Des ressources réunies et sélectionnées par Alex Pou, enseignant en vidéo et cinéma, dans le cadre du programme Point Films.
Le programme Point Films propose depuis plusieurs années des projections régulières à la communauté de l’école. Avec le confinement, ces rendez-vous se transforment, se poursuivent, et se partagent avec le plus grand nombre.
Voici donc des suggestions « de films, de textes autour du cinéma, mais pas que… un peu comme un fleuve. »
« Ce Point film est l’avant dernier ! L’avant dernier, car j’ai encore deux ou trois choses que je voulais vous montrer. Il y a tant de choses à voir encore, mais il est temps de finir ces séances et de sortir, voir dehors si la réalité est encore là. Avant cela, deux films de Harun Farocki filmant ses deux filles dans un lit racontant leurs rêves dans lesquels elles construisent des ponts, traversent des fleuves et des rivières. Magnifique ! Et un texte de Yves Citton interrogeant notre rapport à la réalité en questionnant notre désir de fiction.
Ces séances ne pourront jamais remplacer celles que nous avons vécu et que nous vivrons encore ensemble, assis les uns à côté des autres pour voir un film, aller boire un verre après la séance et s’envoyer des gouttelettes en pleine figure. »
– Harun Farocki, Bedtime stories (1977) Vostfr : http://derives.tv/bedtime-stories/
– Entretien avec Yves Citton, « Contre-fictions en médiarchie »
POINT FILM 24 / Danièle Huillet et Jean-Marie Straub, Hollis Frampton
«Dernier Point Films avant l’année prochaine, dans sa version originale, ensemble, vraiment. Pour cette dernière séance, on entend des voix, ce qu’elles disent et leur texture, singulières, leur timbre, leur musicalité. Il y a tant à montrer autour de la voix au cinéma que cela pourrait être le fil rouge de l’année prochaine…
Un jour un étudiant m’a demandé ce qu’était la pauvreté dont je parle souvent avec vous. « La pauvreté est un luxe » disent Danièle Huillet et Jean-Marie Straub dans cet extrait des 6 bagatelles filmées par Pedro Costa qu’il faut écouter jusqu’au bout pour voir comment Straub s’agace comme d’habitude de ne pas en dire assez, et elle, comme d’habitude, d’en dire trop.
Et en contre point, un texte et le film culte Nostalgia (1976) de Hollis Frampton qui rappelle étrangement l’étrange période que nous venons de vivre : seul.e.s devant le temps. Sur un commentaire lu par Michael Snow, des photographies en noir et blanc sont lentement brulées sur une plaque chauffante. Le commentaire décrit la photographie suivante, celle qui n’a pas encore été consumée.
Diplômé du DNSEP en 2009, Martin Belou, artiste, travaille entre Marseille et Bruxelles. Dans cet entretien il évoque l’après-école, son parcours, ainsi que l’actualité de son travail, dont une exposition personnelle à la Kunsthalle de Gand en Belgique, deux expositions collectives, l’une au Palais de Tokyo, l’autre à la Tôlerie à Clermont-Ferrand.
Être artiste, c’est pour moi, hors de considérations philosophiques, politiques ou poétiques, un travail. Il s’agit de développer, produire et montrer un travail, accessoirement de le vendre et donc de pouvoir vivre de celui-ci. Ça a l’air banal mais c’est vrai. Beaucoup de gens idéalisent ce qu’est un artiste, alors qu’il s’agit vraiment d’une profession, d’un« vrai » travail, c’est concret. Même si il est particulier, je trouve important de rappeler cela.
Être artiste signifie aussi une manière de penser sa vie, travailler pour s’offrir la liberté de penser sa vie, amenant certes une marginalité, une certaine précarité aussi, une sorte d’urgence, qui si elle peut être parfois un peu fatigante, est aussi très stimulante et épanouissante.
À quoi ressemble votre quotidien de travail ?
Il s’organise autour de plusieurs temps. Celui de la recherche, du travail de conception dans l’atelier, de la production, des déplacements entre l’atelier, les collaborateurs, les visites des lieux des projets futurs, le suivi des projets, le temps de montage des expositions, l’échange avec les personnes impliquées…
Quelles sont vos projets en cours ?
Cette année était l’année la plus chargée en projets. Avec la crise du Covid tout cela est chamboulé. J’ai cependant la chance qu’aucun des projets prévus ne soient annulés, ils sont juste reportés.
Le projet le plus important est une exposition personnelle à la Kunsthalle de Gand en Belgique. Le lieu est immense, le projet très ambitieux, et les personnes en charge sont des gens que j’adore et avec qui j’ai déjà travaillé.
De manière générale, j’ai eu la chance jusqu’à présent de pouvoir développer des projets avec des institutions et c’est ce qui me plaît le plus, en terme de liberté de conception et de développement d’une idée. Le dernier projet de ce type est l’installation que j’ai réalisé pour l’exposition Futur ancien fugitif l’automne dernier au Palais de Tokyo.
Pendant que je préparais ce projet, je suis revenu à Clermont-Ferrand pour une proposition en deux parties, l’une dans La Chapelle des Carmes, et l’autre à la Tôlerie. C’était très intense car cela s’est fait presqu’en même temps que la production de la pièce pour le Palais, mais j’étais très heureux d’être invité à montrer mon travail à Clermont, dans des lieux que je fréquentais lorsque j’étais étudiant. 10 ans après la fin de l’école, cette invitation m’a beaucoup touché, et le projet développé m’a permis de comprendre de nouvelles choses sur mon travail. Je commence aussi une collaboration avec une galerie, ce qui est une autre manière de travailler mais tout aussi passionnante.
Je fonctionne un peu en vase communiquant, chaque projet en amène souvent un autre, tout comme une idée, qui germe quelque part pour se développer ensuite dans une nouvelle proposition. Et je dois dire que j’ai la chance d’être de plus en plus sollicité et de voir les moyens de m’exprimer s’élargir. Je prends donc chaque projet très au sérieux, qu’il s’agisse d’une grande exposition dans un lieu prestigieux ou d’une petite présentation de trois jours dans un project space. Je considère ça de la même manière car je sais que chaque opportunité de montrer son travail est une chance qui permet de le faire avancer, d’apprendre sur son travail et sur soi-même et qui permet donc in fine d’être artiste.
Chaque projet compte.
Pouvez-vous nous parler de l’après-école ? Comment organise-t-on la transition entre le diplôme et la vie professionnelle ?
Quand j’étais encore étudiant il y avait un cours donné par Odile Plassard qui s’appelait « Réalités de l’art » (cours qui existe toujours Ndlr) dans lequel intervenaient divers professionnels du monde de l’art, artistes, galeristes, commissaires etc, qui venaient nous parler de leur « réalité ».
Je me souviens avoir été marqué par les propos d’un intervenant : « Sauf quelques exceptions, avait-t-il dit, à la sortie c’est 10 ans de trou noir et vous pouvez vous arranger pour rendre ce trou gris… », ajoutant qu’il n’y avait pas de « marche à suivre ». Je dois dire que ce principe s’est vérifié, pour moi, et aussi pour pas mal d’amis autour de moi. J’ai fait plein de choses différentes après l’école et, en étant sorti très jeune, j’ai pris le temps de comprendre et de développer ce que je voulais vraiment faire avant d’arriver à ce qui est aujourd’hui mon travail.
Je dirais qu’il n’y a effectivement pas de marche à suivre, que c’est assez différent pour chacun et que, quels que soient ses choix de vie, cela prend du temps. Malgré tous ses efforts, je crois que l’école d’art ne peut pas vraiment préparer à ce qui se passe après. Elle peut armer, aider, mais la transition entre le diplôme et la vie professionnelle dépend de tellement de facteurs subjectifs – le lieu où l’on se trouve, les gens que l’on rencontre, la chance aussi etc. – qu’elle dépend donc de chacun. La seule chose que j’ai pu « vérifier » chez beaucoup de mes amis sortis d’école d’art c’est qu’en effet, ça prend du temps ! Je crois que c’est normal car une carrière d’artiste c’est quelque chose qui demande du temps, qui doit prendre du temps, et je vois vraiment tout ça comme une course de fond, intimement liée à sa propre vie.
L’école est un lieu formidable et assez unique en son genre qui permet de comprendre sa propre subjectivité et qui nous pousse à affirmer ou chercher qui l’on est vraiment, qui laisse de la place pour se poser ces questions, et où l’on rencontre des gens formidables. Que l’on devienne artiste ou non, je crois que c’est un lieu et un moment fondateurs.
Hors des techniques et des choses que l’on apprend, le processus qui s’enclenche à l’école se poursuit bien longtemps après. Mon travail a formellement énormément changé entre ce que j’ai pu présenter lors de mon DNSEP et ce que je fais aujourd’hui, il investit des champs et des techniques complètement différentes, mais il n’a pas rien à voir, les idées, les questions que j’ai pu developper au sein de mon cursus y sont toujours présentes en filigrane. Je dirais que l’école et ce qu’on y apprend agissent comme un déclencheur, et c’est à chacun de venir ensuite enrichir, pousser ou non ce qui s’y déclenche.
Samedi 2 mai, dans le cadre du labo Rainforest mené avec Gregoire Lauvin, les étudiant.e.s ont proposé une performance sonore live, confinée, et partagée en réseau, avec le soutien de Locus Sonus (PRIMS-CNRS, AMU, ESAAix).
Confiné.e.s chez eux, les participant.e.s du labo Rainforest s’adaptent à la situation. Sur le modèle des œuvres Rainforest de David Tudor et Public Supply de Max Neuhaus, ils se transmettent par internet un flux audio que chacun.e modifie à sa façon. L’œuvre produite, baptisée A Successful Failure, est le résultat de cet échange : un son passe ainsi par les espaces de confinement de chacun.e avant d’être proposé à l’écoute publique
La performance a également été diffusée dans le cadre du Soundcamp, un évènement annuel d’art sonore en streaming.
Des ressources réunies et sélectionnées par Alex Pou, enseignant en vidéo et cinéma, dans le cadre du programme Point Films.
Le programme Point Films propose depuis plusieurs années des projections régulières à la communauté de l’école. Avec le confinement, ces rendez-vous se transforment, se poursuivent, et se partagent avec le plus grand nombre.
Voici donc des suggestions « de films, de textes autour du cinéma, mais pas que… un peu comme un fleuve. »
« Aujourd’hui, un épisode de la série « Cinéaste de notre temps » sur Shirley Clarke qui parle de son travail magnifiquement bien et un de ses films The Cool World (sous-titré en français). Malheureusement, ses films les plus représentatifs et connus The Connection et Portrait of Jason ne sont pas visibles sur le net. Shirley Clarke est une cinéaste qu’il faut connaître pour son cinéma magnifique et troublant, mais aussi pour avoir fondé avec Jonas Mekas la mythique Film Makers’ Cooperative à New York. »
– Rome is burning, Cinéaste de notre temps sur Shirley Clarke, vostfr : https://vimeo.com/20737456
– The Cool World (1964), vostfr : http://derives.tv/the-cool-world/
Des ressources réunies et sélectionnées par Alex Pou, enseignant en vidéo et cinéma, dans le cadre du programme Point Films.
Le programme Point Films propose depuis plusieurs années des projections régulières à la communauté de l’école. Avec le confinement, ces rendez-vous se transforment, se poursuivent, et se partagent avec le plus grand nombre.
Voici donc des suggestions « de films, de textes autour du cinéma, mais pas que… un peu comme un fleuve. »
POINT FILM 16 / Jean-Luc Godard
«Ce point film, c’est un cadeau qui vous attend. Un livre épuisé en librairie accompagné d’un grand film (très court) construit comme un trou noir. Le livre est le catalogue « Documents » de Jean-Luc Godard publié lors de son exposition à Beaubourg en 2006. Alors que le livre présente des textes, des entretiens inédits et un ensemble de documents rares sur son travail, le film montre l’épuisement d’une image de guerre construit comme un labyrinthe. L’ensemble tente de dessiner un portrait complexe mais possible de JLG. Bonne lecture ! »
– Je vous salue Sarajavo, (1993) : https://www.youtube.com/watch?v=NhD0vBHWNvk
– Catalogue « Documents »
POINT FILM 17 / Kaori Kanoshita & Alain Della Negra
«Voici trois films et un entretien de Ben Russell pour des voyages sous LSD qui revisitent avec liberté toutes les formes de cinéma. Ben Russell est un cinéaste majeur qui ausculte les nombreux paradoxes de nos identités. Son site, où beaucoup de ses films sont montrés intégralement, permet de continuer l’aventure, https://vimeo.com/dimeshow »
– HE WHO EATS CHILDREN, 2016 : https://vimeo.com/153317702
– TRYPPS #7 (BADLANDS), 2010 : https://vimeo.com/29406623
-TRYPPS #6 (MALOBI), 2009 : https://vimeo.com/6975261
POINT FILM 19 / Marie-Claude Treilhou
«Voici deux films dont un entretien enregisté au festival Entrevues de Belfort en 2018 avec Elisabeth Lebovici qui n’est pas mal du tout, car on sent bien la lassitude de Marie-Claude Treilhou presque quarante ans plus tard à propos des avancées du féminisme. Je pense pour une fois que c’est peut-être bien d’écouter cet entretien avant de regarder le film SIMONE BARBÈS OU LA VERTU qui date de 1979 et qui est un superbe film qui commence au crépuscule et qui finit à l’aube. En une nuit et trois lieux, le film est terriblement construit, et en même temps sauvagement libre !!! »
– Entrevues de 2018, entretien avec Elisabeth Lebovici & Marie-Claude Treilhou : http://flux4.com/entrevues/entrevues-2018/936-entrevues-2018-entretien-avec-elisabeth-lebovici-marie-claude-treilhou.html – SIMONE BARBÈS OU LA VERTU – Marie-Claude Treilhou – 1979 :https://www.youtube.com/watch?v=r4H_mFcM_GY&t=4s&fbclid=IwAR2NfI40BX52Nh_yhG_JJIDUJaXIE-1NO2RnE_I9NBz6Reo9bkxCSeo3Kf0
Des ressources réunies et sélectionnées par Alex Pou, enseignant en vidéo et cinéma, dans le cadre du programme Point Films.
Le programme Point Films propose depuis plusieurs années des projections régulières à la communauté de l’école. Avec le confinement, ces rendez-vous se transforment, se poursuivent, et se partagent avec le plus grand nombre.
Voici donc des suggestions « de films, de textes autour du cinéma, mais pas que… un peu comme un fleuve. »
POINT FILM 11 / Antonin Artaud
«Ce Point Film est une suite du Point Film 7. Une digression. J’avais oublié quelque chose d’important, ce texte d’Antonin Artaud parlant de cinéma et de sorcellerie. Et pour mieux entendre sa voix, je joins la première captation d’une éclipse de soleil filmée anonymement en 1900, il y a 120 ans. »
-Éclipse : https://www.youtube.com/watch?v=nnthWlayh2g
–« Sorcellerie et cinéma », Antonin Artaud
«Quoi de mieux que les vacances de Pâques pour revoir ou découvrir le cinéma de Luc Moullet? En forme de cocotte, 3 films en lien avec l’entretien du cyclo-champigno-alpino-critico-cinéaste absurdo-dépressioniste, et si vous aimez, il y a beaucoup d’autres films à découvrir diffusés sur le net. Bonne résurrection !»
–Entretien -Essai d’ouverture (1888) : https://www.youtube.com/watch?v=9YNBgdlv_K0
– La cabale des oursins (1991) : https://www.youtube.com/watch?v=3wMW_lKBBco
-La terre de la folie (2009) : https://www.youtube.com/watch?v=hCXPRw7fVHk
POINT FILM 14 / Franz Kafka & Samuel Becket
«Est-ce que nous descendons ou remontons le fleuve? Quoi qu’il en soit, cette dérive du Point Film dit quelque chose de la voix dans le cinéma, (sens et timbre), je suis en train de m’en apercevoir. Entre le cri et le silence, on n’y comprend rien… On prend, c’est tout. Après le discours de Macron et pour reprendre pied dans la réalité, deux écrivains nous parlent de cinéma (un texte de Kafka et un film de Beckett).»
« Voici un très beau film, Gorge Cœur Ventre de Maud Alpi sorti en en salle en 2016, accompagné d’un long et très intéressant entretien d’elle. C’est un cinéma sobre et puissant qui envoie baladé encore une fois les frontières entre fiction et documentaire, humain et animal, et c’est aussi une question posée à l’Amour.»
– Entretien
– Gorge, cœur, ventre (2016) : https://vimeo.com/160395651 (code : gcvmezzamalpi)
Image : The balad of Genesis and Lady Jane, Marie Losier
Des ressources réunies et sélectionnées par Alex Pou, enseignant en vidéo et cinéma, dans le cadre du programme Point Films.
Le programme Point Films propose depuis plusieurs années des projections régulières à la communauté de l’école. Avec le confinement, ces rendez-vous se transforment, se poursuivent, et se partagent avec le plus grand nombre.
Voici donc des suggestions « de films, de textes autour du cinéma, mais pas que… un peu comme un fleuve. »
« Je vous propose un très beau texte du cinéaste Michelangelo Antonioni, « Faire un film, c’est vivre », écrit en 1975, mais qui ne perd rien de sa force. »
– « Faire un film, c’est vivre. »
POINT FILM 3 /Chantal Akerman
« Aujourd’hui, quelques nouvelles de Chantal Akerman, et particulièrement autour de son film qu’elle a tourné à New York en 1977, News from home. Il y a le film qui est aussi à écouter comme le son des vagues, ainsi qu’un petit entretien filmé de l’époque, et pour lire enfin, un entretien où elle parle de ses films en général. »
« Aujourd’hui, un très beau texte de Apichatpong Weerasethakul, artiste thaïlandais qui parle toujours du cinéma à sa façon. Je vous joins son film Blue, réalisé en 2018 et qui brûle aujourd’hui encore plus qu’hier. »
– Blue : http://derives.tv/blue/
– « Constellation », Weerasethakul
POINT FILM 5 / Claire Fontaine
« Un très beau texte de Claire Fontaine qui est tout à la fois le nom d’une célèbre marque de cahiers d’écolier et un hommage à Fontaine (1917) de Marcel Duchamp. C’est aussi un « artiste readymade », tel que le collectif composé de Fulvia Carnevale et de James Thornhill se définit, et qui joue avec les questions de style et de signature. Claire Fontaine « pousse au milieu des ruines de la fonction auteur, en expérimentant avec des protocoles de production collectifs, des détournements, et la mise en place de divers dispositifs pour le partage de la propriété intellectuelle et de la propriété privée ». »
– « Étrangers partout. » Claire Fontaine
« Merveilleuse Germaine Dulac, pionnière du cinéma!!!
Voici un petit texte rare écrit en 1925 toujours aussi pertinent sur le pouvoir du cinéma à se libérer des vieux codes bourgeois de la théâtralité qui étranglent encore aujourd’hui nos systèmes de représentation narratives. Et comme cerise sur le gâteau, son film La coquille et le clergyman de 1926, film muet écrit à partir d’un scénario d’Antonin Artaud… »
« Un entretien filmé où Virgil parle du film, et un entretien retranscrit où il parle de son cinéma en général, de sa façon d’écrire des films, de son rapport à la musique et où il parle aussi d’un film qu’il a fait juste avant Mercuriales, Andorre qui est un très beau film en 16 mm sur notre monde contemporain qu’il filme comme s’il était un extra-terrestre, et que vous pouvez voir ici. »
«Certains d’entre vous l’ont déjà vu, mais certains autres diront que ce n’est pas une raison pour ne pas le revoir. D’autant plus que Disneyland, mon vieux pays natal est accompagné aujourd’hui d’une discussion rare éditée à l’époque du film (2001) par le premier numéro de la superbe revue Trouble, où Arnaud des Pallières dit beaucoup de choses qu’il ne dira plus jamais ensuite… »
–Disneyland, mon vieux pays natal : https://www.youtube.com/watch?v=76U5DTEwltk
– « Mon vieux pays natal », Entretien entre Arnaud des Pallières et Claire Jaquet
Diplômée du DNA en 2012 à l’ÉSACM, Diane Cornu a monté son entreprise et développé une technique unique et personnelle, celle de l’horticulture papier.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre technique ?
L’horticulture papier est née de la rencontre entre une matière, le papier, une technique ancienne et un regard sur la nature.
Une partie de mon travail repose sur le détournement de techniques utilisées chez les paruriers floraux, un métier de la haute-couture développé en France de la fin du XVIIIème au début du XXème siècle et aujourd’hui en voie de disparition. Il s’agit d’imiter la nature grâce à des outils comme les emporte-pièces, les bouliers ou encore les gaufriers. J’attache une importance toute particulière à la conservation de cette discipline.
Inspirée par des techniques et un savoir-faire artisanal, mais m’inscrivant dans une démarche contemporaine et artistique, je n’ai jamais vraiment trouvé ma place ni dans l’art, ni dans le design, ni dans l’artisanat. C’est sans doute pour ça que j’ai inventé ma discipline, ainsi que le nom de mon métier. Je me suis donc définie comme horticultrice papier.
Avez-vous entamé cette pratique dès vos années à l’ÉSACM ?
J’ai entamé cette pratique en cours de quatrième année à l’ÉSACM, je venais d’avoir mon diplôme de DNAP (aujourd’hui appelé DNA, N.D.L.R.). À l’époque j’avais une démarche artistique orientée vers le Land Art. Je m’intéressais aux processus de création dans la nature, aux formes fractales, au nombre d’or, à tout ce qui pouvait matérialiser ou expliquer la complexité et la beauté du monde végétal. Mes artistes de référence étaient alors Giuseppe Penone, Herman de Vries ou encore Andy Goldsworthy.
Je suivais les cours d’impression et d’édition de Cécile Monteiro-Braz. Cette artiste et enseignante a influencé ma façon de créer mais aussi de montrer mon travail. Avec elle j’ai découvert le souci du détail, l’importance du contexte de monstration, mais surtout j’ai appris à apprécier le papier comme une matière, et non plus comme un simple support. J’ai alors décidé de réaliser un stage chez Jean Michel Letellier et Miki Nakamura, deux artistes qui m’ont appris à fabriquer le papier avec les techniques traditionnelles et japonaises.
L’école m’a permis de comprendre que je pouvais créer et détourner des techniques à ma façon. J’ai trouvé comment donner du sens à mon travail, qui peut paraître au premier abord simplement visuel ou décoratif, pour y insuffler l’histoire que je veux lui faire raconter.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours à la sortie de l’école ?
J’ai quitté l’ÉSACM en cours de quatrième année. J’avais du mal à définir ma pratique qui s’apparentait alors plus à de l’artisanat. Je créais des objets pour un usage précis, en convoquant des savoir-faire. J’avais l’impression d’être en porte-à-faux avec les principes esthétiques d’une école d’art.
J’ai alors cherché à suivre une formation de parurier floral afin d’améliorer ma technique. Mon profil a tout de suite retenu l’attention d’une des deux dernières grandes maisons françaises spécialisées dans la confection de fleurs en tissu pour la haute-couture. J’ai donc passé des essais en atelier pour être « petite main », un travail répétitif qui consistait à découper, former et assembler des pétales toute la journée. Il s’agissait plus de faire que de créer. C’est à ce moment que j’ai pris conscience que je ne pouvais pas me défaire de l’intention. J’ai donc monté mon entreprise très rapidement, ce qui a marqué le début d’une longue aventure sinueuse et enrichissante.
Dans un premier temps j’ai d’abord développé un marché autour du mariage. Mes créations étaient alors essentiellement des accessoires cheveux ou bouquets. Ensuite j’ai décidé d’élargir ma cible en proposant mes créations aux particuliers. J’ai rapidement eu envie de renouer avec mon passé en créant des pièces beaucoup plus volumineuses, investir l’espace. Je me suis donc mise à travailler pour des professionnels en créant des scénographies pour des shooting ou des décorations de vitrine de magasin de luxe. Mes partenaires, interlocuteurs, commanditaires, sont des personnes qui aiment avant tout la nature, la poésie et le savoir-faire.
À quoi ressemble votre quotidien ?
Je n’ai pas vraiment de journée type. Depuis que je suis à Toulouse je cumule mon travail d’horticultrice papier avec un travail alimentaire de serveuse. Mon quotidien depuis deux ans a été uniquement rythmé par ces deux emplois, une charge de travail très prenante et chronophage, mais qui me permet aujourd’hui d’envisager atteindre mon objectif premier, pouvoir vivre de ma passion.
Certaines journées je fabrique, d’autres je communique sur mon travail, je monte des dossiers de subvention, je participe à des shooting, j’imagine de nouveaux modèles, je suis sur des salons pour promouvoir mon travail, je me transforme en comptable ou je suis en soirée pour agrandir mon carnet d’adresse. Parfois c’est la page blanche, parfois je reçois des futurs mariés ou encore je réponds à une interview pour mon ancienne école d’art. Bref vous l’aurez compris les journées se suivent et ne se ressemblent pas.
Un projet en particulier ?
J’ai eu la chance de travailler avec l’Atelier Swan, un duo de créatrices de robe de mariée, à la conception d’une scénographie pour le shooting de leur collection 2020. Un projet grandiose, 13 000 pétales assemblés et suspendus sur presque 1 demi kilomètre de file pour former un couloir de pétales. Et surtout une vingtaine de bénévole prêt à m’aider pendant deux mois pour que cette idée folle prenne forme, une véritable expérience humaine. Plus qu’un simple objet à contempler, l’idée était de modifier les échelles afin que le spectateur vive une véritable expérience sensorielle. Ce projet à vraiment marqué un tournant dans mon travail et ma carrière.
Jeudi 5 mars, la promotion des première année suivait un workshop sculpture sur le parvis de l’école, accompagnée par Jan Kopp, Gyan Panchal et Roland Cognet, artistes et enseignants à l’ÉSACM.
Pendant tout l’après-midi ils ont été invités à expérimenter différentes façons de créer du lien et du collectif, en s’appuyant sur la matière bois.
Le groupe de recherche Léviathan invite Alia Benabdellah :
La musique techno est née dans la communauté noire de Détroit aux États-Unis, au début des années 1980, d’une fusion entre le funk et les musiques électroniques européennes. Cette conférence s’intéresse à la ville de Détroit, à la communauté noire américaine de la plus grande ville noire des États-Unis et à ce style de musique électronique qui a rapidement obtenu une audience mondiale au point d’influencer de nombreuses musiques populaires contemporaines. Pourtant dans l’imaginaire collectif, la techno est peu associée à la communauté noire américaine. Parce qu’elle n’utilise que peu de codes classiquement à l’œuvre dans les musiques noires américaines et que la maîtrise des technologies est généralement perçue comme l’affaire de la communauté blanche occidentale, la techno semble être dans l’imaginaire collectif une musique plus blanche que noire. Est-ce pour cela que les amateurs situent son origine à Berlin plutôt qu’à Détroit ? Que signifie, au fond, cette méprise ? Nous reviendrons donc à Détroit, aux sources de la techno, pour comprendre ces contradictions, montrer la manière dont la techno est attachée à la ville et voir comment matière musicale et matière urbaine interagissent dans cette ville, marquée par le déclin économique et la ségrégation raciale sans que sa force créative ne semble céder.
Alia Benabdellah est titulaire d’un master de communication culturelle, et spécialiste de l’étude des musiques noires américaines. Doctorante en géographie humaine à l’université Bordeaux Montaigne sous la direction d’Yves Raibaud, elle travaille sur les racines noires de la techno de Détroit. Elle est intervenue dans plusieurs conférences aux États-Unis, au Canada et en France, et s’est rendue à de nombreuses reprises à Détroit où elle a entrepris un long travail de terrain, notamment grâce à une bourse Fulbright. Alia a contribué à plusieurs publications scientifiques et médiatiques comme le catalogue de la Biennale du Design de St Étienne, et celui de l’exposition Night Fever au musée Vitra. Entre matières sonores et matières urbaines, Alia nous invite dans un voyage musical où nous rendons visite aux racines de la musique techno.