Mon travail de peintre se développe principalement autour de la question du paysage, qu’il soit urbain ou rural, classique ou contemporain. Le paysage est une création humaine, même lorsqu’il parait « sauvage ». Il est façonné à la fois par la culture et par les mains des hommes.
Trouver les lieux qui vont m’inspirer nécessite une déambulation. J’aime l’idée d’aller à la rencontre de ses endroits qui vont m’intriguer, me questionner, fasciner. Je vais parfois chercher quelques choses de précis, d’autres fois laisser la rencontre m’inspirer. Que ce soit dans la déambulation ou dans le travail plastique je laisse une place importante au hasard. Cette idée d’un lâcher prise sur son propre travail me plait. Tout comme le paysage c’est une notion courante dans l’histoire de l’art.
La question de la matière est aussi importante dans mon travail, que ce soit avec l’épaisseur de la peinture, ses craquèlements mais aussi sa liquidité, sa fluidité ou la trame d’une épreuve pigmentaire, le pixel d’une image de basse qualité, ou la légèreté du plastique…
Je m’intéresse souvent à une certaine pauvreté des matériaux. Leur médiocrités deviens un élément fondamental, une qualité que je recherche. Ils m’offrent une certaine liberté, empêche toute sacralisation.
Mes pièces sont des barycentres, des concordances spatiales d’éléments.
Elles sont tirées de l’observation du territoire, du passage du temps sur celui-ci et sur les gens qui le constituent. Elles cherchent à comprendre comment on habite, comment on se déplace, comment on vit. Comment on occupe son temps et son espace. Comment j’occupe mon temps et mon espace malgré une tendance naturelle à la procrastination.
Elles ont quelque chose à voir avec l’inertie.
Elles cherchent à ralentir le temps pour pouvoir l’observer plus fnement. Leurs formes se situent entre le repère orthonormé et le mouvement turbulent avec presque toujours l’apparence de la platitude ; mais ce n’est qu’un leurre car elles contiennent de multiples strates. Elles sont constituées de la réitération de gestes simples, de tâches répétitives, de subdivisions.
De plus en plus, elles tendent à devenir le chemin qui mène jusqu’à elles ; leur construction même devient leur forme.
« La forme c’est le fond qui remonte à la surface ». Victor Hugo
Une phrase qui pourrait donner le ton d’un texte…
Un texte qui tenterait de présenter ma démarche
sur le corps,
avec le corps,
à l’intérieur du corps.
Un texte où l’objet serait le corps / où le corps serait l’objet / une ambivalence du moitié présent, moitié absent
– d’une chose en suspension –
Ce texte commencerait par la récupération de mots : UN CORPS
U N
C O R P S
C O R P S
P O R C S
UNCORPSPORCS
Ces mots intégreraient d’autres mots
à découper, désarticuler, disséquer
Ils deviendraient matière à recycler, épuiser.
A U T O P S I E
A U T O P S I E
A U T O P S Y
Mon texte tenterait d’isoler à la manière de mains détenant des (éléments)
Les mots seraient des choses
Des choses se faisant indices
des hypothèses tenteraient de les séparer, regrouper, classer :
Absent / Présent : CORPS
Non identifiée : CHOSES
A ne pas prendre au pied de la lettre : AUTOPSIE
La page deviendrait une surface blanche
comme un espace – entre l’intérieur et l’extérieur du texte
Mon travail se concentre essentiellement sur une pratique sculpturale. Avec comme préoccupation la notion de rapport de forces et de mise en tension retranscrit par un rapport d’équilibre précaire. Une fragilité assumée où la chute n’est pas un échec mais fait partie intégrante du processus créatif.
Ma démarche est caractérisée par un emploi précaire des matières. Chaque matériau est le labeur d’une recherche préalable dans le but de concevoir et de conceptualiser mes équilibres en leur redonnant une deuxième vie.
Ancrées dans les lieux qui m’entourent, ces sculptures peuvent être le reflet d’une société fragile, et de la difficulté permanente à la surmonter. Mes recherches et performance me servent à répondre, à ma façon, à la place de mon corps dans mon propre travail et la difficulté liée à la répétition d’un geste pour atteindre le point d’équilibre.
Dans tous mes travaux, ma recherche porte certes sur la mise en tension entre les matériaux (pneus/bois ; vitre/branche) mais aussi avec le spectateur qui les pratique. Je m’imprègne toujours des lieux où je me trouve ce qui détermine les matériaux et les propositions que je fais dans un esprit In Situ totalement assumé.
Je m’aventure dans l’expérience de l’être dans le temps, de l’articulation de l’espace, de sa définition, et de la façon dont il est habité par l’histoire.
J’envisage l’espace comme somme d’unités, en complexifiant la lecture immédiate des messages produits.
Les images nous colonisent. Elles suscitent et fabrique en nous des désirs de consommation, elles asphyxient les valeurs de l’existence, et donnent du sens a l’insensé.
Dans l’influence du quotidien je construis et compose des images-objet, mettant en tension le regard du spectateur face a des installations d’espaces privés et publics.