtari

Curatrice

« Ce que les Black Studies nous font faire »
Chercheuse et curatrice basée entre Marseille et la région parisienne.
Membre du collectif éditorial et curatorial Qalqalah قلقلة.

Ma formation académique en philosophie contemporaine m’a amenée à naviguer entre les modes d’écriture et de raisonnement qu’exige l’université, d’un côté, et ceux moins canonisés, mais tout aussi cadrés, qu’exige le travail au sein des institutions artistiques. En philosophie, je me suis intéressée à la question de l’archive en partant de l’intérêt qu’elle suscite dans les milieux artistiques, par le biais des pensées de Jacques Derrida et de Michel Foucault. Cela m’a ensuite mené vers une exploration de l’histoire du sujet chez Foucault, que je lis avec Saidiya Hartman en la traduisant. Le travail de Hartman est devenu incontournable en ce qu’il trace les lignes d’un possible dépassement de l’absence de récit par la fiction, tout en critiquant la scientificité et l’objectivité présumés de toute archive scientifique.
C’est à partir de ce travail que je voudrais porter un regard sur les déplacements de certaines questions qui viennent du canon philosophique classique et interroger par le biais de l’archive, sujet récurrent et souvent renouvelé dans les pratiques artistiques et curatoriales, nos modalités de travailler la question théorique dans l’art. Spécifiquement, la question théorique noire, et des usages stricts ou moins stricts de concepts comme la fabulation critique de Saidiya Hartman.

En prenant l’usage de ces théories au sérieux, je voudrais explorer la capacité de ces déplacements théoriques — que fait la citation décontextualisée, au milieu d’un texte d’exposition, à un travail de study laborieux et dialectique ? Que fait le name-dropping d’un·e auteurice à la potentialité critique d’un raisonnement ? Autrement dit, y a-t-il des manières de travailler les études noires qui ne seraient pas des esthétisations apolitiques ?
A contrario, l’approche universitaire est-elle suffisamment accessible, suffisamment inclusive pour permettre à des voix autres que celles des Groupes Subalternes universitaires, institués, de dire quelque chose d’elleux-mêmes ?
Sans la romantiser, la pratique artistique telle qu’elle émerge dans des pratiques de traduction partagée, d’écriture collective, de lectures de texte, d’étude même, peut- elle dire autre chose, d’une autre manière, que le langage universitaire qui empêche au moins autant qu’il permet ?
De la fiction, je souhaite que nous puissions faire émerger un sujet collectif en prise avec les questions
posées par ma recherche, habité par l’inquiétude de l’appropriation et le souci de l’efficacité esthétique comme politique.

Projets en cours :
Ne me racontes plus d’Histoire (avec Virginie Bobin), Theory Affiliation, Tanzquartier Wien, Oct 2022 – Fev 2023
Towards NOA#5 (avec Line Ajan and Mounira Al Solh),

Dao Sada

Scénographe et chercheur associé au groupe Figures de transition, porteur du projet Faufilé Sada DAO se lance dans les métiers de la scénographie en 1998, alors que cette profession est peu connue au Burkina Faso. Devenu l’un des scénographes africains les plus confirmés, il fonde et assure la Direction Artistique de Face-O-Scéno (collectif de scénographes et techniciens de scène), qu’il quitte en 2016.

Ayant à son actif de très nombreuses conceptions et réalisations artistiques, il rêve d’ouvrir une école de scénographie au Burkina. Cherchant à inscrire sa démarche de scénographe au départ du continent africain, comme art et technique inhérents aux spectacles vivants qui s’y pratiquent, ses différentes expériences ont bouleversé les codes sur la définition des rôles des artistes et techniciens, et sur le travail d’équipe.

L’impact fédérateur de ses activités et projets, et sa capacité à réfléchir, expérimenter et travailler dans l’espace public, lui permettent de développer des projets artistiques porteurs de changements esthétiques et qui questionnent le sens des pratiques et installations artistiques urbaines.

En 2008, il est nominé Meilleur Scénographe du Grand prix du Théâtre d’Afrique Francophone pour le parcours de Face-O-Scéno. En 2009, il est sélectionné pour le Prix de la Critique en Belgique. En 2016, il reçoit le Lompolo de la meilleure réalisation scénographique au Burkina Faso.

Le scénographe Dao Sada devient chercheur-associé au groupe Figure de transition pour préparer une collaboration autour d’un projet intitulé Faufilés. Le projet Faufilés vise à mener des réflexions, des créations et des productions autour du concept « d’objets » et de « zoos humains » ainsi qu’à partir des questions posées dans le cadre des débats sur la restitution et la décolonisation des Musées. Il s’inscrit dans un partenariat avec le Goethe institut, l’ÉSACM et les Ateliers Nédaere. Le projet Faufilés prendra la forme d’une exposition-rencontres les 13 et 14 octobre 2021, au jardin Lecoq et à l’ÉSACM.

Fabrice Gallis

Initiée en 2017 à l’ÉSACM autour de l’échec, la lenteur et la disparition, ma recherche propose d’étudier par l’action la performativité de ces trois notions. Par des situations expérimentales relativement floues mises en œuvre avec les étudiant·es et les chercheur·es, la part du collectif dans le ratage ou la perte s’est imposée jusqu’à contaminer certains éléments structurels de l’institution. Cette année, je poursuis mon activité de chercheur associé à l’ensemble de la Coopérative en mettant en jeu une conception de la recherche en art qui serait un moment de mise en crise de la visibilité et de la légitimité en laissant la place aux faiblesses. Contre l’idée d’un art qui devrait renforcer sa présence ou son impact dans la société en embrassant les modèles de la réussite, faisons le pari de fragiliser nos pratiques pour travailler avec des modèles faibles dans une société qui n’en veut pas. Pourquoi ne pas concevoir une situation de recherche comme un temps paradoxal, luxueux et précaire, qui permettrait – momentanément – de s’affranchir des relations de domination ? Chercher reviendrait alors à inventer des outils perturbants, collectifs, diluants, qui pourraient être réinjectés dans le champ de l’art et au–delà.

Sarah Netter

iel/il

vit et travaille à Marseille.

Artiste et auteurice, j’envisage les pratiques langagières et textiles comme pratiques vivantes d’autodétermination politique (personnelle et collective), de fluidité, de dé/construction des identités, propices à l’autofiction-théorie J’aime retracer les historiques, étymologies, traductions, et réappropriations des motifs, matières, textures, tendances, pour pouvoir en extraire les stéréotypes, leurs connotations et leurs formations, travailler nos manières de se pimper, de se parer et de se costumer. Je ne travaille quasiment qu’avec de la récup et des restes, j’ai besoin de faire avec ce qu’il y a déjà et qu’on ne considère pas forcément, avec peu de moyens, being crafty pour customiser la vie.

J’aime raconter des histoires, j’ai besoin de décortiquer la fiction, notamment le fantastique, le merveilleux, le réalisme magique comme outils d’empouvoirement, fictions politiques et réparatrices. Traducteur·rice amateur·ice, je travaille sur les traductions militantes et je traduis principalement des textes hispanophones de personnes cuir d’Amérique centrale et latine vers français, notamment Sayak Valencia ou Tadeo Cervantes. Je fais partie d’un groupe de traduction collective en mixité trans, Dans Ma Langue, avec qui nous sortons la traduction de Trans* de Jack Halberstam chez Libertalia.

J’écris aussi des textes d’autofiction, d’auto-théories et poétiques, drôles (j’espère), triste, vener et crus, que je publie parfois et que j’aimerai mettre en scène. J’ai écrit la préface du livre de Marl Brun Hot Wings and Tenders chez Burn-Aout et j’aimerais beaucoup écrire plus sur les gens que j’aime et que j’admire.

Je suis engagé·e dans deux projets collaboratifs au long cours :

« Souci du drame » (avec Camille Brêteau et Julien Carpentier), performeur·es, sculpteur·rices, conteur·euses, nous avons chacun·es exprimé un désir de scène, et de voix. C’est pourquoi nous avons commencé un projet de performance-spectacle, mot/valise, dans lequel nous emportons tout un tas d’autres termes : costumes-décors, ambiances-costumes, décors-parlants, chorégraphies-chorales. Par l’écriture, on entremêle nos volontés prosthétiques et poétiques en créant de nouvelles narrativités ; des fictions non linéaires qui mettent à nu, rejouent et sur-jouent nos affects, peurs et égos.

« Patati Patata » avec HaYoung , nos recherches tournent autour des notions de transformations, de transmission et de traductions des formes et des langages. La patate était notre point de départ, produit comestible et culturel, qui hybride les sens de par son (ses) histoires, différentes expressions et emplois. Nous nous sommes passées des hot potatoes (dans le sens « sexy ») de l’un·e à l’autre, sous forme de vidéos, sculptures, dessins et poèmes.

Au sein de la Coopérative de recherche, je travaille des questions de pratiques textiles comme pratiques vivantes en faisant sculptures et costumes, et avec l’atelier S-Kin que je propose une fois par mois aux élèves et chercheureuses. J’y propose une petite présentation à partir de questions qui n’animent, on discute et on bosse sur des projets qui sont liés de près ou de loin aux pratiques textiles, perso ou collectifs, un peu comme une permanence couture.

Je suis engagé·e dans le groupe (( )) avec Enrico Floriddia et Crys Aslanian où nous formulons des invitations à des pratiques collectives (GUFO, Rosanna Puyol et sa maison d’édition Brooke etc.).

Je fais également partie du groupe de travail d’interprétariat et traduction « Prêter nos voix », proposé par Enrico Floriddia qui nous permet de travailler à plusieurs des formes de traductions lives de contenus non traduits en français (notamment des textes de Trin T Minha)

Avec Enrico on a aussi animé pendant 2 ans TCQTT (‘Tout ce que tu touches, Tu le changes. Tout ce que tu changes, Te change.” Octavia Butler, la Parabole du Semeur)

“De quelle façon qui s’est socialisé·e en tant que blanc·he et en est conscient·e ? Qu’est ce que ça veut dire ? Quels outils nous pouvons partager pour déconstruire le suprématisme blanc et sa présence systémique au quotidien ? Un espace de travail sans but ultime, un lieu de parole bienveillant et critique, une envie de lutte diffuse. “

Sophie Lapalu et Michèle Martel m’ont invité·e à rejoindre le groupe de travail « Nous ne nous savions pas féministe… » ou nous travaillons avec un groupe d’étudiant·es et d’ancien·nes étudiant·es à des retranscriptions, entretiens et textes à partir du cycle d’invitations du même nom, qui a permis des interventions autour des féminismes intersectionnels à l’ÉSACM. Le livre “Pour des écoles d’art féministes” sortira en 2024.

Avec Gérald Kurdian nous avons organisé en mai 2021 un festival HOT BODIES à La Tôlerie à Clermont-Ferrand (“Les pratiques artistiques et militantes queer, éco-féministes et pro-sexe ont en commun de chercher des formes d’émancipation réparatrices pour les corps minorisxs et marginalisxs. Performances, publications, poésie, club ou cinéma, leurs moyens sont multiples, trans-versaux, radicaux, tendres et insolents.”) , et des workshops avec notamment Flo*Souad Benaddi, Gorge Bataille et Hantédemos etc. Et on a envie de recommencer !

Cette année je travaille plus particulièrement dans deux directions : les luttes queer juives et les liens domination adulte / infantilisation des marges notamment queer et trans / réappropriations et déconstructions du fantastique et du merveilleux. Je prépare également mon DSRA, à priori en septembre 2024, on travaille avec Hantédemos, chercheur.e associé, à un mini festival et sur un livre enfant. J’aimerai aussi travailler avec Sarah Chabrier à des readers et clubs de lectures.

Je bosse également sur un zine enfant autour des mouvements sociaux avec Rachele Borghi et Sophie Lapalu dans le cadre du DSRA de Stéphanie Lagarde qui aura lieu le 8 novembre et pour lequel j’ai commencé à écrire et chercher sur la domination adulte et le livre enfant.

Lien vers mon travail : https://www.instagram.com/sarahn.etter/

Gérald Kurdian

Je m’appelle gæ(rald Kurdian), je suis musicienne, performeureuse, DJ et mother of ceremony de la maison Hot Bodies of the Future !.
Dans ce projet transdisciplinaire initié en 2018, je propose des espaces collectifs pop et expérimentaux (concerts, performances, soirées, etc) pour comprendre les rôles et fonctions de la musique et des contextes musicaux (clubs, salle de concert, fanzines, disques, réseaux sociaux, etc) dans les luttes militantes.
Parmi les projets de cette plateforme d’amour, on trouve par exemple les chorales Hot Bodies – qui réunissent des personnes issues ou curieuses des militantismes féministes, LGBTQ+ et décoloniaux autour d’une pratique de lecture, d’écriture et de chant choral – ou les soirées inclusives Hot Bodies Club.
Par ailleurs, je développe depuis plusieurs années une pratique de performances documentaires solo où je mets en scène, en auto-fiction et en musique, le journal photographique de mon parcours intime dans les scènes subculturelles pro-sexe.  

J’ai présenté par exemple Hot Bodies_Stand Up autour de l’éco-sexualité en 2018, The Many Lives of Tarek X en 2020 où j’abordais mes expériences avec le travail du sexe et X ! (Un opéra fantastique) en 2022 sur la mémoire traumatique.
Je sors aussi régulièrement des disques, fais des concerts et des DJ sets. Ces différentes formes sont amenées à tourner en France et à l’international sur les scènes de spectacle vivant, de l’art contemporain, des clubs ou des musiques actuelles.
J’ai intégré la Coopérative de Recherche en 2020 avec un projet d’opéra documentaire à la croisée des musiques électroniques et du gonzo journalisme. Par les rencontres et les échanges, ce projet s’est déployé en des formes mutliples offrant autant de lieux de conversations avec mes camarades chercheureuses.
Je me suis associée à Sarah Netter pour la co-programmation d’un festival Hot Bodies à La Tôlerie / Clermont-Ferrand (Fr), à Stéphanie Lagarde pour une partie de la composition sonore de sa performance de DSRA présentée en Novembre 2023 à Boum’ Structur / Clermont-Ferrand (Fr), à Carin Clonowski pour la composition musicale de sa pièce nthgbsd présentée lors de sa résidence à Glassbox / Paris (Fr), à Melis Tezkan avec qui nous avons facilité un workshop à l’ÉSACM. 

En 2023-24, je me concentrerai sur mon DSRA. Ce moment singulier est une occasion double : 

_Faire le bilan de ces 7 dernières années en remixant les archives de Hot Bodies of the Future (photos, videos, sons, textes) sous la forme d’une publication (en collaboration avec la collective Bye Bye Binary) et d’un concert live.
_Entamer des recherches de songwriting autour de la protest song comme lieu d’affirmation et des notions d’abstraction queer et de droit à l’émotion en tant que corps marginalisé.
Dans ces deux cadres là, je souhaiterai créer deux labos collectifs à l’ÉSACM, un premier autour de la voix, de composition et d’improvisation collective et un second comme une plongée collaborative dans le processus de remix des archives Hot Bodies. 

 

 

 

Crys Aslanian

Elle / Ælle

Vit et travail entre Paris et Clermont-Ferrand.

Je suis plasticienne sonore et artiste-doctorante spécialisée dans la création radiophonique en direct. Avec Aurélia Nardini, j’ai co-fondé en 2017 rΔΔdio cΔΔrgo, ensemble nous avons porté des projets comme l’Eau Argenté (Longueurs d’Ondes 2020) ou Chanson de Toile avec La Pulpe (Biennale Chroniques en 2022). Avec la Coopérative de Recherche, j’ai travaillé en 2021 avec Carin Klonovski, Léticia Chanlieau et Marion Balac pour accompagner le projet de création Rôle-Vampire de l’artiste Arnaud Dezoteux. Porté par la professeur d’enseignement artistique Clémence Angez, Rôle-Vampire s’intéressait à la porosité entre jeu de rôle grandeur nature et réalisation de film, entre jouer à un jeu et jouer la comédie.

I – CΔRE OBSCUR

Mon axe principal de recherche est une série de gestes regroupés sous le titre de Care Obscur. Dans la continuité de mon travail de thèse, Care Obscur, s’intéresse à la réappropriation et à la profanation de processus de création dans le but de manifester et surtout de rendre “jouables” des zones sensibles et parfois douloureuses que l’on trouvent en chacun·e de nous, mais aussi entre chacun·e de nous: la vulnérabilité, l’incertitude, l’impuissance. Care Obscur est une recherche qui prend à coeur l’idée que lorsque l’on ne parvient pas à renverser les pouvoirs qui nous oppressent, nous pouvons toujours en renverser les effets que ces pouvoirs ont sur nous-même. Loin de s’imaginer comme une série de pratiques thérapeutiques, cette recherche est avant tout une recherche autour de la joie qui cherche aussi où se trouve le libidinal et le ludique derrière chaque intention créative. Care Obscur place ainsi la notion de production et de réalisation au second plan, c’est-à-dire que ce qui est produit n’a souvent pas d’autre adresse que le collectif ou la personne elle-même au moment où elle est en train de le produire. Le résultat opère ainsi plus comme un produit dérivé d’un processus que comme une oeuvre à part entière.

Comment les processus créatifs permettent d’augmenter la communication que nous créons en nous-même mais aussi celle qui procède à l’intérieur d’un collectif?

Par quel processus parvenons-nous à nommer, c’est-à-dire à faire-prise avec ce qui entrave nos émancipations collectives et/ou individuelles ?

Quelles esthétiques résultent de ces processus? Comment analyser et théoriser à la suite de ces expériences ?

Entre les pratiques rituelles des sorcières éco-féministes comme Starhawk, les approches de recherches situées et collectives théorisées par Donna Haraway, ou les modes de composition de Pauline Oliveros, Care Obscur explore la création radiophonique, les ateliers d’écriture, la performance poétique, les jeux de rôle mais aussi des approches liées au textiles et aux danses érotiques.

Je souhaite pour cette année prendre le temps de finaliser, remixer et archiver ses différents travaux et expérimentation qui ont pris place entre 2021 et 2023 en direction d’une conférence.

 

1) (( ))

Je participe au groupe de recherche (( )) avec Enrico Floriddia et Sarah Netter où nous formulons des invitations à des pratiques collectives. Dans ce cadre, ma recherche se focalise sur la capacité d’un collectif à “tracer le cercle”, dans le sens que lui donne Isabelle Stengers, c’est-à-dire de créer un espace temporairement clos afin d’y récupérer du pouvoir sur lui-même et sur celleux qui y participe à travers une série de workshop:

(( )) #1 : Les Mots, l’Amour, les Sorts, le plateau-radio comme pratique de faire-monde avec la professeur d’enseignement artistique Nelly Arnaud

(( )) #2 : Faire Collectif – Récits et Pratiques, c’est une fois qu’on s’est débarrassées du chef que les choses sérieuses commencent, avec l’autrice de jeu de rôle Melville Tilh-Pluñvenn et Anna-Célestine Barthelemy du collectif Chez Mamie

(( )) #3 : Écriture Collective et Style Personnel selon Ursula LeGuin, avec la poétesse-chercheuse Héloïse Brezillon A.K.A. Gingko sur une invitation d’Anthony Poiraudeau

(( )) #4 : Broken Vixen Club, Danse exotique, textile et JDR avec les artistes-plasticiennes Sabrina Calvo et Diane Réa en partenariat avec le Lieux-Dits.

 

2) Les playlist dont vous êtes læ protagonistes.

Les playlists dont vous êtes læ protagonistes, est un projet de recherche menée à l’ESACM, qui interroge les possibilités de narration partagée et d’immersion à l’écoute radiophonique. Les playslists dont vous êtes læ protagoniste sont des narrations guidées par la voix d’une narratrice qui raconte une histoire à travers une série de morceaux de musique. Entre MJ de jeu de rôle et DJ de radio, le creux de sa voix et ses interventions régulières servent de boussole comme de carte dans ces histoires à co-créer par l’écoute. Les playlists invitent les auditeur·ices à vivre l’histoire à la première personne ainsi qu’à imaginer activement une partie de l’aventure et du monde dans lequel elle se produit. Ce projet est réalisé en partenariat avec Radio Tikka et sous le tutorat de l’autrice de SFFF luvan.

SnakeDance & CatWalk, playlist d’un cabaret dont vous êtes læ protagoniste

Engine Rédemption, playlist d’une amnésie dont vous êtes læ protagoniste

– Love is to die, playlist d’un clair-obscur dont vous êtes læ protagoniste (en cours d’écriture)

 

3) Trans~Pirations

Les Trans~Pirations sont une série de poèmes en cours d’écriture, réalisé dans le cadre du cabaret littéraire Mange Tes Mots. Les Trans~Pirations parlent de transidentité, de traumas d’enfance, de vie d’adultes et d’euphorie de genre.
Comment les traumas et les euphories affectent nos constructions?
Comment par le geste scénique et par la tendresse de l’écoute, la scène devient-elle n’ont plus un espace de catharcis mais un espace d’attachement dans lequel la poétesse émet autant qu’elle inclut, faisant du public un complice qu’il est autant nécessaire d’exciter que de laisser résonner émotionnellement à travers elle:

– Souviens-Moi l’Été Dernier, ou comment les Princes deviennent Maléfique à l’Aurore

– Blair Bitch Project, vie et mort d’une masculinité sur l’air d’Everytime de Britney Spears

– DΣ$ΔRM, romance Twilight-Transbienne OKLM

– Boulgour~Alligator~Appendicite~Porte d’Or, stand up trauma-poétique sur les violences médicales faites aux enfants

– As Icepeak, knife play et transplaning pour lame-monarque

– BitchCraft, déclaration d’amour et d’humus

 

II – MIX

Depuis 2021, je collabore régulièrement avec la poétesse-doctorante en création littéraire Héloïse Brezillon sous différentes formes d’ateliers d’écriture, performances sonores ou création radiophonique.

Pour ma sortie de la Coopérative de Recherche, nous souhaitons travailler ensemble sur le projet MIX, qui est une performance tech-poétique dans la continuité de nos expérimentations radiophoniques. L’histoire de MIX suit un personnage retraversant chaque époque de sa vie sous substance à l’aide d’une machine à remonter le temps absurde, inspirée du pianocktail de Boris Vian à la sauce techno-queer. Chaque souvenir a une texture, un goût, une essence, un degré : la machine distille un alcool à partir des souvenirs. En buvant une gorgée du liquide distillé par la machine, le personnage se transporte dans ses fièvres nocturnes passées, à la recherche d’une réponse pour se réparer.

Le texte s’articule autour du motif esthétique du temps et conçoit la nuit comme un espace de survie atemporel dans lequel se joue toute une société de la violence, un lieu immortel pour ne pas mourir. Lorsqu’une personne subit un traumatisme très violent, l’amygdale, la partie du cerveau responsable de la gestion de la peur, sécrète une dose si forte d’adrénaline qu’elle en devient toxique, risquant de provoquer crise d’épilepsie, infarctus ou arrêt cérébral. Pour prévenir cette possible mort, le cerveau envoie un cocktail d’endorphine très puissant qui déconnecte l’amygdale du circuit limbique, le circuit responsable d’intégrer les événements vécus à la mémoire. Une mémoire de « secours » se met en place, une mémoire sensorielle et anhistorique. Il est ensuite fréquent que les personnes atteintes de PTSD (syndrome de stress post-traumatique) se tournent vers les substances addictives et la fête comme moyen de revivre encore et encore le shot d’endorphine qui les a empêchées de mourir. Ce sont ces mécanismes qu’exploreront le livre, sans tomber dans une diabolisation du milieu de la nuit puisque la fête est aussi un lieu de prendre soin de nos vécus traumatiques.

– MIX est un dispositif science-fictionnel à la croisée entre récit imaginaire, recueil de poésie et performance.

– MIX explore la fête, les substances et l’addiction comme stratégies d’adaptation au vécu traumatique.

– MIX est une machine à remonter le fil de ses nuits pour, peut-être, y trouver des réponses à la violence.

– MIX est de l’auto-science-fiction.

Melis Tezkan

Melis Tezkan est née à Istanbul en 1982 ; elle vit et travaille à Paris.

Sous le nom de biriken et en duo avec Okan Urun, elle met en scène des spectacles dont elle fait la scénographie, crée des performances, installations, vidéos et fêtes. La posture du corps qui va et vient entre personnage et performeur.euse, la discordance et la nostalgie du low-tech sont quelques-unes des couches que biriken utilise pour mettre en évidence la constitution ambiguë du présent. Parmi les lieux où biriken a présenté son travail : Wiener Festwochen, Festival Under The Radar au Théâtre La MAMA à New York, Festival De Keuze International, Biennale de Sharjah hors les mûrs, Festival iDANS, Festival International de Théâtre d’Istanbul, Festival Jerk-Off, Festival International de Cinéma d’Ankara, Stückemarket’11, Zorlu Performing Arts Center, Musée Pera, Théâtre Ouvert, …

Melis Tezkan a également collaboré avec la plasticienne Nil Yalter pour produire des performances, textes et vidéos. Parmi les lieux où leur travail a été montré : Festival Temps d’Images à garajistanbul, l’exposition Unspeakable Home, Enchanting Companions à Badischer Kunstverein (sous le commissariat de Derya Bayraktaroglu).

Melis Tezkan est docteure en arts (Paris 3, 2012). Elle a également collaboré avec Le Laboratoire d’études de genre et de sexualité (Paris 8). Par ailleurs, elle travaille comme vidéaste, et met en espace des textes ou expositions. Elle est artiste-chercheuse à la Coopérative de l’ESACM où elle prépare actuellement son DSRA (2022). Melis Tezkan a participé à différents collectifs de recherche au sein de la Coopérative, dont des Exils ; l’Etna ; le Laboratoire de musique et performance. Pour sa recherche à l’ÉSACM, elle se penche sur des constructions narratives autour de la musique. En s’appuyant sur des playlists et listes qu’elle fabrique, elle travaille sur une forme dans laquelle des enregistrements sonores, musiques, titres ou paroles de chansons, leurs traductions ou omissions dialoguent avec des aspirations personnelles et collectives.

 Marion Balac

Marion Balac (née en 1984) est diplômée de l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne et de l’ENSBA Lyon. Son travail a notamment été présenté au Confort Moderne (Poitiers), à Enclave Projects (Londres), à la galerie Thaddaeus Ropac (Pantin) pour Jeune Création, au centre d’art contemporain Fabra i Coats (Barcelone), à la galerie Annka Kultys (Londres), Paradise Works (Manchester), l’Abbaye (Annecy-le-Vieux), Espace des Blancs-Manteaux (Paris), Galerie Manqué (New York), Galerie Neuf (Nancy), LOOP (Barcelone), Hectoliter (Bruxelles), Musée Saint-Raymond (Toulouse)… et dans des résidences de production telles que Espositivo et la Casa de Velázquez à Madrid, Salón Bellefour à Buenos Aires ou Hangar à Barcelone. « Marion Balac transforme des étonnements provoqués par des données, des situations ou des objets en dispositifs fictionnels qui révèlent les paysages et horizons d’un monde globalisé. Ses pièces, à la fois tendres et grinçantes, montrent comment des récits issus de la culture ultra-contemporaine et connectée s’inscrivent dans des lieux physiques ou en ligne. » (Caroline Delieutraz et Stéphanie Vidal pour l’exposition « Making Contact »).

Ses récents travaux explorent les liens et tensions opérant entre territoires, sentiments, transmission et technologie. Observant et usant des ressources offertes par l’Internet, elle s’attarde sur ses aires de jeu dynamiques pour en faire ressortir les incongruités, détourner leurs usages vers des fins poétiques ou des expériences sociales et élaborer de nouvelles fictions, dans ou hors de l’écran. Marion Balac est actuellement chercheure à la Coopérative de recherche de l’ÉSACM et invitée au sein du Laboratoire Modulaire de l’ésam Caen-Cherbourg. Ses recherches portent actuellement sur la délégation, la transmission de savoirs et la création de nouveaux espaces sociaux en ligne. Elle est également professeure de vidéo à l’École supérieure d’art et de design de MarseilleMéditerranée.

http://www.marionbalac.com

Léticia Chanliau

« Léticia Chanliau vit et travaille à Montreuil. Elle est co-fondatrice de l’atelier Flamme, la maison d’édition Repro et de l’association Woman Cave Collective. Bien que pluridisciplinaire, son travail s’articule autour de trois pôles majeurs : l’écriture, l’installation et la vidéo. Elle envisage ces médiums comme des vecteurs de narrations, des dispositifs qui permettent d’engager des réflexions sociales et politiques avec le regardeur autour de thématiques telles que le travail, les relations de pouvoir entre individus, les féminismes ou encore la notion d’auteur. Ses objets empruntent à l’iconographie des milieux associatifs, de la contreculture, des syndicats, en bref, à la lutte politique. Ils oscillent entre un désir de propagande et une volonté de réflexion sur notre relation au savoir, à la transmission et à l’apprentissage. Léticia Chanliau aime raconter des histoires ouvertes, se jouant des codes de l’information, comme des invitations à se forger un avis. Ses pièces sont ancrées dans le réel. Elles surviennent plus qu’elles ne sont provoquées, elles se construisent par l’expérience et la rencontre. Ce rapport aux autres fait partie intégrante de son travail puisque Léticia Chanliau aime collaborer avec ses proches. L’artiste défend une vision très horizontale et joyeuse de ce travail de groupe où elle prend un sincère plaisir à inviter ses amis et enrichit ainsi sa pratique de leurs savoir-faire divers. » (Mathilda Portoghese).